Chaque semaine, nous vous proposons de revenir sur un élément de la mythologie grecque, qui malgré de nombreux textes, objets ou œuvres architecturales, demeure un mystère. Le premier d’entre eux est celui de la guerre de Troie. Racontée par Homère dans l’Illiade et l’Odyssée, elle est très connue et a été intensément étudiée. Elle est considérée comme un moment fondateur de la culture grecque antique. D’autant que depuis des siècles, l’historicité du conflit et celle des mythes qui l’entourent sont très débattues.
Les récits du cycle troyen
Le cycle troyen désigne un ensemble d’épopées racontant la guerre de Troie, de ses lointaines origines jusqu’au retour d’Ulysse chez lui. L’Illiade et l’Odyssée d’Homère, qui la relatent sont des récits fondateurs de la littérature grecque antique. Le conflit est aussi à l’origine de nombreuses histoires et héros qui fondent l’imaginaire des Anciens et qui constituent une source d’inspiration artistique gigantesque.
Le cycle troyen ne se limite pas à Homère mais comprend aussi de nombreux poèmes dont la seule trace est des chrestomathies, des recueils de textes, réalisées a posteriori. Parmi eux, les Chants cypriens de Stasinos retracent la genèse et les neuf premières années du conflit quand Le Sac de Troie raconte l’entrée dans la ville du célèbre cheval.
Un conflit réel
En 1870, l’archéologue Heinrich Schliemann a découvert les ruines d’Hissarlik en Turquie, qui sont considérées comme étant celles de la cité antique de Troie. Des fouilles ont permis la découverte de milliers objets qui ont été attribués, sans preuves et visiblement à tort, à Priam, le roi de la cité dans le cycle troyen.
Selon de nombreux historiens, cette cité aurait bien été le théâtre d’un conflit entre des Grecs et des Anatoliens autour de 1200 av. J-C. Il apparaît cependant que le récit d’Homère en a largement exagéré l’importance. Ainsi, au Ve siècle av. J-C, Thucydide, un des pères de la rigueur historique, y voit une guerre « en réalité inférieure à ce qu'on en a dit et à la renommée qui lui a été faite par les poètes ».
Pour l’historienne Claude Mossé, « cette guerre ne fut peut-être dans l'histoire qu'un événement mineur : la prise par une petite bande de Grecs d'une bourgade d'Asie Mineure ».
La question du cheval
Dans ce conflit, les Grecs, tenus en échec, auraient décidé de construire un immense cheval de bois, dont l’intérieur creux permettait à des soldats de se dissimuler. Ils laissèrent le cheval non loin de Troie en faisant croire à une offrande et simulèrent leur départ et l’abandon de la guerre. Les Troyens firent entrer le cheval dans leur cité, autour duquel ils firent la fête pour célébrer leur victoire. Les Grecs émergèrent alors du cheval au petit matin et massacrèrent les Troyens endormis.
Comme pour beaucoup d’autres aspects du récit, il n’y a pas de certitudes sur son existence, même si l’idée d’un cheval offrande apparaît possible. L’expression pourrait aussi s’apparenter à un bateau car le cheval est l’animal de Poséidon, dieu des mers.
Un caractère mythique évident
Malgré tout, un consensus apparaît sur la non-existence et l’invention de l’essentiel des personnages par Homère. C’est notamment le cas d’Achille qui incarnerait un héros fier et valeureux.
Car les récits d’Homère, s’ils exagèrent un conflit qui aurait existé, ont avant tout une vocation morale et éducatrice comme cela est le cas de nombreux mythes antiques grecs. Ainsi, c’est un conflit réel qui aurait été romancé et enrichi de nombreux personnages et légendes.
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