Le travail continue d’occuper une place centrale dans la vie des Indiens, avec un volume horaire et une forte porosité entre la vie professionnelle et la vie personnelle. Cependant, les conditions de l’emploi salarié ont évolué favorablement pour les employés et certains acquis sociaux n’ont désormais plus grand chose à envier à l’Europe par exemple.
Trois types de contrats de travail majeurs régissent les rapports employés / employeurs en Inde
Comme en France, il existe en Inde trois types de contrats majeurs :
- les contrats à durée déterminée établis pour une période limitée (généralement moins de 4 ans),
- les contrats à durée indéterminée (permanent contracts) et
- les contrats de freelance ou de travail occasionnel, qui ne bénéficient généralement pas des avantages octroyés par les entreprises aux salariés.
Pour les contrats à durée indéterminée, la plupart des entreprises du secteur privé demandent une période d’essai qui peut durer entre trois et six mois ainsi qu’une période de préavis de trois mois en cas de démission.
La semaine de 48 heures est la norme en Inde et le nombre de congés payés varie en fonction de l’État et de l’entreprise
L’Inde est réputée pour avoir de longs horaires de travail. D’après le Bureau International du Travail, le pays serait le cinquième en termes d’heures travaillées. Seuls la Gambie, la Mongolie, les Maldives et le Qatar, où près d’un quart de la population est indienne, se classent au-dessus.
De nouvelles lois du travail encadrent cependant les horaires. Le temps de travail est officiellement limité à 48 heures hebdomadaires et 12 heures par jour ouvré. La semaine de travail est de cinq jours dans la plupart des grandes entreprises privées et de six jours pour les PME, les administrations et les banques. Ici, pas de droit à la déconnexion, les Indiens se connectent régulièrement à leurs messageries après être rentrés chez eux ou le week-end.
Les congés payés sont en général de 12 jours, mais les conditions varient selon les États dans lesquels l’entreprise est enregistrée, les entreprises et les secteurs. Dans les entreprises privées du secteur tertiaire, la moyenne des congés payés est plutôt de 24 jours.
Les jours fériés diffèrent par État. Le pays ne reconnaît que trois jours fériés nationaux : Republic Day, le 26 janvier, Independence Day, le 15 août et l’anniversaire du Mahatma Gandhi, le 2 octobre. Les employeurs accordent généralement 10 congés payés supplémentaires pour permettre de suivre les spécificités de l'État dans lequel est basé l’employé.
Le principe du congé maladie n'existe pas en Inde, les employés qui sont malades et ne peuvent venir travailler consomment des jours sur leur quota de congés payés, à moins qu’ils ne soient justifiés à l’employeur.
La couverture santé est obligatoire depuis la crise de la COVID-19
Depuis la crise de la COVID-19, les entreprises sont dans l’obligation de fournir une assurance santé à leurs employés, sans condition de salaire, comme il était question précédemment. Le type et le montant des dépenses couvertes ainsi que la couverture des membres de la famille dépendent de l’employeur, mais le salarié peut la plupart du temps payer un premium pour étendre ses droits.
La plupart des grandes entreprises privées offrent également une assurance vie et une assurance accident pour leurs employés.
Le congé maternité indien est l’un des plus généreux au monde
Depuis 2017, l’Inde offre 26 semaines de congés payés minimum pour les mères, l’un des plus longs du monde. La loi prévoit également 12 semaines de congé maternité en cas d’adoption ou pour un enfant né via mère porteuse. Dans la plupart des États, les pères mariés peuvent prendre jusqu’à deux semaines de congés payés, dans les six mois suivant la naissance de l’enfant. Il n'y a cependant aucune loi nationale encadrant le congé paternité. On commence à voir émerger des congés plus longs et plus inclusifs pour le deuxième parent, qui restent cependant à la discrétion des entreprises.
En parallèle du congé parental, les employés de retour de congé dans les entreprises de plus de 50 salariés ont le droit à des services de garde d’enfants payés par l’entreprise.
Le travail occupe une place centrale en Inde même si les jeunes générations souhaitent obtenir plus de flexibilité
La perception sociale des individus est fortement liée à leur situation professionnelle. Une forte importance est accordée au titre dans l’entreprise et la plupart des salariés s'attendent à recevoir des promotions et des augmentations de salaires régulières.
Le respect pour la hiérarchie, valeur indienne fondamentale, se manifeste dans la conception indienne du leadership et pourra notamment surprendre un Occidental, habitué à une organisation plus horizontale. Les anciens et les plus gradés seront traités avec beaucoup de déférence et il n’est pas bien vu de s’opposer frontalement à un supérieur hiérarchique, ce qui peut conduire à des problèmes de compréhension pour le nouveau venu en Inde.
La place particulière qu’occupent les collègues dans la vie des Indiens, permettra à un nouveau venu de s’intégrer facilement. Les Indiens considèrent généralement dans leur premier cercle de connaissances un nombre de personnes beaucoup plus important qu’en Occident. On y trouvera notamment des cousins éloignés, des voisins et des collègues. Leur engagement envers ce premier cercle est très fort et, en Inde, personne n'est surpris lorsqu’un employé veut accompagner un de ses collègues à l'hôpital ou quand le responsable hiérarchique est invité au mariage de son subordonné. De même, poser des questions directes sur l’âge de son interlocuteur ou sur son salaire est tout à fait normal.
En Inde comme ailleurs, la crise de la COVID-19 a accéléré la transition vers de nouveaux modes de collaboration et poussé le bien-être des employés au centre des préoccupations des entreprises. Les jeunes Indiens veulent pouvoir télétravailler et se disent prêts à réduire leur salaire ou même à changer d’entreprise si cette flexibilité leur était retirée.
Pour aller plus loin sur les différences culturelles dans le monde du travail, la “culture map” popularisée par Erin Meyer permet de mieux comprendre les différences entre les façons de travailler et de communiquer en Inde (en vert) par rapport à la France (en bleu clair) par exemple.
La part des femmes en entreprise tend à baisser dû à plusieurs facteurs économiques et sociaux
Avec un score d’égalité entre les sexes parmi les plus bas du monde (135/146) et une proportion de femmes travaillant en décroissance depuis 20 ans, le manque de représentation des femmes en entreprise reste un sujet central en Inde.
Le “women power” a d’ailleurs été identifié par Narendra Modi comme un moyen pour l’Inde d’accélérer l’atteinte de ses objectifs économiques. Les économistes mentionnent plusieurs facteurs expliquant une telle situation en période de forte croissance, tous associés à une vision encore très traditionnelle du rôle de la femme et un manque d’opportunités économiques dû à une forte discrimination professionnelle.
Quelques raisons de voir une évolution positive cependant, avec certains indicateurs de parité corporate au-dessus des (faibles) moyennes mondiales. D’après le Grant Thornton Women in Business Report 2021, 39% des postes de senior management en Inde sont détenus par des femmes contre 30% globalement, 98% des entreprises indiennes ont au moins une femme dans leur senior management contre 90% mondialement et 47% des entreprises de taille moyenne sont détenues par des femmes en Inde contre 26% dans le reste du monde.
Par ailleurs les politiques de diversité et d’égalité salariale deviennent, comme en France, des critères de décision importants dans le choix d’une entreprise.