Les occupations illégales de logements, ou ”Okupas” en espagnol, sont un phénomène qui a pris de l’ampleur dans le pays ces dernières années. Pour cause : la crise du logement faisant rage dans le pays, et les retombées de la crise économique espagnole qui a laissé beaucoup de ses citoyens dans une situation financière instable, le taux de chômage étant à 10,29% en juillet 2025. L’Andalousie ayant pris la tête du classement des régions recensant le plus haut nombre d’”Okupas”, nous vous proposons ici un aperçu du phénomène et de ses causes.


Une situation alarmante
Au printemps 2025, 487 nouvelles plaintes pour occupation illégale de logements ont été déposées devant les tribunaux espagnols, selon les données du Consejo General del Poder Judicial (conseil général du pouvoir judiciaire, CGPJ). Ces nouvelles statistiques ont également mis en avant le fait suivant : l’Andalousie a dépassé la Catalogne dans ce classement, et plus d’une centaine de nouvelles plaintes ont été enregistrées le trimestre passé.
Si le nombre de cas déclarés a diminué cette année, il ne faut pas pour autant penser que le dossier est clos. En effet, la forte baisse des plaintes pour occupation illégale coïncide avec l'entrée en vigueur le 3 avril dernier d’une loi stipulant que les propriétaires d'un logement occupé illégalement ont l'obligation de tenter de parvenir à un accord avant d'intenter une action en justice contre les occupants illégaux. La réglementation stipule que les propriétaires doivent « prouver qu'une tentative de négociation préalable recevable a été effectuée, devant être consignée par écrit ». Elle précise qu'une fois 30 jours passés à compter de la date de réception de la demande initiale de négociation par l'autre partie, si aucun avancement n’a été fait, il est alors possible d’engager une procédure judiciaire. Cette nouvelle mesure complique donc la tâche à ceux voulant récupérer la possession de leurs biens, une procédure qui prend en moyenne deux ans en Espagne, et qui engendre des coûts.
Un nombre de plaintes en baisse, mais un problème qui persiste
Ces nouvelles mesures imposant l'obligation de négocier avec les squatteurs avant d'intenter une action en justice, ainsi que les coûts inhérents à ces démarches, ont pour conséquence de nombreux cas qui ne sont signalés ni aux forces de l’ordre, ni aux tribunaux. En effet, de plus en plus de propriétaires victimes d'une occupation illégale cherchent des alternatives au pénible parcours légal, afin de récupérer le plus rapidement possible la possession de leurs biens.
Ceci peut passer soit par la négociation et le paiement des squatteurs, soit par une autre voie que dénonce le conseil régional d’Andalousie : l’apparition de bandes organisées cherchant à faire un profit, et ceci en soutenant l’une ou l’autre partie : aider les propriétaires à expulser les occupants, ou bien en aidant certains à trouver des maisons à occuper. Ces situations font que certains propriétaires, n’ayant pas les moyens de financer une longue démarche en justice, se retrouvent forcés de vendre leurs biens, bien en dessous de la valeur du marché.
Si l’opinion publique espagnole sur le squat est fortement polarisée, entre réponse nécessaire à des échecs systémiques et atteinte aux droits de propriété, il n’en est pas moins sûr que ce phénomène n’est pas prêt de disparaître du pays, et mérite qu’on lui accorde de l’attention.
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