Qui ne connaît pas la Cité des Arts et des Sciences à Valence ? Cet édifice à la forme originale représente à lui seul toute la singularité du travail de Santiago Calatrava Valls. La structure construite en forme d'œil par l’architecte valencien surprend autant qu’elle intrigue. Cette combinaison de béton, de verre et d’acier reflète le regard unique que porte l’artiste sur sa ville, et illustre son travail sur le mouvement en architecture.
Calatrava est un artiste prolifique qui combine plusieurs formes d’art - le dessin, la peinture, la sculpture ou encore la céramique - au service de l’art total qu’est l’architecture.
Une architecture organique et futuriste
À la fois ingénieur, architecte, plasticien espagnol et suisse, Calatrava donne une nouvelle vie aux matériaux et les utilise au-delà de leurs limites traditionnelles. Il puise son inspiration de la nature et du mouvement pour créer une architecture qui mêle l’organique et la futurition. Le dessin et la sculpture lui permettent de réaliser la complexité de ses structures en combinant habilement l’architecture, l'ingénierie et l’art dans un ensemble cohérent et expressif. Ses dessins expriment une idée formelle qui utilise souvent l’anatomie humaine pour valider un concept.
À propos du croquis pour le projet Turning Torso (1995), il écrit : "Pour faire une architecture originale et personnelle ; je dois passer par un travail de recherche qui se matérialise par la sculpture et par le dessin. C’est sur cette base que j’ai créé un vocabulaire original, qui transgresse cette frontière entre architecture et sculpture".
Santiago Calatrava Valls, un artiste valencien de renommée internationale
Santiago Calatrava Valls naît le 28 juillet 1951 à Benimamet. Il étudie à l’Université polytechnique de Valence. Attiré par la rigueur mathématique, il poursuit ses études de 3ème cycle en génie civil et s’inscrit en 1975 à l’Ecole polytechnique fédérale de Zürich. Il gagne son premier concours en 1983 pour la conception et la construction de la gare Stadelhofen à Zürich.
Sa réputation internationale débute avec des projets de ponts, dont le pont Bach de Roda pour les Jeux olympiques de Barcelone en 1984, le pont Alameda et une station de métro à Valence en 1991-1995. Il utilise les courbes et les éléments inclinés. Ses structures démontrent l’intégration du dynamisme à des éléments statiques - le béton et l’acier. Dans ses constructions, il existe toujours un dialogue avec le paysage et le contexte urbain.
La Cité des arts et des sciences, l’oeil de Valence
C’est à Valence, qu’il va, entre autres œuvres, réaliser un complexe de plusieurs bâtiments dont le but premier est de créer un lieu d’échanges et de diffusion : La cité des arts et des sciences. Ce projet comprend un planétarium, un musée des sciences, ainsi qu’une tour de télécommunication de 327 mètres. Ces trois pavillons s’organisent autour d’un axe formé au milieu duquel un chemin piétonnier les traverse.
La forme du bâtiment est inspirée de l’image d’un œil. Le centre est une sphère en béton qui représente la pupille de l'œil. Le bâtiment se réfléchit dans un bassin peu profond permettant de compléter la forme en hémicycle et d’avoir l’image complète d’un œil.
L'œil est un choix intéressant puisqu’il possède une très large symbolique. D’abord, l'œil permet de voir, il est une ouverture sur le monde. C’est l’organe qui assure le lien entre l’intériorité et l’extériorité. Il regarde en avant et permet la projection sur un nouveau millénaire, sur l’avenir. Cet organe peut également faire “un clin d'œil" aux recherches scientifiques à l’étude. L’emploi d’un organe humain comme inspiration pour développer le projet est une méthode qui défie au maximum les lois de la physique et de la nature en architecture. Le mouvement des paupières qui transforme l’atmosphère de l’espace est un bel exemple de l’expression du mouvement.
Les trois matériaux principaux de l’Hémisphère sont le béton, le verre et l’acier. Calatrava choisit le béton comme matériau de prédominance pour le bâtiment. La structure principale de l’ellipse est une énorme surface en béton. La couleur blanchâtre de ce matériau est utilisée pour se fondre avec le ciel et l’eau. Comme Gaudi, Calatrava a utilisé des fragments de tuiles brisées pour cette architecture à Valence. Les paupières rétractables sont composées de verre laminé.
En définitive, nul édifice n’incarne mieux l’ambition organico-futuriste de Calatrava que la Cité des Arts et des Sciences, considérée aujourd’hui comme l’un des emblèmes de Valence. L’artiste y a apposé sa signature indélébile, pour le plus grand bonheur des visiteurs et des Valenciens.