Madame Sophie Primas, Ministre déléguée chargée du Commerce extérieur et des Français de l’étranger, a bien voulu répondre à quelques questions posées par Le Petit Journal, en présence de Monsieur Thierry Mathou, Ambassadeur de France en Inde et Monsieur Etienne Rolland-Piègue, Consul général de France à Pondichéry et Chennai.
Madame Sophie Primas est la première Ministre à venir en visite à Pondichéry, depuis Madame Michèle Alliot-Marie, alors Ministre des Affaires Étrangères, venue les 4 et 5 décembre 2010.
Lors de son déplacement, Mme Sophie Primas a rencontré :
-Shri K. Kailashnathan, Lieutenant-Gouverneur de Pondichéry,
-Shri K.Lakshminarayanan, ministre du Tourisme du gouvernement de Pondichéry,
et les élus du Conseil Consulaire de Pondichéry, présidé par Mme Chantal Samuel-David (vice-présidente de l'Organisation France-Pondichéry).
Lepetitjournal : Comment la France peut-elle aider les jeunes entrepreneurs français souhaitant s’installer en Inde, particulièrement les PME, afin de promouvoir leurs entreprises ?
Madame la Ministre : "Les équipes de Business France s’appuient sur les services économiques de l’ambassade, les chambres de commerce, sur les organisations patronales lorsqu’elles existent sur une implantation de Business France. Donc on a un écosystème qu’on appelle « l’équipe de France », qui est là pour accueillir, aider, soutenir, aller jusqu’à l’implantation des entreprises lorsqu’elles le souhaitent.
Il y a toute la partie préalable de préparation : existe-t-il un marché ? Quelles sont les conditions juridiques ? Dans quel emplacement géographique ? Ensuite il y a l’implantation en elle-même et effectivement « l’équipe de France », est là pour les aider.
Les jeunes entrepreneurs de Pondichéry font partie de l’écosystème. Toutes les structures réunies autour du Consul ici se connaissent et s’entraident. On a à la fois l’équipe technique, juridique, des études de marchés, puis la partie assurée entre les chefs d’entreprises qui assurent une certaine solidarité. "
Business France est né en 2015, c’est une entreprise publique de conseil dédiée à l’internationalisation de l’économie française. En tant qu’établissement public à caractère industriel et commercial, elle est placée sous la tutelle conjointe des ministres chargés de l’Economie, des Affaires Étrangères et de l’Aménagement du Territoire. Ses missions sont définies par décret. Business France est financé à parts presque égales par l’Etat et par le revenu de son activité (prestations facturées à leurs clients).
Les jeunes entrepreneurs désirant s’installer en Inde, pourraient-ils avoir accès aux services de business France (data base) gratuitement ?
Madame la Ministre : "Ce n’est pas économiquement viable en raison du modèle de financement de Business France, les temps sont durs budgétairement en France et on vient de redemander à Business France de faire des efforts sur son organisation et son efficience, ce qui passe par améliorer encore les relations entre les Chambres de commerce à l’étranger et entre les services économiques des ambassades et des consulats. La réponse est non car le modèle économique de Business France repose en partie sur un financement assuré par les entreprises qu’il accompagne. "
Par ailleurs une instance de Campus France est attachée à la plupart des Alliances françaises en Inde. Pourquoi pas pour celle de Pondichéry ?
Madame la Ministre : "Il n’y en a pas à chaque Alliance, loin de là. Campus France est là où existent des ressources."
Réponse de Monsieur l’Ambassadeur : "Il s’agit de s’intéresser aux Pondichériens au travers des structures de l’Alliance française et du Consulat et surtout de mieux communiquer auprès d’eux, c’est pourquoi nous avons créé des Classes Internationales l’année dernière, qui ne s’adressent pas qu’à des étudiants francophones. Les Pondichériens ne sont pas tous francophones.
