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Au Musée Thyssen: La photographie japonaise originale et révolutionnaire 1950-1970

Le musée Carmen Thyssen, en plein cœur historique de Malaga, et sa directrice artistique Lourdes Moreno ont ouvert une nouvelle exposition : « Materiel provocativo para pensar ». Elle est accessible aux visiteurs jusqu’au 13 octobre. La Fondation pour l’amour de l’art (Per Amor a l’Arte), représentée par Susana Lloret, a fourni cette collection intitulée « José Luis Soler Vila », nom de son défunt mari et co-fondateur. Ces photographies japonaises illustrent un moment singulier dans l’art et la société japonaise des années 1950-1970… Venez le découvrir !

La photographie japonaise originale et révolutionnaire entre 1950 et 1970 est exposée au Museo Carmen Thyssen MálagaLa photographie japonaise originale et révolutionnaire entre 1950 et 1970 est exposée au Museo Carmen Thyssen Málaga
La photographie japonaise au Museo Carmen Thyssen Málaga
Écrit par Manon Le Goff
Publié le 14 juillet 2024, mis à jour le 14 juillet 2024

La réalité de la société japonaise

Riche de 150 œuvres de quinze photographes japonais, la collection « José Luis Soler Vila » représente une « nouvelle manière de conter la réalité de la société japonaise », selon la directrice artistique du musée, Lourdes Moreno. Installée au premier étage du musée, l’exposition est répartie dans deux salles. 

Dans la Salle noble, 50 photographies d’artistes de la génération post-guerre sont exposées. Elles abordent les thèmes de la nature, de la nudité, de la sexualité libérée et des protestations étudiantes anti-américaines qui surviennent dans le pays. Plus que jamais, ces photographies racontent le moment de rupture que vit le Japon, entre les traditions ancestrales du Japon et la modernité que connaît le pays pendant les années 1950-1970. 

L’Espace ArteSonado se concentre sur les œuvres du photographe Takuma Nakahira, chef de file du mouvement « Provoke », nom donné à ce collectif de photographes si singuliers. L’artiste présente son projet « Circulation : Date, Place, Events » (Circulation : date, place, évènements) à la 7èmeBiennale de Paris en 1971. Takuma Nakahira réalisa une exposition en temps réel, photographiant chaque jour sa vie à Paris. Il développait les photographies et les exposaient sur le mur de la Biennale, puis les jetait lorsque le mur était rempli. Le musée Carmen Thyssen a pu récupérer certaines des œuvres de cette démarche originale et conceptuelle pour les exposer.

“Ces œuvres représentent un nouveau langage dans la photographie mondiale et dans la société japonaise”

Dans les années 1960, le Japon est perdant de la seconde guerre mondiale, soumis à deux bombes atomiques meurtrières et en pleine transformation sociale et économique. Dans ce contexte, des artistes nés dans la génération post-guerre « captent la réalité du Japon des années 1960 et 1970 et content l’histoire sociale du pays », explique Lourdes Moreno, directrice artistique du musée Carmen Thyssen. La plupart des artistes exposés sont regroupés dans deux mouvements japonais : l’agence VIVO, active entre 1968 et 1970, et la revue Provoke qui a édité trois numéros entre 1968 et 1970. Ces mouvements, pourtant très limités dans le temps, ont participé à une transformation artistique du langage photographique dans le monde. “Les artistes font de la photographie expressionniste, ils montrent la réalité à travers l’expression”, affirme la directrice artistique du musée.

C’est un tournant historique, la culture japonaise a un héritage millénaire et a été peu influencée par d’autres cultures. Ainsi, cette rupture photographique est singulière dans cette culture

Foto: Akira Sato. Sin título. Serie “Ojo ciclópeo”, c. 1960. Fotografía a las sales de plata Colección José Luis Soler Vila, Valencia © Akira Sato / Cortesía de Fujiko Sato
Photo: Akira Sato. Sans titre. Serie “Ojo ciclópeo”, c. 1960.
Colección José Luis Soler Vila, Valencia
© Akira Sato / Cortesía de Fujiko Sato

Les jeunes artistes photographient un “nouveau Japon”, allant des transformations économiques, aux conséquences de la guerre jusqu’aux protestations étudiantes et sociales qui secouent le pays. Les changements dans la société japonaise “accompagnent cette rupture dans la manière de raconter l’art”, selon Lourdes Moreno.

Les artistes Hamaguchi et Hamaya ont par exemple choisi d’illustrer les révoltes et les protestations étudiantes anti-américaines qui secouaient le pays dans les années 1960-1970. Le photographe Kawada a quant à lui illustré les conséquences des bombes atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki. La modernisation du Japon a été photographié par l’artiste Moriyama avec une série de photographies en couleur des rues japonaises.

“Cette collection est un hommage à mon mari”

Le musée a travaillé en étroite collaboration avec la Fondation pour l’amour de l’art, crée en 2014 par Susana Lloret et son époux José Luis Soler Vila, décédé brutalement en juin dernier. « Je n’aurais jamais pensé que cette collection, sur laquelle nous travaillons avec attention depuis des mois, deviendrait un hommage posthume à mon mari. », déclare Susana Lloret, émue. Les époux avaient bâti cette fondation pour diffuser et de partager l’art, notamment à l’attention des jeunes défavorisés.

C’est la première fois qu’elle est exposée et je suis fière de partager cette collection avec vous

José Luis Soler Vila a « passé des années à voyager et à former cette collection » conclut Susana Lloret avec émotion

Le Musée Carmen Thyssen vous ouvre ses portes du mardi au dimanche, de 10 heures à 20 heures, pour cette singulière exposition à travers le Japon post-guerre .

 

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