Malgré la dénatalité, le système éducatif japonais reste très empreint de tradition morale et de compétition. Cela en fait un des plus élitistes et performants au monde. Aujourd’hui, nous vous proposons un tour d’horizon de la scolarité au Japon, de la crèche à l’université.
La rentrée scolaire sous les cerisiers en fleurs
Le Japon est, avec la Corée, un des rares pays de l’hémisphère nord où la rentrée se fait au printemps. L’année scolaire débute la première semaine d’avril.
Elle se découpe en trois longs trimestres :
- Ichigakki : d’avril à juillet, suivi de 30 à 40 jours de vacances d’été
- Nigakki : de septembre à décembre, avec 10 jours de vacances d’hiver autour de Noël et jour de l’an.
- Sangakki : janvier à mars, avec 11 jours de vacances de printemps entre deux années scolaires, sans devoirs à faire à la maison.
Il y a donc beaucoup moins de vacances qu’en France.
Il n’y a pas de redoublement dans le système scolaire japonais. À chaque âge correspond un grade ou niveau. Tout enfant né entre le 2 avril et le 1er avril de l’année suivante est scolarisé dans la même classe. L’école est obligatoire de l’âge de six ans à l’âge de quinze ans. Au lycée, la scolarisation n’est plus obligatoire. Cependant, 96,9 % des jeunes japonais de 17 ans sont scolarisés, contre 86,8% pour la moyenne de l’OCDE.
Les rythmes scolaires sont semblables à ceux de l’Europe du Nord, école le matin et activités l’après-midi. Selon l’âge des enfants les horaires varient de 8h30 à 15h30. La plupart des écoliers participent à des clubs d’activités parascolaires après les cours ou le samedi.
Ces clubs peuvent être sportifs, artistiques ou culturels. Ils sont auto-gérés par les enfants et permettent de développer leur appartenance au groupe, le savoir-vivre en société, la notion de communauté et la répartition des rôles au sein d’un collectif.
Le seifuku, 制服, uniforme scolaire japonais
Contrairement à une idée reçue, le port de l’uniforme n’est pas obligatoire au Japon. Il est, néanmoins, très répandu dans l’enseignement secondaire et supérieur.
Chaque établissement a le sien ou plutôt les siens. Il y a un uniforme d’été, un uniforme d’hiver, un uniforme pour les cours d’éducation physique et un pour les compétitions sportives. Les couleurs sont toujours sombres, du noir au gris en passant par le bleu nuit.
C’est un marqueur social. Il est à la charge des familles et représente parfois un coût non négligeable dans les frais de scolarité.
Dans les établissements les plus traditionnels, il s’accompagne d’un règlement interdisant les bijoux et le maquillage, régissant la longueur des chaussettes ou la coupe de cheveux.
Le hoikuen, 保育園, halte-garderie sous la tutelle du ministère de la Santé.
C’est un système de crèches accueillant les enfants dès l’âge de 56 jours. On peut y rester jusqu’à l’âge de six ans. Dans la plupart des grandes villes ces garderies affichent complet. N’hésitez pas à postuler le plus tôt possible auprès de votre mairie.
Les plages d’ouvertures varient mais sont généralement assez larges afin d’accueillir les enfants dont les deux parents travaillent à plein temps ou ceux venant de familles mono-parentales. Les frais de garde dépendent des revenus.
Les Hoikuens du service public sont gérés par les collectivités locales, préfectures, mairies ou quartiers. Les structures dépendant du secteur privé sont diverses. Elles peuvent dépendre d’une association, d’un organisme religieux ou d’une entreprise. Certaines sont agrées, d’autres pas.
Depuis la réforme de 2006, certains Hoikuens dispensent aux enfants âgés de trois ans et plus, un enseignement préscolaire identique à celui des écoles maternelles. La plupart se limitent à un service de garderie.
Le yōchien, 幼稚園, sous la tutelle du ministère de l’Éducation.
C’est l’équivalent japonais de notre école maternelle. Il est beaucoup plus facile d’y trouver une place. Cependant, quelques écoles, publiques ou privées, font passer des tests de sélections aux parents et aux enfants. Certains yōchiens garantissent à leurs élèves une entrée automatique dans l'école primaire affiliée, puis dans le secondaire et ainsi de suite jusqu'à l'université !
Les écoles maternelles fonctionnent uniquement le matin. Il faut venir chercher son enfant après le déjeuner. Cependant, certaines organisent des activités parascolaires ou des systèmes de garderie en après-midi.