Ces Classes Internationales fonctionnent comme des classes préparatoires, qui s’adressent exclusivement aux Indiens avec pour but de les former au français et en parallèle de leur permettre de commencer le cursus qu’ils souhaitent et au bout de cette année, leur permettre d’intégrer la formation qu’ils envisagent, sans passer par Parcoursup. C’est un système tout à fait préférentiel, conçu uniquement pour les Indiens.
Nous avons un partenariat avec une quarantaine d’établissements, essentiellement des universités, écoles d’ingénieurs et sciences sociales, parce que nous n’avons pas de difficulté, en France, à recruter des élèves indiens pour les écoles de commerce, en revanche c’est plus difficile pour les filières ingénieurs par exemple.
L’objectif fixé par le Président de la République, c’est d’avoir 30000 étudiants indiens à l’horizon de 2030 en France.
Les Alliances françaises, les Consuls généraux, ont la responsabilité de tout mettre en œuvre pour mobiliser et informer les étudiants. On a également deux fois par an des « Campus Tour », organisés par Campus France, qui font le tour de l’Inde et vont dans plusieurs établissements présenter les formations et des écoles. Il faudrait voir si à Pondichéry le bassin est suffisant pour que lors du prochain tour, « Campus Tour » passe par Pondichéry."
Campus France a été créé en 2010. C’est une agence nationale chargée de promouvoir l’enseignement supérieur français à l’étranger, de la gestion des bourses des gouvernements français et étrangers et de l’accueil des étudiants et chercheurs étrangers en France. La prise en charge de la mobilité internationale : les bourses et stages à l’étranger sont gérés par Campus France.
Dans l’optique de poursuivre des relations apaisées et collaboratives entre les deux pays, pourrait-il être envisagé des accords réciproques pour faciliter les demandes de visas et leur obtention ?
Madame la Ministre :"C’est un sujet que je traite actuellement. L’attractivité de la France est l’une de mes prérogatives. Nous avons besoin de récupérer des jeunes talents, des jeunes universitaires et des jeunes étudiants.
Il existe déjà un travail entrepris pour donner à des étudiants indiens des visas dont la durée serait relative à la durée des études, avec la possibilité de rester une année ou deux années supplémentaires. Nous sommes sur ce sujet avec le Ministre de l’Intérieur et avec les services des Affaires Etrangères. Mon objectif est d’améliorer la visibilité et l’attractivité des étudiants indiens, je suis vraiment sur ce principe là, pas uniquement pour l’Inde mais pour l’ensemble des pays. C’est un sujet prioritaire pour moi."
Et pour les jeunes entrepreneurs français qui voudraient s’installer en Inde ?
Madame la Ministre : "Je n’ai pas exploré cette réponse là."
Monsieur l’ambassadeur: "non il n’y a pas de réciprocité".
Les retraités français bénéficiant d’une OCI ( carte de résident permanent pour les français d’origine indienne) doivent financer seuls des assurances santé et mutuelles très chères. Ne peut-il y avoir pour eux des accords avec la sécurité sociale, comme il en existe pour les Français résidents dans d’autres pays étrangers ?
Madame la Ministre : "Il existe des accords dont le premier est qu’ils peuvent, ici, avoir accès à la Caisse des Français de l’Étranger (CFE) à laquelle ils peuvent cotiser. Ils peuvent même cotiser à la « catégorie aidée », une partie de la cotisation de ces bénéficiaires peut être prise en charge par l’Etat, pour l’instant on ne pense pas que le sujet puisse aller plus loin. Il peut y avoir des façons de les aider d’un point de vue social et médical qui sont suffisants."
Lors de son intervention auprès des invités présents à la Résidence du Consulat de Pondichéry, Madame la Ministre a déclaré :
« Le service d’assistance France consulaire sera étendu à l’Inde en 2025, consolidant l’accompagnement des Français vivants en Inde. »
Le service France consulaire est un service d’information qui offre une réponse rapide à toutes les questions consulaires et un accompagnement en amont de toutes les démarches nécessaires aux Français de l’étranger.