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Classement PISA 2022 : la Pologne, bon élève, mais résultats en baisse

L’édition 2022 du classement PISA vient juste de sortir et compare le niveau des apprenants de plus de 15 ans en mathématiques, compréhension écrite et sciences naturelles des pays de l’OCDE, en mesurant leurs capacités à utiliser leurs connaissances et compétences dans les 3 domaines mentionnés pour relever des défis concrets et voir leurs aptitudes à être des adultes adaptés à la société. La Pologne, concurrencée cette année par sa voisine l’Estonie, est parmi les meilleurs élèves de l’Europe et affiche de très bons résultats. Cependant, malgré une apparente réussite, les scores révèlent une baisse importante par rapport aux dernières années. Analyse.

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La Pologne affiche d'excellents résultats au classement PISA 2022 bien qu'ils soient en baisse depuis plusieurs années
Écrit par Margot Calisti
Publié le 12 décembre 2023, mis à jour le 4 janvier 2024

En Pologne, les filles dominent en mathématiques

La Pologne est l’un des meilleurs élèves européens du classement PISA 2022.

En effet, en mathématiques, les filles sont à 18 points de plus que la moyenne des pays de l’OCDE, 486 contre 468 et les garçons à 15 points, 492 contre 477, soit une moyenne à 489 pour les Polonais. 

Seules l’Estonie et la Suisse sont parvenues à faire mieux en Europe avec une moyenne à 510 et 508, plaçant la Pologne troisième du classement européen, suivie de près par  les Pays-Bas, l’Irlande, la Belgique, le Danemark, la Grande-Bretagne, l’Autriche, l’Australie, la République tchèque, la Slovénie, la Finlande et la Lettonie. 

En comparaison, la France est bien plus bas avec une moyenne à 474, qui reste cependant toujours au-dessus de la moyenne de l’OCDE à 472,5. 

 

Compréhension écrite, la Pologne garde sa place de bon élève

De même en compréhension écrite, la Pologne est un champion européen avec 15 points de plus pour les filles, 503 contre 488 et 11 points pour les garçons 475 contre 464, soit une moyenne à 489 encore une fois. 

La Pologne est suivie de près dans le classement par les mêmes pays que pour les mathématiques. 

En ce qui concerne l’Estonie, sa moyenne est à 511,5, la plaçant encore une fois devant la Pologne, et celle de la France est à 474, cette fois en dessous des attentes de l’OCDE et de sa moyenne à 476.

 

Sciences nat : la France se rattrape alors que la Pologne galope toujours en tête

Enfin, en sciences naturelles, les Polonais sont encore une fois meilleurs que la moyenne de l’OCDE, avec 15 points de plus pour les filles, 500 contre 485 et 13 pour les garçons 498 contre 485, cumulant ainsi une moyenne à 499.

La moyenne de l’OCDE est à 485, la Pologne est donc largement en tête, et est suivie de près par la Grande-Bretagne, la Finlande, le Danemark, la République tchèque, la Slovaquie, la Suisse et l'Italie, restant tout de même l’un des meilleurs pays européens, mais toujours derrière sa voisine estonienne et sa moyenne à 526.

La France quant à elle a une moyenne à 487,5 et est au-dessus de la moyenne de l’OCDE, mais bien loin de la Pologne et de l’Estonie. 

 

En Pologne, les enfants sont scolarisés moins tôt qu’en France et plus isolés

Si l’on regarde les chiffres prenant en compte les difficultés que les élèves peuvent rencontrer au cours de leur parcours, la Pologne est cependant moins performante quant à leur gestion. En effet, les enfants sont largement moins préscolarisés (87,3%) en Pologne qu’en France (98,4%), qu’en Estonie (96,5%) et que dans la moyenne de l’OCDE (94,2%).

Dans ce même schéma, l’isolement des élèves est plus fort en Pologne qu’ailleurs qu’ils soient défavorisés ou favorisés, avec une moyenne d’isolement de 0,225, quand la moyenne de l’OCDE est de 0,185, celle de l’Estonie de 0,175 et celle de la France de 0,20.

 

Des professeurs qui soutiendraient moins les élèves en difficulté

Les élèves polonais disent recevoir également moins de soutien de la part de leurs professeurs, puisque le pourcentage de différence d’élèves dont le professeur fournit une aide supplémentaire lors des cours est de - 25, 5 en Pologne, quant elle est de -2,6 au niveau de l’OCDE, de -2,9 en France et de -3,5 en Estonie.

Les élèves doivent-ils seulement incriminer les professeurs pour ce manque d'investissement ou est-ce une conséquence du traitement du corps enseignant par les politiques publiques ? 


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Trop de distraction à l’école en Pologne ?

Les apprenants polonais sont également moins nombreux à se sentir en sécurité dans l’enceinte de l’établissement et plus nombreux à être distraits constamment par les appareils électroniques en cours ( 87,5 % se sentent en sécurité et 34,2 % sont distraits) quand la moyenne de l’OCDE est à 89,9 % d’élèves qui se sentent en sécurité et 30,5 % qui sont distrait. En Estonie et en France, ces chiffres sont également inférieurs, puisqu’en Estonie ils sont respectivement de 89,5 % et 28,1% et en France de 91,5 % et de 30,3 %.

 

Une forte baisse des résultats polonais : pandémie ou mauvaises politiques éducatives ?

Même si les Polonais sont des exemples, en arrivant 3e du classement européen en mathématiques ( derrière l’Estonie et la Suisse), en compréhension écrite (derrière l’Estonie et l’Irlande) et en sciences naturelles (derrière l’Estonie et la Finlande), ses résultats sont en baisse de manière alarmante. En effet, en mathématiques, le score de l’OCDE a baissé de 15 points en moyenne par rapport à 2018, mais de 26,7 points en Pologne; en compréhension écrite, l’OCDE voit la moyenne de ses résultats baisser de 10 points  en comparaison avec 2018 quand elle baisse de 23,1 points en Pologne et en sciences naturelles, l’OCDE subit une baisse moyenne de 2 points alors qu’elle atteint 11,9 points par rapport à 2018.

L’explication qui revient le plus est celle de l’impact de la pandémie de Covid-19, entre 2020 et 2021 et de ses restrictions touchant le fonctionnement des écoles, de la possibilité de se rendre en cours et d’avoir un contact présentiel avec le professeur et les autres élèves à la mise en place des classes virtuelles ayant eu une influence indéniable sur l’apprentissage des élèves, selon le vice-ministre de l'Éducation Dariusz Piontkowski. 

D’autant plus que de 2003 à 2018, les élèves de 15 ans en Pologne étaient scolarisés en troisième année d’études secondaires inférieures (gymnasium, équivalent du collège en France), mais que depuis 2018, à l’âge de 15 ans ils sont en première année de lycée ou autres écoles d’enseignement secondaire. Or, un changement d’établissement et de programme ainsi que d’environnement et de classes d’âges environnantes peut être une perturbation supplémentaire à l’apprentissage des élèves. Cette décision de politique éducative est, selon Katarzyna Lubnauer et Krystyna Szumilas, députées du KO, tragique pour le niveau scolaire général polonais, Katarzyna Lubnauer déclare à ce sujet « Après 8 ans de règne du PiS, après la réforme de la ministre Anna Zalewska, nous avons l'impression que la Pologne est passée de la première division à la deuxième ligue. Nous avons détruit le l'ensemble des réalisations de vingt ans, car nous sommes revenus exactement au niveau de 2003. »

 

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