Depuis une loi de 2019, le yōchien est gratuit. Il n’y a plus, en théorie, de frais de scolarité. Dans les faits, il y a souvent des frais d’inscription, en plus de la cantine, des uniformes ou des fournitures scolaires.
Là encore ces structures ne sont pas toutes agréées. Ce n’est pas forcément un signe de mauvaise qualité. C’est le cas, par exemple, de la plupart des écoles internationales.
Le shōgakkō 小学校, l’école primaire
Les écoliers rentrent au primaire en avril, après leur sixième anniversaire, pour une durée de six ans.
Les écoles primaires sont à 99% publiques. Le quartier dans lequel vit la famille détermine en grande partie l'école de l’enfant. C'est une bonne idée de rechercher les écoles associées au lieu de résidence avant de s’installer quelque part.
À l'école primaire, les élèves commencent à apprendre les matières de base telles que la lecture, l’écriture et l’arithmétique. Le sport, l’art et la musique sont également des matières importantes. De plus, un accent est mis sur la moralité et la construction communautaire, des cours sont dispensés sur le sujet.
Depuis 2020, l’anglais a fait son apparition dans les matières enseignées en fin de primaire.
Les classes comptent 30 à 40 élèves mais se divisent souvent en petites équipes pour des activités ou des excursions.
Les écoliers sont reconnaissables avec leur randoseru (ランドセル). Un gros cartable en cuir très rigide que l’enfant gardera jusqu’au collège. Le bouschi, 帽子 chapeau jaune vif afin d’être vus des automobilistes est souvent obligatoire sur le chemin de l’école. À l’intérieur ils troquent leurs chaussures pour des uwabaki, 上履き. Ces pantoufles spéciales aux embouts colorés sont également portées dans le secondaire.
Le chūgakkō, 中学校, le collège
À l’âge de 12 ans, les enfants rentrent au collège pour une durée de trois ans.
Comme en France, les enseignants sont alors spécialisés dans une seule matière. Les élèves restent dans leur salle et les enseignants se déplacent d’une classe à l’autre. Les matières principales sont le japonais, les mathématiques, l’anglais, les sciences, les études sociales (histoire, économie, géographie), l'éducation physique, la musique et les arts.
Une classe compte 40 élèves au maximum. Elle est divisée en petits groupes de six ou sept, les han. Les membres d’un han étudient, mangent et s'engagent dans les activités ensemble. Ils sont collectivement responsables de l’action de leur groupe.
Dans le cadre de leur éducation, les élèves préparent et servent le repas à leurs camarades de classe. Après la pause déjeuner, en petits groupes, tous les enfants nettoient les salles de classe, les couloirs et les toilettes, et ils ramassent les déchets dans la cour. C’est le soji (掃除) du nom d’une pratique datant des monastères zens.
L’état d’esprit du secondaire est très compétitif. La pression sociale pour être parmi les meilleurs de la classe est très forte. Cette pression vient du système éducatif, des familles ou des collégiens eux-mêmes. Beaucoup suivent des cours du soir en dehors du temps scolaire.
La part du privé reste faible, 10 à 15 %, mais concentre quasiment tous les établissements d’élite. Ces collèges permettent à leurs élèves d'entrer directement dans les lycées affiliés pour préparer les concours d’accès aux meilleures universités.
Le kōkō 高校, le lycée
Le lycée se fait également en trois ans. Il y a différents types d’établissements : des lycées généraux et des lycées spécialisés, agricoles, industriels ou commerciaux. La filière technologique est un peu différente. Elle se déroule généralement en cinq ans.
À ce stade, la part du privé représente entre 25 et 30%.
L’équivalent du baccalauréat français, est le Daigakenyugakehigun. Littéralement, le concours d’entrée aux grandes écoles Daigakkō 大学校, et universités, Daigaku, 大学 ou 大學. Ce diplôme valide la réussite du cursus scolaire et conditionne l’entrée dans le supérieur.
Dans un système très élitiste le graal est d’intégrer les universités les plus prestigieuses. C’est-à-dire, les universités publiques de Tokyo, Tōdai 東大 et de Kyoto, Kyōdai 京大, ou certaines universités privées.
Beaucoup de ceux qui échouent passent une ou deux années supplémentaires après le lycée, en classe préparatoire privée afin de préparer à nouveau ces concours.
Pour en savoir plus sur l’enseignement supérieur, lire notre dossier "Étudier au Japon"