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Élections indonésiennes de 2024, le point à 100 jours du premier tour

Dans un an, en octobre 2024, le prochain président indonésien prêtera serment et prendra officiellement ses fonctions. L’occasion de revenir ensemble sur la campagne électorale.

Les candidats Prabowo Subianto, Anies Baswedan et Ganjar Pranowo (crédit @Antara/Andi Firdaus)Les candidats Prabowo Subianto, Anies Baswedan et Ganjar Pranowo (crédit @Antara/Andi Firdaus)
Les candidats Prabowo Subianto, Anies Baswedan et Ganjar Pranowo (crédit @Antara/Andi Firdaus)
Écrit par Michel Larue
Publié le 6 novembre 2023, mis à jour le 17 janvier 2024

Des élections hors norme 

Le 14 février 2024, en une seule journée, 205,853,818 électeurs indonésiens seront invités à déposer 4 bulletins dans les urnes de l’un des 823,287 bureaux de vote pour élire :

  • 17.510 représentants locaux 
  • 2.372 élus provinciaux, 
  • 580 membres du parlement,
  • un président et un vice-président. 

 

Cela fait de cette élection, le plus grand nombre d'élections se déroulant en un seul jour, et, compte tenu de la géographie du pays, celle dont la logistique est la plus complexe. 

Depuis la proclamation de l’indépendance, le 17 août 1945, l’Indonésie est une république présidentielle. Elle est la troisième plus grande démocratie après seulement l’Inde et les États-Unis. La structure de cette élection, multiplication des assemblées locales et élection présidentielle au suffrage universel sont le résultat des amendements constitutionnels de 1999-2002 qui ont suivi la chute du régime dit d’Ordre Nouveau du président Suharto en 1998 qui, en ouvrant un processus de démocratisation, ont consacré entre autres une large décentralisation et l’élection présidentielle au suffrage universel direct à deux tours. 

Les candidats avaient du 19 au 25 octobre 2023 pour se déclarer officiellement. Le président est à la fois chef de l'État et chef du gouvernement et, comme aux États-Unis, c’est un ticket président/vice-président qui est élu. Le président actuel, Joko Widodo terminant son second mandat, n’a pas le droit de se représenter. 



Tour d’horizon de la vie politique 

La vie politique indonésienne est organisée autour de partis politiques. Actuellement, 17 partis participent à ces élections, auxquels s’ajoutent sept partis locaux dans la province d’ Aceh qui bénéficie d’un statut spécial. 

À la différence de la vie politique observée dans les pays occidentaux où on peut noter des orientations idéologiques plus ou moins marquées, souvent sur un axe gauche-droite, le contenu idéologique des partis politiques indonésiens est moins affirmé. Cela a pu produire des alliances inattendues aux yeux d'un observateur occidental. Par exemple, lors de l'élection précédente, le perdant, Prabowo Subianto a été nommé ministre dans le nouveau gouvernement.

Les deux principales orientations visibles sont un affichage plus ou moins nationaliste et plus ou moins religieux donc musulman. Cette dimension religieuse se double de l’influence des deux organisations islamiques que sont  :

- Nahdlatul Ulama ou Renaissance des Oulémas, qui affiche plus de 100 millions de membres

- Muhammadiyah, qui en revendique plus de 50 millions. 

La constitution impose que les candidats soient issus d’un parti ou soutenus par une coalition ayant recueilli plus du quart des voix lors de l’élection nationale précédente ou qui possèdent plus de 20% des membres du parlement. Cette mesure a deux effets : limiter le nombre de candidats. De plus, cela assure une certaine continuité évitant de brusques changements de majorité.

Si aucun candidat ne recueille plus de 50% de voix, un second tour opposera les deux arrivés en tête qui aura lieu le 26 juin, laissant amplement le temps pour nouer les nouvelles alliances. 

La prise de fonction est prévue le 20 octobre 2024, laissant du temps pour que les lignes entre majorité et opposition au parlement bougent, comme cela s'est déjà passé.

Les coalitions qui doivent donc se former obligatoirement au stade de la déclaration de candidature se constituent alors en fonction de deux critères : le respect de la constitution et leur électorabilité, c’est-à-dire leur capacité à recueillir des voix. 


 

Les candidats à l'élection de 2024 

Candidats élections indonésienne @wikipedia
Les candidats : Prabowo Subianto, Ganjar Pranowo et Anies Baswedan. @wikipedia

 

Les trois candidats sont, par ordre alphabétique du premier nom :

- Anies Baswedan, ancien gouverneur de Jakarta, et ancien ministre de l’Éducation et de la Culture. Son colistier est Abdul Muhaimin Iskandar et la coalition qui soutient sa candidature comporte plusieurs partis musulmans.

- Ganjar Pranowo, ancien gouverneur de Java Centre est le candidat du PDIP, Parti Démocratique Indonésien de Lutte, parti qui a soutenu l’actuel président durant ses deux mandats. Son colistier est Mohammad Mahfud Mahmodin, actuel ministre coordonnateur des Affaires politiques, juridiques et de sécurité de l'Indonésie et ministre par intérim des technologies de la communication et de l'information. 

- Prabowo Subianto, actuel ministre de la Défense, associé à Gibran Rakabuming, fils aîné de Joko Widodo. Âgé de 36 ans, ce dernier a bénéficié d’une décision récente de la cour suprême qui a abaissé l’âge requis pour être candidat de 40 à 35 ans. 

Bien que de nombreuses tractations aient lieu entre les leaders des partis, les élections précédentes ont montré qu’ils ne sont pas propriétaires des voix des électeurs et que ces derniers décident en fonction de critères multiples et changeants. À cause de cette versatilité, les sondages régulièrement publiés ne donnent qu’une image imprécise et le résultat est encore largement ouvert. L’intérêt des Indonésiens pour les élections, quelle que soit leur origine ou leur classe sociale, montre que le pays renforce sa démocratie, élection après élection. 

 

Michel Larue
Publié le 6 novembre 2023, mis à jour le 17 janvier 2024