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Julia Tiemann : “La lumière a une place fondamentale dans mes oeuvres”

Une femme avec des cheveux blonds, l'artiste julia tiemannUne femme avec des cheveux blonds, l'artiste julia tiemann
Écrit par Camille Hamentienne
Publié le 17 février 2023, mis à jour le 23 février 2023

À partir du 17 février, l’artiste franco-allemande Julia Tiemann expose plusieurs de ses œuvres à La Base Culture. Elle nous invite à plonger dans son univers pictural. L’occasion d’en apprendre un peu plus sur sa trajectoire artistique, ses passions, et son lien avec Valencia. Rencontre. 

 

À Valencia, on a l’impression que tout est encore possible. Il faut juste trouver les bonnes idées.

Camille Hamentienne : Pouvez-vous m’en dire un peu plus sur vous ainsi que sur votre parcours professionnel et artistique ? 

Julia Tiemann : Je suis artiste peintre et décoratrice de cinéma. Je suis une artiste autodidacte. Je peins depuis toujours, depuis que j’ai 5 ans. C’est ma grande passion ! 

Quand je ne suis pas en tournage de films, je suis dans mon atelier et je peins. Ce n'est pas un loisir, c’est une vraie profession. J’expose un peu partout, en Europe, en Argentine, au Brésil. Je ne suis pas spécifiquement représentée par une galerie. Mais il y a quelques collectionneurs qui me suivent. Je vends en direct et je participe à des expositions collectives. Et je fais aussi des films. J’ai une double vie ! J’ai quitté Paris il y a 3 ans pour m’installer ici, à Valencia. Je suis fixée dans cette ville maintenant. Mais je garde toujours un lien avec Paris.

une toile grise et bleue de l'artiste julia tiemann représentant des motifs abstraits
Je travaille toujours sur des séries. Je fais à chaque fois une trentaine d'œuvres dans la même direction. / Julia Tiemann

 

Pourquoi Valencia ? Est-ce une ville qui vous inspire ? 

Je suis assez nomade de nature. Valencia, c’était une alternative à l’Amérique latine. Je voulais m’installer à Buenos Aires, mais comme la situation économique et politique y est compliquée, ce n’était pas envisageable. Je voulais absolument que mes enfants grandissent dans un pays hispanophone, l’Espagne était un bon compromis. 

Au départ, j’ai visé Barcelone, comme beaucoup de gens. Finalement cela ne me plaisait plus, ce n’est plus la ville que j’avais beaucoup aimée il y a 20 ans. Une amie productrice  m’a parlé de Valencia. Je n’y avais jamais pensé. Ce que j’ai tout de suite aimé à Valencia, c’est qu’on a l’impression qu’il y a de l’espace, qu'il y a encore beaucoup de choses à faire. On peut encore proposer beaucoup de choses. Il y a des places à prendre. C’est cela qui m’a inspiré et qui continue de m’inspirer à Valencia. On a l’impression que tout est encore possible, il faut juste trouver les bonnes idées. 

Je suis très inspirée par la lumière de Valencia et cela se traduit inconsciemment dans mon travail. 

Et qu’est ce qui a changé pour vous depuis que vous êtes arrivée à Valencia ?

J’ai trouvé un peu plus de tranquillité ici. Je continue à voyager. Je pense que Valencia pourrait être superbe s’il y avait encore plus d’ouverture d’esprit, d’ouverture vers le monde extérieur. Cette ville n'est peut-être pas encore assez cosmopolite.

Enfin, ce qui a surtout changé pour moi, c’est la lumière. C’est pour cela que je cherchais aussi à vivre près de la Méditerranée, je suis très sensible à la luminosité, aux ambiances. C’est formidable ici. Je suis très inspirée par la lumière de Valencia et cela se traduit inconsciemment dans mon travail. 

une toile rose avec des motifs abstraits de l'artiste julia tiemann
On voit qu’il y a des surfaces qui sont trouées, qui sont abîmées. Derrière la façade, il y a quelque chose qui se passe. / Julia Tiemann


Vous avez ces deux casquettes d’artiste et de décoratrice de cinéma. Le monde du cinéma inspire-t-il vos œuvres ? 

