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Media ODV : “Être un artiste, c’est une sorte de passeport”

un homme avec un chapeau en train de peindre sur un mur un homme avec un chapeau en train de peindre sur un mur
Écrit par Léa Carmona
Publié le 26 août 2022, mis à jour le 23 novembre 2024

Valencia est une ville artistiquement riche qui abrite de nombreux talents. Parmi eux, Florian Schneider alias Media ODV. Graphiste, illustrateur, muraliste, ce trentenaire originaire de Reims a plus d’une corde à son arc. Voilà deux ans que son art vibre désormais au rythme de la vie valencienne.

Après avoir vécu jusqu’à ses seize ans à Reims, Florian s’envole pour étudier à l’ISA en Belgique. Deux ans plus tard, il prend racine à Paris pour huit ans. Huit années au cours desquelles il se lancera pleinement dans son art, en faisant de celui-ci son activité principale. Mais la vie parisienne perd de son éclat au fil du temps, alors Florian décide de s’installer à Valencia.

 

Léa Carmona : Pourquoi avoir choisi de venir à Valence ?

Media ODV : Je voulais vivre une expérience vraiment immersive dans la culture espagnole, et Madrid et Barcelone semblaient trop internationales pour cela. De plus, le fait de ne connaître personne m’attirait. C’était une sorte de challenge. La notion de voyage est d’ailleurs très importante dans mon métier. Être un artiste, c’est une sorte de passeport. C’est important de voyager un maximum pour enrichir ses œuvres. Le fait de voir quelque chose nous permet de nous l’approprier avec une certaine légitimité et ce qui se dégage de l’œuvre sera forcément singulier. J’y appose un regard unique et toujours nouveau.

une peinture colorée sur un mur de media odv

 

Valence est-elle une ville inspirante à vos yeux ?

Totalement, oui. Ici c’est une découverte de tous les instants. C’est stimulant. Je suis toujours étonné, émerveillé. Alors cela me donne envie de retranscrire cette fraîcheur à travers mon art. Le quartier du Carmen notamment est très intéressant. Il n’y a pas d’équivalent en Europe. Par exemple, à Paris, ce genre d’endroit ne serait pas accepté. L’art de rue est toléré mais pas forcément légal. Ici, c’est le cas, et c’est vraiment bien. Cela permet de prendre son temps pour la création et de laisser vivre l’œuvre plus longtemps là où ailleurs elle serait recouverte au bout de quelques jours à peine…

J’ai tendance à être plus impliqué et fier de mes créations personnelles depuis que je suis à Valencia.

Quelles sont vos inspirations ?

Mon quotidien valencien, tout simplement. Aujourd’hui, ce que je représente artistiquement, c’est à 90% ce que je vois dans la rue. Par exemple, j’ai une série d’œuvres en cours portant sur le quartier de Russafa. C’est un processus assez long. Je me balade, je prends des photos, je griffonne. Je suis touché par l'environnement qui m’entoure. Je suis attentif aux moindres détails. C’est un travail contemplatif avant tout. J’ai tendance à être plus impliqué et fier de mes créations personnelles depuis que je suis à Valencia. 

 

Quelle est l’œuvre dont vous êtes le plus fier ?

Je n’en ai pas vraiment. Mais récemment, j’étais à un festival. J’avais déjà peint un premier mur, et j’en ai eu un deuxième à faire qui n’était pas prévu. Je pouvais faire ce que je voulais. Alors j’ai décidé de représenter le propriétaire du lieu où se tenait le festival. Pour l’anecdote, c’est un homme de cinquante-cinq ans, retraité des forces spéciales, qui s’est reconverti en gardien de château. Il était passionné d’armes et de petits chats. C’était vraiment une personnalité hors du commun. Je l’ai représenté et ça l’a beaucoup touché. C’est ce que j’ai particulièrement aimé. J’étais attentif à son comportement, ses attitudes, pour pouvoir les représenter au mieux. Et c’est un processus bien plus intéressant que d’aller chercher son inspiration sur internet par exemple. Je ne m’attendais pas à ce que cela le touche autant. Je faisais ça un peu “innocemment” et cela a très bien marché. 

 

Dans quelle mesure votre expatriation a eu un impact sur votre vie personnelle, professionnelle et artistique ?

Personnellement, il y a eu beaucoup de bénéfices au fait de changer d’environnement. Cela permet de se réinventer. Concernant mon art, il est vivant, coloré, pétillant, très illustratif. C’est déjà ce que je faisais auparavant. Mais grâce à cette ville qui est également vivante, colorée et pétillante, cela se reflète encore plus dans mes œuvres. Cela correspond vraiment stylistiquement à ce que je suis, à mon ADN d’artiste. Avant de vivre à Valencia, j’étais dans la productivité. À Paris, je n’étais plus étonné par rien, tout semblait banal, ce qui n’est plus du tout le cas à Valence. Maintenant, je prends mon temps, cela rend mon art meilleur. Cela me rend meilleur aussi, je crois. C’est plus épanouissant. 

 

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