Découvrez les 3 finalistes du Trophée Education des Trophées des Français des Etats-Unis, parrainé par la FASNY.


Avant que les lauréats ne soient dévoilés lors de la cérémonie le 9 octobre prochain au Consulat général de France, découvrez les profils exceptionnels des 3 finalistes du Trophée Education des Trophées des Français des Etats-Unis, parrainé par la FASNY. Qui succèdera à Aude Pacini ?
Dounia Abbadi, Directrice Scientifique de Regerna Therapeutics (New York)
Dounia Abbadi est une chercheuse passionnée dont le parcours illustre un engagement profond dans la lutte contre les maladies musculaires. Après avoir obtenu son doctorat en avril 2016 à l’Université Toulouse III Paul Sabatier, elle a décidé, en février 2017, de traverser l’Atlantique pour débuter un postdoctorat à la NYU Grossman School of Medicine, où elle s’est consacrée à l’étude du processus de régénération musculaire.
Elle explique que « dès la naissance, nous utilisons nos muscles, et à chaque mouvement ou effort physique, de petites lésions peuvent survenir. » Cependant, grâce à des cellules souches spécifiques appelées cellules satellites, le muscle possède « cette capacité extraordinaire à se régénérer et à réparer ses blessures. » Sa recherche s’est concentrée sur le déclin de cette capacité avec l’âge ou dans certaines maladies, un phénomène qui « entraîne une dégradation progressive des muscles » et constitue un « véritable défi économique » pour les systèmes de santé.
Au cours de son postdoctorat, Dounia Abbott a démontré que « la protéine AUF1 régule le développement et la régénération musculaire. » Elle a notamment montré qu’un « supplément d’AUF1 par thérapie génique chez la souris produisait des résultats très prometteurs » pour traiter la perte musculaire liée à l’âge, aux blessures graves, ou à des maladies comme la Myopathie de Duchenne. Ces avancées l’ont conduite avec ses collaborateurs à fonder Regerna Therapeutics, une startup dédiée au développement préclinique de cette approche thérapeutique qui « représente un réel espoir pour les patients souffrant de graves pathologies musculaires. »
Ce qui rend son parcours exceptionnel, selon Dounia, c’est que « cette découverte ouvre la voie à une nouvelle stratégie thérapeutique dans un domaine où peu de traitements sont efficaces. » Elle souligne également l’impact potentiel sur la qualité de vie, précisant que « nous serons tous, un jour ou l’autre, concernés par la perte musculaire, qu’elle soit liée à l’âge, à une maladie, ou suite à une blessure. » En tant que maman de deux enfants, elle confie que l’une des maladies qu’elle étudie, la Myopathie de Duchenne, « me tient à coeur, car c’est une maladie génétique grave qui affecte principalement les garçons » avec une progression dévastatrice. Les résultats précliniques de ses travaux ont montré que sa thérapie pourrait « avoir un impact significatif sur la régénération musculaire, ralentir la progression de la maladie, et améliorer la qualité de vie » des jeunes patients.
Enfin, en tant que Française ayant créé une entreprise aux États-Unis, elle décrit cette étape comme « le rêve de toute une vie » et souligne que « franchir le cap de scientifique à entrepreneure est un véritable défi. » Elle conclut en affirmant que, si son traitement parvient à atteindre le stade clinique, il pourrait « transformer profondément la vie de millions de personnes, en leur redonnant force, autonomie, et une espérance de vie améliorée. »
Pour Dounia Abbadi, derrière chaque recherche en laboratoire se cache « l’espoir de développer un traitement et d’apporter une réelle amélioration à la qualité de vie des patients. » C’est cette conviction qui la rend fière de son métier.
Tiphaine Martin, Chercheuse et assistant-professeur au Mount Sinai (New York)
Tiphaine Martin possède un parcours exceptionnel, riche, atypique et profondément interdisciplinaire, qui croise la science, la technologie, la santé et l’innovation. Elle se décrit comme ayant une vision globale, nourrie par ses expériences diverses à l’échelle internationale, notamment par des collaborations européennes et américaines. Selon elle, « mon parcours à l’international est riche, atypique et profondément interdisciplinaire, à la croisée de la science, de la technologie, de la santé et de l’innovation. »
Son parcours débute par un stage de six mois à l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne, au cours de sa dernière année d’ingénierie en bioinformatique à l’INSA de Lyon. Elle témoigne que cette expérience lui a permis « de découvrir une culture européenne multilingue qui a nourri ma curiosité et mon ouverture. »
Pendant près de dix ans, basée en France, elle a travaillé au sein du Groupement de Recherche Génolevures du CNRS, où elle a été responsable bioinformatique et des infrastructures informatiques, collaborant avec des équipes françaises, allemandes, espagnoles et belges. Elle souligne
que cette expérience lui a permis « de découvrir la richesse des approches scientifiques et culturelles » et lui a valu « une invitation au NIH (États-Unis) pour participer à un effort mondial de standardisation de l’annotation génomique. » Parallèlement, elle a représenté la France dans l’European Grid Initiative, co-rédigeant un livre blanc pour Horizon 2020 sur les besoins en einfrastructures pour les sciences de la vie, ce qui lui a permis « d’approfondir mon engagement en matière de politique scientifique et d’innovation. »
En 2010, face à l’obstacle du financement, Tiphaine a décidé de poursuivre un doctorat à Cambridge puis à King’s College London, au sein de l’équipe du Pr Tim Spector. Elle insiste sur le fait que cette étape a été « marquante tant sur le plan scientifique qu’humain » et qu’elle a travaillé sur des données médicales et multi-omiques dans la plus grande cohorte mondiale de jumeaux.
