Bienvenue dans notre dossier éditorial « Quartiers de New York » présenté par BARNES New York. Nous vous invitons régulièrement à découvrir les différents quartiers de la ville, dans les yeux de francophones qui y sont installés. Ils racontent leur quartier, avec leurs mots, leurs goûts, leurs habitudes. Aujourd’hui, cet article est exceptionnellement écrit à la première personne du singulier parce que je vous invite personnellement à me suivre dans mon quartier : Hudson Heights. Je suis Rachel Brunet et je suis la directrice et la rédactrice en chef de lepetitjournal.com New York. Je vous raconte ce quartier peu connu, peut-être parce qu’il est caché, tout là-haut dans Manhattan...
Rachel Brunet à Heather Garden
Hudson Heights, un quartier familial
Je me suis installée à Hudson Heights en janvier 2019. Un quartier que je ne connaissais absolument pas et qui, au fil du temps, m’a totalement conquise. À la base, c’est le prix des loyers qui m’a poussée à partir au nord de Manhattan. Il faut bien l’avouer, un appartement de plus de 100 mètres carrés et de trois chambres pour moins de $3,000, ne laisse pas la place à une réflexion trop longue. Surtout quand le métro express est presque au pied de votre immeuble.
Station 175. « C’est loin » m’ont dit certains amis, « tout dépend où tu vas » leur ai-je rétorqué. J’ai vite réalisé qu’en moins de 40 minutes, je reliais toujours mes destinations quotidiennes. Donc, non, ce n’est pas loin. Et franchement, en 2020, c’était loin de rien...
Un des immeubles Art Deco du quartier
Hudson Heights est un quartier qui s’étend de George Washington Bridge — lui-même situé au niveau de la 178e rue — jusqu’à Fort Tryon. Et de l’Hudson River jusqu’à Broadway. Un petit havre de paix enclavé dans Washington Heights, entre l’Hudson River et Fort Tryon. D’une rue à l’autre, l’anglais cède la place à l’espagnol, langue officielle de ce quartier hispanique de Washington Heights. Mais à Hudson Heights, tout change. Comme ailleurs dans la ville, ce quartier est un joyeux brassage de communautés. Ici des Américains, et beaucoup de communautés d’Europe de l’Est. Une forte communauté de confession juive aussi. Au fil de mes déambulations urbaines, je croise souvent une image qui me renvoie en France. Ici, la plupart des immeubles ont été construits dans les années 1930, et certains sont d'inspiration Art déco. Ça me rappelle Boulogne-Billancourt, juste à l’entrée du Bois. Sur Pinehurst Avenue, en face de Bennett Park, Hudson View Garden. Un complexe résidentiel. À l’intérieur, des petites allées, du gazon bien entretenu, une mare avec des gros poissons, un jardin de fleurs. La sérénité absolue. L’architecture me ramène à Trouville-sur-Mer. Les colombages sont partout.
Hudson View Garden - (c) Rachel Brunet
La 181e rue est la rue des restaurants. Japonais, italien, thaïlandais, américain, il y a en a pour tous les goûts et les prix sont très abordables. Il y en a aussi pour tout le monde aussi puisqu’il y a le Café Bark, un café pour nos compagnons à quatre pattes... New York sera toujours New York. Sur la 181, j’ai mes petites habitudes, entre le restaurant thaïlandais Tung Thong 181 et le restaurant japonais Sushi Yu, mon coeur balance toujours. Sans parler de Le Chéile et sa superbe terrasse rose qui rappelle le Canal Saint Martin. Huit rues au nord, un autre spot de restaurants et boutiques. Là encore, j’y ai mes habitudes. Fresco’s Pizza, la meilleure de New York selon mon fils ou Kismat, le restaurant indien du quartier. Mais aussi, mon petit supermarché Ozzie’s. Et tenez-vous bien, j’y découvre sans cesse des produits français largement moins chers qu’ailleurs dans Manhattan. Confitures, pains au chocolat, baguettes, brie, ce supermarché rutilant est ma caverne d’Ali Baba.
Un peu plus haut sur la 187e rue, une boutique de vin, Vines on Pine, exceptionnelle, avec un grand choix de vins de tous les pays. La blague du propriétaire : me dire « have a good one, kid ! »
La 181e rue - (c) Rachel Brunet
Le point le plus haut de Manhattan
Quand je pense à mon quartier, je pense « en haut » ou « en bas ». Et ce n’est pas pour rien. À Bennet Park, niché entre la 183e et la 185e rue, se trouve un trésor peu connu des New-Yorkais : le point naturel le plus haut de Manhattan. 265 feet au-dessus du niveau de la mer, soit le niveau de la torche de la Statue de la Liberté. Autant dire que ça monte et que ça descend. Quelle surprise la première fois que je me suis retrouvée en bas de la longue montée d’escaliers de la 181e rue. L’espace de quelques secondes, je ne savais plus si j’étais à New York ou à Montmartre.
Bennett Park est le rendez-vous des parents et des enfants de ce quartier on ne peut plus familial, mais aussi des personnes plus âgées qui viennent grappiller un rayon de soleil au printemps ou un peu de fraîcheur l’été. Il n’est pas rare d’y voir un groupe de musiciens, des résidents du quartiers. Leurs voix se mélangent aux cris des enfants, chaque jour un peu plus nombreux. Un peu plus heureux. Pour la petite histoire, ce parc est construit sur le site de l'ancien Fort Washington où l'armée continentale a mis en déroute les troupes britanniques en 1776.
(C) Rachel Brunet
Mon plaisir dans ce quartier : emprunter Cabrini Boulevard et remonter jusqu’à Fort Tryon. Je longe ainsi Birds of Cabrini Woods Nature Sanctuary. Le bois est situé à l'angle sud-ouest de Fort Tryon. Sanctuaire naturel, c’est un lieu de prédilection pour observer les oiseaux et admirer la vue imprenable sur l’Hudson et Palissades, de l’autre côté du fleuve.
Cabrini boulevard se termine à l’entrée de Fort Tryon, une véritable forêt urbaine qui abrite The Cloisters, mais pas que ! Coyotes, ratons-laveurs, opossums, marmottes, serpents, abeilles, papillons, et des milliers d’écureuils y partagent ce territoire grand de 27 hectares, en plus de 81 espèces d'oiseaux, y compris des colibris et des faucons. À l’entrée de Fort Tryon, Heather Garden — mainte fois élu plus beau jardin de la ville — une allée envahie de fleurs et d’arbustes, 60 mètres au-dessus de l’Hudson. L’été, j’y croise souvent des colibris... Mon petit coin de paradis...
D’ici quelques semaines, je quitterai ce quartier, la vie me ramenant plus bas dans Manhattan, mais toujours près d’un parc. Je ne vous dirai pas lequel...
Article écrit par Rachel Brunet
Vue depuis la fenêtre du bureau nomade du Petit Journal New York
Parole d’expert immobilier par BARNES New York
Marché locatif :
En Janvier 2021, le loyer moyen d'un appartement a Hudson Heights est de $1,600 pour une chambre, $2,500 pour deux chambres et $2,995 pour un appartement trois chambres.
Marché de la vente :
En décembre 2020, sur l’ensemble de Hudson Heights le prix médian de vente demandé par les vendeurs pour les biens disponibles se situait à $590,000 affichant une hausse de l’ordre de 3% sur un an avec $672/ square foot. Le prix de vente final médian enregistré est de $780,000. Cet écart s’expliquant principalement par le faible nombre de transactions en conséquence de la période Covid qui a fortement ralenti le marché en 2020 et donc réduit l’échantillon de référence.
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