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Jean Georges Haffner (1775-1830) fondateur de la station thermale de Sopot

Jean Georges Haffner, né à Colmar le 21 septembre 1775, a fêté ses 248 ans à Sopot, grâce à la Société des Amis de Sopot (Towarzystwo Przyjaciół Sopotu) ainsi qu’au Comité d'organisation de l'anniversaire de Jean Georges Haffner, composé de Dorota Lamparska, Katarzyna Rauber et Agata Stomma. Lors de la soirée, le président du Centre de rhumatologie de Poméranie à Sopot, Tomasz Augustyniak, et le conseiller politique de l'ambassade de France en Pologne, Alexis Mojaïsky, ont dévoilé au public une copie centenaire du portrait du Dr Haffner. Savez-vous que cet alsacien, arrivé en Pologne par le biais d’une affectation en tant que chirurgien aide-major au 2e escadron du 9e régiment de hussards a créé la station thermale de Sopot, au bord de la mer Baltique ? Explications

Haffner, Alexis Mojaisky, conseiller politique de l'ambassade de France en Pologne et Tomasz Augustyniak, dévoilent une copie centenaire du portrait du Dr HaffnerHaffner, Alexis Mojaisky, conseiller politique de l'ambassade de France en Pologne et Tomasz Augustyniak, dévoilent une copie centenaire du portrait du Dr Haffner
Photo : Bénédicte Mezeix pour Lpj/Varsovie. Alexis Mojaïsky, conseiller politique de l'ambassade de France en Pologne et Tomasz Augustyniak, dévoilent une copie centenaire du portrait du Dr Haffner
Écrit par Bénédicte Mezeix
Publié le 18 octobre 2023, mis à jour le 20 octobre 2023

Une naissance française, un destin polonais

Tomasz Kot, passionné et expert de l'histoire de Sopot, est revenu sur les grands éléments biographique de Jean Georges Haffner, dans l’un des salons bondés du Dworek Sierakowskich.

« Jean Georges Haffner, né à Colmar, en Alsace, le 21 septembre 1775 dans une famille de boulanger, choisit d’étudier la médecine à Strasbourg. À partir de 1798, il s’engage par intermittence dans l'armée suisse en tant que chirurgien de troisième classe. À son retour et après avoir été libéré temporairement de l'armée suisse le 20 mars 1803, il devient officiellement médecin. »

Il faut attendre 1804 pour qu’Haffner rencontre la Pologne en étant affecté « comme chirurgien aide-major au 2e escadron du 9e régiment de hussards sous le commandement du colonel Jean Baptiste Barbanègre. »

C’est ainsi que son destin avec le pays est scellé.

 

Portrait Haffner Sopot
Photo : Bénédicte Mezeix pour Lpj/Varsovie. Copie centenaire du portrait du Dr Haffner

 

Tomasz Kot précise que « Pendant 18 mois, d’après ce que l’on sait, il travaille dans l'un des hôpitaux militaires de Varsovie. En juin 1807, il se retrouve sur le champ de bataille de Friedland. Bien que pacifiste par conviction, Haffner fait preuve de courage et de perspicacité ».

Il va procéder à une intervention chirurgicale qui va même jusqu’à sauver la vie du commandant de l'unité, le colonel Gautherin - action pour laquelle il recevra la Légion d'honneur.

« Jusqu'à la fin de sa vie, il apposera sa signature sur les documents officiels : "Docteur en médecine, Chevalier de l'Ordre Royal de la Légion d'Honneur" », rajoute Tomasz Kot.