Cofondatrice de deux conférences, elle a créé des réseaux interdisciplinaires autour de la génomique quantitative et du microbiome, domaines encore peu explorés à l’époque, témoignant de son engagement pour l’innovation. Lors d’une conférence, le Pr Ben Tycko (Columbia University)
lui a proposé un postdoctorat aux États-Unis, qu’elle a accepté pour développer ses projets en oncologie dans une équipe avec un fort lien hospitalier. Avant d’obtenir son visa, elle a passé trois mois en Australie, où elle a optimisé ses méthodes bioinformatiques tout en découvrant les défis sanitaires des populations aborigènes, une expérience qu’elle décrit comme « très enrichissante. »
Depuis sept ans, aux États-Unis, elle a élargi son expertise en immuno-oncologie, biologie moléculaire et entrepreneuriat. Elle raconte : « j’ai conduit plusieurs projets de recherche avec au final 38 publications » et a co-dirigé des initiatives structurantes pour le partage des données médicales d’un système comptant plus de 10 millions de patients.
Sur le plan entrepreneurial, Tiphaine a déposé deux brevets, remporté des prix, et été sélectionnée pour la Moore Innovator Fellowship. Elle explique que cela lui a permis « de mieux comprendre les leviers d’innovation en santé » et de renforcer son réseau dans le secteur. Actuellement, en tant qu’Assistant Professor à Mount Sinai, elle poursuit ses recherches tout en étant très impliquée dans la formation et l’incubation d’idées innovantes. Elle partage : « je suis juge dans une compétition d’entrepreneuriat étudiante et développe une formation à l’innovation dans le domaine du cancer. »
Son engagement diplomatique et scientifique s’est renforcé en 2022 par des échanges avec le CNRS et la représentation de la France à Washington, où elle a plaidé pour un renforcement de la présence française dans le domaine de la santé et de l’innovation. Elle évoque également ses contributions à l’organisation de rencontres entre chercheurs français et américains, telles que le French-American Innovation Day de juin 2025.
Tiphaine Martin souligne que ces expériences ont « façonné ma vision globale de la recherche » et renforcé sa capacité à connecter sciences, pays et secteurs pour faire émerger des projets innovants. Elle se dit fière d’avoir « fait ma thèse à Cambridge malgré un niveau d’anglais modeste à l’époque » et évoque sa contribution à l’évolution de projets en génomique, auto-immunité, oncologie et logiciels bioinformatiques. Elle insiste également sur son engagement envers la jeunesse : en mentorant des lycéens, en soutenant des initiatives pour encourager les femmes dans STEM.
Héloïse Pieaud, Fondatrice de La Maison School of Music (New York)
Héloïse Pieaud a tracé un parcours riche et international, guidé par sa passion pour la musique et l’enseignement. Elle commence son aventure avec un diplôme de bachelor en piano à la Manhattan School of Music, où elle déclare : « J’ai fait mon bachelor de piano à la Manhattan School of Music, puis j’ai enseigné à 50-100 élèves en privé. » Cette expérience de l’enseignement privé lui a permis d’acquérir une réelle proximité avec ses élèves et de mesurer l’impact d’un accompagnement personnalisé.
Souhaitant concrétiser un rêve plus vaste, elle explique : « Je suis retournée en France pour un double diplôme école polytechnique/Hec dans le but de revenir à New York avec les compétences nécessaires pour ouvrir une école de musique. » Son objectif était clair : combiner l’excellence pédagogique et commerciale pour créer un lieu dédié à la transmission musicale.
Durant plus de deux décennies, elle a étudié, enseigné et joué dans plusieurs pays — des conservatoires de Toulouse, Paris, New York, des masterclasses en Russie et en Norvège — ce qui lui a permis d’affirmer : « Chaque endroit m’a appris quelque chose sur la musique et la pédagogie, et j’ai compris que chaque méthode a quelque chose à offrir… mais aussi quelque chose à remettre en question. » Elle évoque aussi la naissance de son projet : « C’est à ce moment-là que l’idée de La Maison est née : un lieu où toutes ces influences et cultures peuvent se rencontrer, où discipline et joie travaillent ensemble, où tradition est honorée mais réimaginée pour une nouvelle génération. »
En 2024, elle fonde La Maison School of Music à New York, dans un bâtiment de 13 000 m² sur l’Upper East Side. Elle partage : « La Maison a été créée sur la conviction simple que la musique enseignée avec soin et liberté peut changer une vie. » Elle précise encore : « Je voulais un espace où chaque élève puisse apprendre à son propre rythme, avec profondeur et sens. » Son engagement ce traduit dans son enthousiasme : « En moins d’un mois, nous avons reçu plus de 150 demandes, ce qui montre l’intérêt pour une approche différente de l’éducation musicale. »
Héloïse souligne l’aspect humain de son projet : « Ce qui me rend le plus fière, ce ne sont pas seulement les grands accomplissements, mais aussi ces petits moments quotidiens — transformer une situation stressante en sourire, calmer un enfant nerveux, ou réparer une fuite juste avant une porte ouverte. » Elle insiste sur la dimension communautaire : « Chaque année, nos étudiants participeront à des événements de charité pour redonner à la communauté. »
Pour elle, la réussite réside dans ces petites victoires du quotidien, où « faire sentir à quelqu’un qu’il est vu, entendu, et encouragé » est la véritable clé du changement. Elle conclut en affirmant : « La musique, quand elle est enseignée avec attention et liberté, peut véritablement changer une vie. »
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