Baptiste et Gaëtan : “Le service civique en Inde fut une expérience incroyable ! ”
Baptiste Marosan Coutenceau et Gaëtan Carré ont tous les deux effectué un service civique en Inde via l’association Objectif France-Inde. Ils ont travaillé pour l’ONG SEVAI dans une école rurale du Tamil Nadu près de la ville de Trichy. De 2022 à 2023, Baptiste a participé au développement du sport pour les élèves. L'année suivante, Gaëtan en duo avec un autre volontaire, Lucas, a pris le relais de Baptiste. Tous deux sont très heureux d’avoir choisi cette mission, ils sont revenus en France la tête pleine de souvenirs et sont encore en relation avec les professeurs de sport de l’école. L’expérience a été si réussie que Gaëtan est aussi devenu un ambassadeur du service civique sur la plateforme Tik Tok.
Publié le 9 décembre 2024, mis à jour le 10 décembre 2024
Pour Baptiste Marosan Coutenceau, originaire de Toulouse et diplômé d’un BTS en domotique comme pour Gaëtan Carré, franc-comtois et diplômé d’un master en marketing, le volontariat en service civique fut une formidable opportunité d’aller travailler à l’étranger. Tous deux avaient déjà une expérience en France, Baptiste en tant qu’animateur sportif dans des écoles et Gaëtan dans plusieurs entreprises durant sa période d’alternance pendant ses études, mais ils avaient envie de partir et d’aller voir ailleurs. Le volontariat en service civique leur a permis de réaliser leur souhait et aussi de trouver une nouvelle orientation.
La rédaction a rencontré Baptiste puis Gaëtan qui nous ont partagé leur expérience en Inde comme volontaires pour l’association Objectif France-Inde.
Assistants des professeurs de sport dans une école rurale du sud de l’Inde
La mission remplie par les deux jeunes Français a consisté à aider les professeurs de sport de l’école “Shanti Matriculation School” afin d’organiser une heure de sport par semaine pour tous les élèves ainsi que des activités sportives extrascolaires.
L’école est située en zone rurale près de la ville de Trichy dans l'État du Tamil Nadu dans le sud de l’Inde et accueille entre 1500 et 1800 élèves de la maternelle à la terminale. Un enseignement de qualité y est proposé en anglais et l’école atteint un taux de réussite au niveau du Bac! Elle est soutenue par l’ONG SEVAI (Society for Education Village Action and Improvement) qui œuvre dans plusieurs domaines dans cette région et plus particulièrement dans le domaine de l’éducation. SEVAI est partenaire de l’association Objectif France-Inde qui travaille en étroite collaboration avec les ONG indiennes.
Cours de sport à la Shanti Matriculation School - @Baptiste
Lorsque Baptiste est arrivé dans la Shanti Matriculation School, il y avait deux professeurs de sport, une femme et un homme, mais ce dernier était malade et devait quitter sa fonction. L’enseignement sportif était réservé majoritairement aux garçons. L’objectif du programme développé par l’ONG SEVAI est de développer l’enseignement du sport pour tous les élèves, filles et garçons et d’en faire une véritable discipline.
“La pratique du sport comme on la conçoit chez nous n’est pas vraiment enseignée dans les écoles en Inde, surtout dans les zones rurales et il n’y a souvent pas ou peu d’équipement.” explique Baptiste.
Cours de sport à la Shanti Matriculation School - @Baptiste
Quand Baptiste est arrivé en Inde, OFI avait obtenu un don de la part de l’association caritative française SOLIBAD (Solidarité Badminton) pour l'aménagement d’une salle de sport à la Shanti Matriculation School. Il a donc aidé la professeure de sport à créer et aménager cette salle ce qui a ensuite permis aux élèves de découvrir et pratiquer plusieurs disciplines sportives.
“Avec la professeure de sport, nous avons mis en place une heure de sport hebdomadaire pour les élèves de 7 à 14 ans.” affirme Baptiste.
Le jeune volontaire français a aussi participé à la mise en place des clubs de sport mixtes après les cours pour les enfants âgés de onze ans et plus.
“Chaque jour de la semaine après l'école, un sport différent est proposé, football le lundi, badminton le mardi… et chaque club doit comprendre une équipe féminine et une équipe masculine. Ce fut difficile de convaincre les familles d’autoriser les filles à faire du sport mais on a réussi ! ” détaille Baptiste.
Club de badminton à la Shanti Matriculation School - @OFI
Après le départ de Baptiste, Gaëtan et Lucas ont continué le travail avec la professeure pour le développement du sport pendant les heures de classe et en tant qu’activité périscolaire. Ils l’ont en particulier aidée à mettre en place des clubs de sport pour les plus petits le matin.
Gaëtan avec les enfants de la maternelle - @Gaetan
“À deux, nous avions plus de temps à disposition pour nous occuper aussi des élèves de la maternelle et du primaire. Les enfants étaient très demandeurs des activités extrascolaires. En discutant avec eux, on s'est rendu compte qu’ils s'ennuyaient un peu chez eux. Comme le matin avant l'entrée en classe était un horaire plus approprié pour les plus petits, nous avons suggéré la mise en place de clubs une heure avant le début des cours pour les enfants de moins de onze ans.” confie Gaëtan.
