Les “Créations de céramiques de Picasso” au musée de la Casa Natal

Tradition et innovation de Picasso

Le musée de la maison natale de Picasso présente l'exposition intitulée "Picasso : images céramiques". Cette exposition, située dans la salle des expositions temporaires de la Plaza de la Merced, nº 13, offre un aperçu de la prolifique incursion de Pablo Picasso dans le monde de la céramique. Ouverte au public jusqu'au 6 octobre, cette exposition, parrainée par la Fondation "la Caixa", met en lumière la fusion de la tradition, de l'innovation et de l'expression artistique qui caractérise cette facette moins connue mais tout aussi brillante de l'artiste originaire de Malaga.

 

Une activité de 25 ans 

L'exposition, dont les commissaires sont Salvador Haro et Harald Theil, propose une immersion dans la relation de Picasso avec la céramique, de ses premières expériences jusqu'à ses chefs-d'œuvre.

À partir de 1947, Picasso se consacre pleinement à la céramique dans l'atelier Madoura de Suzanne et Georges Ramié à Vallauris, dans le sud de la France, activité à laquelle il se consacre pendant vingt-cinq ans, créant plus de 3 000 pièces uniques.

Au cours de cette période, il développe différents modes de travail. Plutôt que de la considérer comme un art mineur, l'artiste a fait de la céramique un moyen d'explorer et d'élargir ses idées, d'enrichir ses pratiques artistiques ancrées dans le cubisme et de se relier aux traditions ancestrales et populaires, ainsi qu'aux mythes de la Méditerranée.

Des céramiques uniques

L'un des points forts est la collaboration de l'artiste avec la famille Ramié, qui a facilité la création d'éditions limitées de ses céramiques. Ces éditions, bien qu'accessibles au grand public, témoignent du processus créatif méticuleux de Picasso et ont contribué à populariser son œuvre, même si une confusion s'est parfois installée entre pièces uniques et éditions. Dans le domaine de la communication municipale et de la presse, l'exposition met en lumière la différence entre les deux.

Les premières sont réalisées ou peintes de la main de Picasso. Ces dernières, loin d'être de simples copies produites en grand nombre, sont en fait des éditions soignées de l'œuvre de l'artiste, réalisées sous son contrôle.

Picasso réalisait ses éditions pour y peindre des versions uniques, c'est-à-dire des variations colorées dont il n'y a pas eu d'édition par la suite. Paradoxalement, ces pièces uniques portent au dos la mention "édition Picasso", car elles ont été créées dans ce but avant que l'artiste ne leur donne un nouveau destin.

Des impressions matricielles sous forme de pâtes blanches aux lino-céramiques innovantes et aux céramiques créées par estampage sur des plaques d'argile humide, l'exposition révèle la polyvalence et l'expérimentation constante de Picasso dans ce domaine.

Pour un nombre important de céramiques volumétriques, Picasso a réalisé des études et des dessins préparatoires créés entre 1946 et 1950, la plupart datés par l'artiste lui-même. Dans ces dessins, il déconstruit les formes des récipients et combine leurs différentes parties avec des éléments fragmentaires pour obtenir de nouvelles constructions organiques. Cette combinaison est toutefois réalisée de manière à préserver le lien avec le récipient, car les différents éléments ont toujours une double fonction : ils incarnent le thème figuratif, mais indiquent également la fonction du récipient. Les dessins montrent que le point de départ est l'amphore grecque. Picasso qualifiait les céramiques conçues avec des dessins préparatoires de "vaisseaux structurels", soulignant leur origine initiale sur le tour du potier et leur qualité de vaisseaux potentiels, en dépit de leur apparence sculpturale.

Les motifs de Picasso 

En ce qui concerne les motifs et les thèmes que Picasso a représentés dans ses céramiques, les femmes, les visages, les animaux et les natures mortes prédominent.

Picasso préférait les plaques rondes ou rectangulaires pour y inscrire des masques ou des visages, transformant ainsi l'objet en sujet. Il utilise des masques ou des visages, transformant l'objet en sujet de représentation. Il utilise parfois aussi l'inversion du concave et du convexe, une méthode qui rappelle les permutations cubistes de Picasso.

Parmi les animaux, on remarque le hibou, ancien symbole de sagesse, et la chèvre, animal emblématique présent dans l'œuvre de Picasso. Le taureau, qui lui rappelait son pays natal, dont il s'était volontairement exilé, est souvent représenté, tout comme la corrida, avec des scènes narratives des différentes phases présentées par l'artiste avec détail et précision. Le poisson, introduit dans l'œuvre de Picasso à partir de 1946, qu'il peint ou grave directement sur des plaques fabriquées en série dans l'atelier de Madoura, il opte pour une représentation en relief, clin d'œil à la tradition de la céramique en trompe-l'œil, comme les plaques fabriquées à Malaga aux XIIIe et XIVe siècles, ou les décors de plaques en relief de Bernard Palissy au XVIe siècle.