Effectivement, le cinéma peut m’inspirer, avec les décors que je dois monter et concevoir. Cela me donne des idées que je peux transférer dans la peinture, et même des techniques. Il y a des réalisateurs qui ont vu mon travail d’artiste et qui ont aimé, et ensuite ils m’ont fait travailler dans leur film. Ils ont bien accroché avec ma sensibilité d’artiste. Après, c’est très personnel. L’art c’est très subjectif, ça plaît ou ça ne plaît pas. Mon travail ne peut pas plaire à tout le monde. Dans mon métier, cette sensibilité est aussi très importante. La lumière a une place fondamentale dans mon travail.

 

À propos de cette série Symptômes, en quoi se rapproche-t-elle de vos précédentes séries de peintures ? 

Je crois que ce qui est un peu particulier chez moi, c’est que j’ai des styles différents. Je travaille toujours sur des séries. Je fais à chaque fois une trentaine d'œuvres dans la même direction.

“Symptômes”, c'est une série différente parce que c’est de l’hyper-réalisme, des grands portraits. Si vous regardez bien vous voyez des traces dans ces visages, un peu comme des trous, comme quelque chose qui commence à se décomposer. Il y a des petites traces que j’appelle symptômes. Ce sont les premiers signes qui apparaissent et qui font passer de l’état de vie à l’état de mort.

des portraits de visages noirs suspendus à des fils pour l'exposition "symptomes" de l'artiste julia tiemann
J’aime bien que le spectateur sente qu’il y a quelque chose qui est en train de se passer dans le visage qu’il regarde. / "Symptômes" de Julia Tiemann

J’avais envie de saisir ces moments, ces symptômes qui sont des traces que tout le monde porte. Ce n'est pas forcément négatif. Dans ces visages, il y a quelque chose. Cela ne m'intéresse pas de juste faire une représentation où rien ne se passe. J’aime bien que le spectateur sente qu’il y a quelque chose qui est en train de se passer dans le visage qu’il regarde.

 

On retrouve cette notion de transformation dans vos autres séries “Silverscreens” et “Junglefever”.

Tout à fait, c'est la même chose si vous regardez “Silverscreens” ou “Junglefever”, dont certaines toiles seront à La Base Culture. On voit qu’il y a des surfaces qui sont aussi trouées, qui sont abîmées. Il y a aussi derrière la façade quelque chose qui se passe. On sent qu’il y a une transformation en cours. Pour la série Jungle, qui représente des végétations en train de se dissoudre, on retrouve aussi cet élément de vibration. En réalité, il y a plusieurs interprétations de symptômes, d’un point de vue médical, psychologique, philosophique, spirituel. Ce sont ces symptômes qui apparaissent, qui sortent de la norme, et qui font apparaître l’anomalie. 

Je suis venue à l’inauguration de La Base Culture et depuis je suis l’avancée de ce projet avec beaucoup d'intérêt.

Êtes-vous heureuse d’exposer à La Base Culture ? 

J’ai connu les débuts de La Base Culture. C’est une amie qui m’en a parlé. C’était après la fermeture de l’Institut français à Valencia, que je fréquentais avant et j’y avais déjà des projets d’exposition. On m’a parlé du projet de La Base Culture. J’ai trouvé cette initiative vraiment très intéressante et l’idée de développer et de faire vivre la culture francophone à Valencia me parait très belle. Je suis venue à l’inauguration de La Base Culture et depuis je suis l’avancée de ce projet avec beaucoup d'intérêt. Je suis très heureuse de pouvoir exposer mon art dans l'espace de La Base Culture. 

la façade orange et bleue de la base culture où l'artiste Julia Tiemann expose
Vernissage de l'exposition "Symptômes" de l'artiste Julia Tiemann à La Base Culture ce vendredi 17 février à 19h / Olivier Bennier


 

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