Entre chocs culturels et apprentissages, « Eiko in Paris » est une véritable petite pépite d’humour, pleine de tolérance et de joie de vivre. La BD publiée sur Webtoon relate les aventures d’une Japonaise venue vivre à Paris et dépeint les travers de deux sociétés que tout oppose avec bienveillance. Rencontre avec l’auteure, Eiko Maekawa, qui a gentiment accepté de répondre à nos questions.
Pouvez-vous expliquer votre parcours du Japon à la France en quelques mots ?
Hahaha, c’est assez compliqué… Je suis venue à Paris pour faire deux ans d’études de mode. Avant de terminer ma deuxième année, je me suis lancée dans la création d’une marque d’accessoires de mode. Ça a marché, mais j’étais trop jeune, je n’avais aucune expérience professionnelle. J’en ai eu vite marre de ce business car les sociétés qui me proposaient des collaborations ne pensaient qu'à l'argent. Du coup, j’ai tout arrêté pour chercher d’autres choses à faire, dans lesquelles je pourrais me servir de mes compétences de façon plus large. C’était un long chemin à faire et je suis passée par une période hikikomori, etc.
Vous racontez en Bande dessinée les différences culturelles entre Japon et France avec une grande justesse, sans jamais tomber dans la caricature d’un côté ou de l’autre. Comment vous est venue cette idée ?
J’ai passé mon enfance au Japon et je me suis construite en France en tant qu’adulte. En quittant le Japon, j’ai commencé à voir mon pays avec un autre regard, à la fois positif et négatif. Pareil pour la France. J’ai pensé que ce serait drôle de déconstruire les clichés de ces deux pays à travers le dessin. Parce qu’il y en a tellement !
Vous publiez « Eiko in Paris » sur Webtoon et avec un éditeur c’est bien ça ? Comment êtes-vous passé de vos études de mode à la publication de Bande dessinée ?
Je dessinais déjà en parallèle de mes études de mode. J’ai d’ailleurs fait quelques planches pour les magazines de mode. Dessiner a toujours été ma passion, mais je ne voyais pas vraiment de but à mes créations. Mon compte Instagram est un bel exemple de mes recherches personnelles pour trouver ce « pourquoi » je dessine. Lors du lancement de la plateforme en version française, Webtoon m’a proposé de faire une série et je me suis donc lancée ! (« Eiko in Paris » est en effet ma deuxième BD chez Webtoon.)
Votre compte Instagram se nomme « cliché. parisiens ». Quels sont vos « clichés français » et « clichés japonais » préférés ?
Il y a un cliché français ultra répandu chez les Japonais : un Français ne possède que 10 vêtements. En vérité je n’ai jamais rencontré de Français comme ça, mais énormément de Japonais y croient encore. Côté cliché japonais : les Japonais ne disent jamais non. Depuis que je suis à Paris, j’ai adopté le mode parisien, les gens sont parfois choqués quand je décline leurs demandes.
Vous parlez de politique et d’actualité (écologie, coronavirus, JO) aussi bien en France qu’au Japon. Votre BD est-elle bien accueillie en France ? Allez-vous faire (ou y a-t-il déjà) une version japonaise ?
Oui, je pense. Parfois il y a des commentaires hystériques sur le sujet traité, mais je les observe sans ressentiment et avec beaucoup de curiosité, car cela me fait une collecte de données qui reflète l’état de la société. C’est vraiment intéressant. En tout cas, je ne cherche pas à plaire aux autres, surtout dans la création ! Le français n’étant pas ma langue maternelle, j’ai plus de recul et de facilité à m’exprimer librement. D’ailleurs, Webtoon ne veut pas trop corriger mes fautes....
Quand je poste sur mon compte Instagram, une traduction japonaise est toujours disponible en commentaire. Pour l’instant, je n’ai pas de projets d’édition avec le Japon, mais Webtoon existe aussi en version japonaise : Line manga. Si la plateforme me le propose, je serai heureuse de faire la traduction de mes séries.
Instagram d’Eiko Maekawa |
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Avez-vous d’autres projets (en cours ou à venir) qui utiliseront votre connaissance des deux cultures ?
Je suis en train de préparer un long récit sur les enfants parisiens. J’ai travaillé en tant qu’animatrice dans une école élémentaire à Paris. Cette expérience m’a fait bien réfléchir sur mon enfance, sur l’actualité en France et la mémoire de la guerre. Je n’ai pas encore d’éditeur pour celui-ci, mais je vais le trouver !
Autre chose que vous souhaitez ajouter ? Qui vous tient à cœur ?
Je me rends compte que le Japon est une île et une société vraiment close, notamment en raison de sa langue et d’une économie autocentrée. Je m’inquiète sérieusement pour l’avenir de mon pays pour plein de raisons.
Merci encore à Eiko Maekawa de nous avoir accordé son temps !
Si vous souhaitez suivre les aventures d’Eiko in Paris, vous pouvez retrouver un chapitre par semaine sur la plateforme Webtoon. Vous pouvez également suivre le compte Instagram/journal d’Eiko Cliché. parisien.