C’est dans un atelier au rez-de-chaussée d’un ancien studio de ballet converti en sharehouse que Shimpei a installé son studio. Il y pratique un art encore méconnu du grand public jusqu'à il y a quelques années : le tufting. Avec l’avènement des réseaux sociaux, cette technique artistique s'est fortement développée.
Le tufting désigne la technique de tuftage / touffetage, c'est-à-dire l’implantation de la laine, brin à brin avec un pistolet à aiguille sur un support tendu. Ce pistolet manuel, pneumatique ou électrique, recouvre la toile dans un mouvement de va-et-vient et finit par créer un dessin. Certains qualifient cela de ‘’tapis artistique’’.
Shimpei a toujours aimé créer des choses depuis son plus jeune âge. Pendant ses années d'études, il étudie la confection de vêtements. Mais son intérêt se déplace de la création à la vente. Il lance donc une fripe vintage en ligne puis à Harajuku mais du coup s’éloigne de la création. Cependant au fil du temps, il ressent qu’acheter et vendre des produits ne laisse aucune trace durable et c’est alors qu’il se tourne vers le tufting tout en y intégrant l’art traditionnel japonais.
Un échange entre Shimpei artiste de tufting et Lepetitjournal.com.
Quelle est votre source d'inspiration ?
Je trouve que l'art japonais laisse souvent voir la beauté dans des éléments subtils de la nature, et cette perspective est précieuse aujourd'hui.
Dans notre époque souvent frénétique, simplement s'intéresser et prêter attention aux petites choses de la vie quotidienne, comme les changements de saisons, les variations des plantes, les couleurs et la beauté des oiseaux et des fleurs, peut enrichir notre vie.
En redonnant vie à l'art japonais d'une manière adaptée à notre époque, plus moderne, j'espère susciter chez les gens un intérêt pour cet art et les encourager à l'apprécier davantage.
Comment avez-vous commencé le tufting ?
J'ai découvert le tufting sur les Reels d'Instagram. J'ai d'abord été attiré par l'aspect amusant de la chose et j'ai essayé de recréer cet art en m'inspirant de ce que je voyais.
Le premier projet que j'ai réalisé était un bonsaï. J'ai choisi cet arbre parce que je pensais que la texture de la laine et celle des feuilles de bonsaï se marieraient bien. De plus, je voulais simplement avoir un tapis unique.
En voyant le résultat final, j'ai trouvé que l'équilibre subtil entre l'esthétique wabi-sabi de l'art japonais et l'aspect doux et comique du tufting était intéressant. Cela m'a conduit à créer des œuvres inspirées de peintures japonaises et d'ukiyo-e.
Combien de temps prenez-vous pour créer une œuvre ?
Pour les grandes pièces, il me faut environ 3 à 7 jours, les petites pièces peuvent être finies en 1 à 2 jours.
Préférez-vous que vos œuvres soient perçues comme des meubles ou de véritables œuvres d'art ?
Je pense que le tufting deviendra une nouvelle technique de peinture à part entière.
Je veux établir mes œuvres non pas simplement comme des tapis pour l'intérieur, mais comme de véritables œuvres d'art.
Avec le concept de "tableaux tactiles", je souhaite que mes œuvres soient accrochées au mur et appréciées comme des peintures.
Comment choisissez-vous vos motifs ?
Cela dépend de mon humeur du moment, mais en général, je décide d'abord du thème que je souhaite pour la prochaine exposition, puis je crée des œuvres cohérentes en fonction.
Vos œuvres sont-elles exposées ou en vente ?
Oui ! Actuellement, certaines de mes œuvres sont exposées dans une galerie à Ginza, et j'ai l'intention d'organiser des expositions personnelles où mes œuvres seront également mises en vente.
Avez-vous une prochaine exposition prévue ?
La date précise n'est pas encore fixée, mais je prévois une exposition au Japon à la fin de cette année. Je souhaite également organiser des expositions personnelles à l'étranger à l'avenir.
Nous remercions Shimpei pour le temps qu’il nous a accordé.
Plus d’informations : Instagram: @nag_rug