 

Tomasz Kot Jean Georges Haffner
Photo : Towarzystwo Przyjaciół Sopotu. M. Tomasz Kot déroule avec passion la vie de Jean-Georges Haffner

 

Gdansk, Oksywie, premier contact avec la Poméranie

Les troupes dans lesquelles Jean Georges Haffner sert se trouvent à Gdańsk, détaille Tomasz Kot : « en septembre 1807, le deuxième escadron dans lequel Haffner sert est d'abord stationné à Oksywie et dans ses environs (octobre 1807), puis dans le delta de la Vistule (à partir de décembre 1807). Cependant, Haffner lui-même a séjourné à Gdańsk, comme le prouve une inscription dans le registre des logements indiquant qu'il séjournait dans la rue Kotwiczników. Le 10 juillet 1808, l’Alsacien épouse Regina Carolina Böttcher, née Burns (1772-1831), veuve avec cinq enfants et propriétaire d'un immeuble dans la même rue. Les Haffner ont deux enfants. En conséquence, Haffner obtient la citoyenneté de Gdańsk, ce qui lui permettra plus tard d'ouvrir un cabinet médical dans la ville. Le bonheur familial ne dure pas longtemps. En septembre 1808, la division dans laquelle il sert quitte la ville. Les troupes d'Oudinot se dirigent vers la Silésie puis la Bavière. Le 15 novembre 1809, la démission de l'Alsacien est acceptée par le commandement, principalement en raison de son état de santé. Haffner présente en effet des symptômes de tuberculose. Haffner revient tout de même à Danzig à la fin de l'année 1809, car cette année-là, il ouvre un cabinet dans une maison appartenant à sa femme. Bientôt, il ouvre également un établissement de bains publics, d'abord dans la rue Kotwiczników. En 1811, il achète une propriété sur la rue Żabi Kruk, située près de l'église Saint-Pierre et Saint-Paul. L'établissement de bains de Gdańsk rapporta des bénéfices considérables à son propriétaire. Ils se composaient de sept salles de bains, équipées de baignoires en étain, et d'un vaste jardin d'agrément. » (…)

Tomasz Kot revient spécifiquement sur l’origine de la carrière d’Haffner : « Pendant des années, la littérature populaire et les rares ouvrages spécialisés ont affirmé que la carrière de Haffner à Gdańsk était due au gouverneur de la première ville libre, Jean Rapp (1771-1821) », souligne Tomasz Kot, et de nuancer qu’il « est cependant difficile de conclure que c'était effectivement le cas, bien que les deux hommes aient pu se connaître puisqu'ils étaient tous deux originaires de Colmar. »

 

Les troupes napoléoniennes partent, Haffner reste et crée un établissement thermal

« En 1813, après le départ des troupes napoléoniennes, Haffner reste dans la ville et poursuit son activité médicale. (…) Le 21 mai 1823, le Dr Haffner pose la première pierre de l’établissement à Sopot, en l'espace de 40 jours, l'établissement est prêt. Six cabines de bain, une salle de douche, un cabinet médical, une salle d'attente, une salle de repos et un appartement de bain sont mis à la disposition des patients. Des vestiaires en bois sont installés sur le front de mer. L'eau de l'établissement provenait directement de la mer.  Il y avait également une maison de cure et la première jetée de 40 mètres de long de Sopot, qui fonctionnait alors de manière saisonnière et qui a été démontée pour les tempêtes d'automne et d'hiver. », indique Tomasz Kot.

Et de revenir sur le village de Sopot d’alors en citant John Faltin : « À l'époque, il n'y avait que quelques cabanes de pêcheurs éparpillées dans tout le bas du village. Le terrain de cette partie du village était recouvert d'une épaisse couche de sable marin, et ce n'est que par endroits que l'on pouvait apercevoir de petites parcelles d'herbe, ainsi que quelques peupliers et aulnes en pleine croissance et des arbustes communs. Au-delà, c'est le désert. Dans le haut du village, il y avait trois ou quatre maisons de maître, autrefois résidences de diplomates étrangers ».

C’est ainsi que John Faltin résume cette période de la vie du Français : « Haffner a eu la chance de connaître des années fastes et joyeuses. Avant l'insurrection de novembre, de nombreux princes et comtes polonais y étaient invités et se promenaient en costume national. Comme il y avait une pénurie de logements à l'époque, les familles riches louaient même de pauvres chaumières. Une vie joyeuse et insouciante s'épanouit dans la petite ville de Sopot. Haffner, en tant que médecin thermal, était aussi un animateur de la vie culturelle, s'engageant dans des divertissements, aidé par sa connaissance du français, qui était parlé couramment par la majorité des hôtes polonais, ainsi que par son franc-parler et son humour jubilatoire ».