Suite à l’engouement des élèves et avec le soutien de SEVAI et d’OFI, l'école a recruté un deuxième professeur pendant le séjour de Gaëtan et Lucas. Et aujourd’hui, la “Shanti Matriculation School” emploie quatre professeurs de sport (deux femmes et deux hommes) qui sont assistés par un jeune Français en service civique envoyé par OFI.
“Cela montre que l’école a pris conscience que le sport pouvait apporter quelque chose aux élèves !” s’enthousiasme Gaëtan.
Une des équipes masculines de la Shanti Matriculation School avec Gaëtan - @Gaetan
Promouvoir la mixité dans le sport, un objectif des missions de Baptiste et Gaëtan
La Shanti Matriculation School est une école mixte mais comme c’est souvent le cas en Inde, les filles et les garçons ne se mélangent pas même dans les salles de classe.
“Dans l’école, les filles sont généralement assises d’un côté de la salle de classe et les garçons de l’autre. Quand j’y étais, seule une enseignante insistait pour que les filles et les garçons se mélangent. C’était pire au lycée, pour entrer dans le bâtiment, les lycéens ne se croisaient même pas, il y avait un escalier réservé aux garçons et un autre réservé aux filles !” explique Gaëtan.
Pour l’association Objectif France-Inde, la mixité et l’accès aux mêmes enseignements pour les filles comme pour les garçons est un des facteurs de l’émancipation des femmes et ainsi favorise le développement de la communication et l’égalité entre les genres dans les villages.
C’est la raison pour laquelle un des volets de la mission des volontaires français est d’aider les professeurs, la direction de l’école et les familles à prendre conscience que les filles peuvent elles aussi faire du sport et que cela est bénéfique pour tous.
Les élèves du primaire de la Shanti Matriculation School avec Gaëtan - @Gaetan
Favoriser la mixité dans les activités sportives ne fut pas facile mais les jeunes Français ont, à force d’efforts et d’arguments, réussi à impliquer les filles.
“Au début, faire faire du sport aux filles n’était pas très bien vu. Alors on a essayé d’utiliser diverses méthodes pour contourner les réticences. Finalement, la communauté du village s’est rendu compte que les filles et les garçons cohabitaient très bien ensemble sur des périodes ludiques comme l’heure de sport. Ils ont aussi découvert que les filles pouvaient avoir un bon niveau de sport.” affirme Gaëtan.
“ À la fin de mon séjour, nous avons réussi à avoir une équipe de foot féminine ! Et après mon départ, l’équipe de volley-ball féminine a gagné les championnats du district ! ” déclare Baptiste.
Baptiste et les élèves avec leur certificat de sport - @Baptiste
Afin d’impliquer plus facilement les petites filles, Gaëtan et Lucas ont eu l’idée de proposer un atelier athlétisme/motricité réservé aux filles du primaire.
“L’engouement fut tel que nous avions après quelques semaines 70 inscrites ! ” lance Gaëtan.
Le travail de conviction des jeunes volontaires a aussi porté sur les professeurs de sport qu’ils assistaient :
“ Un des professeurs de sport arrivé durant notre séjour a une expérience d'entraîneur de volley-ball. Il est donc responsable du club de volley. Mais, dans ses postes précédents, il avait l'habitude de ne travailler qu'avec les garçons. On a insisté à plusieurs reprises pour qu’il entraîne aussi l’équipe féminine. Il a fini par nous avouer qu’il était content de travailler avec les filles, elles jouent différemment et c'est intéressant pour lui.” explique Gaëtan.
Une des équipes sportives féminines de la Shanti Matriculation School - @Baptiste
Le service civique, une opportunité fabuleuse pour voir et faire autre chose
Baptiste et Gaëtan sont unanimes, le volontariat en service civique leur a permis de partir travailler dans un autre pays et de découvrir une autre culture. Et l'expérience a été si positive qu'aujourd'hui Gaëtan est ambassadeur du service civique sur la plateforme Tik Tok. Le gouvernement français veut faire connaître le service civique le plus possible.
“Il ne faut pas hésiter à faire un volontariat en service civique, “il y en a pour tous les goûts” en France comme à l’étranger ! C’est une opportunité incroyable pour découvrir et vivre autre chose !” affirme Gaëtan.
“Je serais prêt à le refaire 100 fois ! J’ai aujourd’hui des souvenirs inoubliables et j’ai noué des relations qui continuent.” raconte Baptiste.
S’ils avaient un conseil à donner à un futur volontaire en service civique, les deux jeunes Français insistent sur le fait qu’il faut être prêt pour la mission à laquelle on postule. Baptiste avait déjà travaillé dans des écoles et Gaëtan est passionné de foot depuis son plus jeune âge (il a été joueur et entraîneur et a un diplôme d’arbitre).
“Pour moi, la vie dans un village fut une expérience enrichissante mais je comprends tout à fait que pour d’autres, cela puisse être très difficile de se retrouver au fin fond de la campagne indienne loin de toute grande ville.” confie Gaëtan.
Aujourd’hui de retour en France, Baptiste et Gaëtan se sont lancés chacun dans un nouveau projet.
Baptiste prépare un voyage en Europe et travaille en intérim dans une usine pour le financer. Ensuite, il aimerait repartir en volontariat quelque part dans le monde.
Gaëtan suit une formation en ligne d’analyse des données en vue de continuer à travailler dans le domaine du sport. Il souhaiterait intégrer une structure sportive et analyser la performance des sportifs. En même temps, il travaille comme surveillant dans son ancien lycée car il a beaucoup apprécié le contact avec les élèves.