 

Un rythme si soutenu que la santé d’Haffner en pâtit

Tomasz Kot dévoile que « Le médecin travaille beaucoup, voyageant en calèche postale entre Gdańsk et Sopot, travaillant plusieurs heures par jour. » Son organisme n'en peut plus.

« Après la saison 1829, Haffner ferme son cabinet et se refait une santé à la maison. Au début de l'année 1830, il tombe malade de façon chronique et souffre d'une forte fièvre, s'alite et ne se relève plus. » Il meurt le 20 avril 1830.

Le 26 avril, Jean Georges Haffner est incinéré en terre polonaise : dans le cimetière de l'église St Ignatius à Gdansk dans le quartier de Stare Szkoty.

 

Sopot Towarzystwo Przyjaciół Sopotu.
Photo : Towarzystwo Przyjaciół Sopotu. Le petit palais : Dworek Sierakowskich

 

Retour sur le 248e anniversaire de la naissance de Jean Georges Haffner

L’événement qui s’est déroulé dans le petit palais : Dworek Sierakowskich, au cœur de Sopot, était organisé par la Société des Amis de Sopot (Towarzystwo Przyjaciół Sopotu) ainsi que le Comité d'organisation de l'anniversaire de Jean-Georges Haffner, composé de Dorota Lamparska, Katarzyna Rauber et Agata Stomma.

« Le 30 septembre 2023, 200 ans après la création de la station de Sopot, sous l'égide de la Société des Amis de Sopot basée au “Manoir” Sierakowski a Sopot, nous avons célébré pour la première fois l'anniversaire de Jean Georges Haffner (248 ans !) pour honorer et commémorer sa précieuse contribution à la création de Sopot et pour sensibiliser aux effets bénéfiques d'une bonne hygiène de vie en bord de mer. », explique Katarzyna Rauber, membre du Comité d'organisation de l'anniversaire de Jean-Georges Haffner, rajoutant que « C'est le début d'un plan à long terme visant à promouvoir une culture de la santé au sens large. »

 

Haffner Sopot Katarzyna rauber Dworek Sierakowskich
Photo : Bénédicte Mezeix pour Lepetitjournal.com/Varsovie. Katarzyna Rauber et Agata Stomma

 

Lors de la soirée, le président du Centre de rhumatologie de Poméranie à Sopot, Tomasz Augustyniak, et Alexis Mojaïsky, conseiller politique de l'ambassade de France en Pologne, ont dévoilé au public une copie centenaire du portrait du Dr Haffner.

Anka Badowska, représentant la conservatrice Karolina Niemczyk-Bałtowska, a détaillé l’histoire de ce tableau.

La présentation de Tomasz Kot, passionné et expert de l'histoire de Sopot, a été suivie par la performance de Lena Gruszczyńska-Wojtczak (soprano) et Irek Wojtczak (piano).

 

comité organisateur Haffner sopot
Photo : Towarzystwo Przyjaciół Sopotu. Katarzyna Rauber, Dorota Lamparska et Agata Stomma, Comité d'organisation de l'anniversaire de Jean-Georges Haffner.

 

Katarzyna Rauber précise que cet événement n’aurait pas pu avoir lieu sans le soutien des différents partenaires, mécènes et parrains :  Musée de Sopot (partenaire), le Centre de rhumatologie de Poméranie à Sopot et l’Ambassade de France en Pologne (mécènes), YAREAL Polska, ZIAJA, BAROMEDICAL, DO BRZEGU (parrains).

 

 

Soprano Pianiste Haffner Sopot
Photo : Bénédicte Mezeix pour Lpj/Varsovie. Lena Gruszczyńska-Wojtczak (soprano) et Irek Wojtczak (piano).

 

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