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Laurence Bigot "A Singapour j'ai dû me réinventer professionnellement"

Laurence BigotLaurence Bigot
@ Carole Caliman
Écrit par Laurence Huret
Publié le 21 mars 2021, mis à jour le 11 octobre 2021

Juriste dans l’immobilier et la construction, Laurence Bigot a mis sa carrière entre parenthèses en suivant son époux expatrié dans la cité-Etat il y a 22 ans. Maman de deux filles scolarisées au LFS (IFS), à son arrivée à Singapour elle s’est investie bénévolement au Lycée Français, au sein de la Commission Parents, du groupe humanitaire et du comité de la fête du lycée, avant d’être élue au Conseil Exécutif. Avec beaucoup de chance mais aussi d’opiniâtreté, elle a su rebondir professionnellement et est aujourd’hui Responsable des projets immobiliers au sein de l’International French School Singapore.

 

Dans quelles circonstances êtes-vous arrivée à Singapour ? Depuis quand ? 

Juriste dans le secteur de l’immobilier et de la construction, j’ai dû, comme beaucoup de conjoints expatriés, quitter mon emploi à Paris pour suivre mon mari qui était muté à Singapour. C’était en 1999 pour un contrat de 3 ans… et cela fait presque 22 ans… Lorsque nous sommes arrivés, nos filles avaient 6 ans et à peine 3 ans. Elles ont eu la chance de faire leur scolarité au LFS (devenu IFS) et elles sont parties faire leurs études supérieures au Royaume Uni. Elles vivent et travaillent maintenant à Londres. Nous sommes donc seulement tous les 2, mon mari et moi, à Singapour depuis quelques années.

 

laurence bigot
Laurence Bigot 

 

Quels souvenirs gardez-vous de Singapour dans les années 2000 ? Quels sont les évènements qui vous ont le plus marquée ? 

Singapour a énormément changé depuis la fin du siècle dernier. Ce qui m’a le plus marquée est le développement des infrastructures. Il faut vous imaginer Singapour sans Ion, l’Esplanade, le MBS, Clarke Quay et j’en passe, et où lorsque vous alliez diner à Lau Pa Sat, vous étiez au bord de la mer/Singapore river. Sentosa est également un exemple flagrant : en 1999 entre la plage de Siloso qui était déjà grandement aménagée et celle de Tanjong qui était en cours de développement, il n’y avait absolument rien : la jungle et la plage uniquement. Nous ne pouvions d’ailleurs y accéder que par téléphérique, le pont était réservé uniquement aux cars de touristes. Oubliez Universal, le Casino et la multitude d’hôtels et restaurants, il n’y avait rien… et bien sûr le LFS (IFS) n’avait qu’un seul campus (AMK3000) flambant neuf, avec 750 élèves de la PS à la Terminale.

Par ailleurs, au niveau culinaire, si vous vouliez trouver des produits français (en quantité très limitée) il fallait aller à Carrefour.  Et oui, il y avait 2 Carrefour à l’époque (Plaza Singapura et Suntec). C’était pratiquement le seul endroit où on trouvait du fromage digne de ce nom et quelques autres produits, mais la gamme de choix restait très restreinte. Tous les étés, nous revenions de nos vacances en France avec des valises remplies uniquement de nourriture. Cela ne nous viendrait même plus à l’esprit de nos jours.

Evidemment et c’est d’actualité, nos années à Singapour auront été marquées par les différentes crises sanitaires : le SARS, H5N1, H1N1, Haze, etc…. Bien sûr les mesures sanitaires à ces époques étaient moins drastiques ou plutôt moins longues que ce que nous vivons actuellement, mais il a fallu s’adapter à ces situations qui nous sont complétement inconnues quand vous avez vécu seulement en Europe auparavant.

Beaucoup plus récemment, un évènement qui m’a beaucoup marqué est le décès de Lee Kuan Yew. Voir tout un peuple pleurer son père fondateur, son héros, son idole était très émouvant. Mais ce fut également le début d’une nouvelle ère engendrant de nouvelles interrogations sur l’avenir et le devenir de la cité-Etat.

 

laurence bigot
 Baie de Singapour 2000-2020

 

A quels challenges professionnels et personnels avez-vous dû faire face?

Comme beaucoup, il a fallu se réinventer professionnellement, même si j’ai eu beaucoup de chance… Au début pensant rester seulement 3 ans, j’avais décidé de faire un break professionnel tout en restant active. Je me suis de suite engagée auprès du LFS (IFS) en tant que membre de la Commission Parents, du groupe humanitaire et du comité de la fête du lycée pour finir en tant que membre du Conseil Exécutif. Parallèlement, j’ai suivi des cours d’anglais au British Council afin de passer des diplômes qui (je pensais) seraient un plus sur mon CV à mon retour en France. Lorsque nous avons décidé de rester au-delà des 3 ans contractuels, j’ai recherché du travail dans mon domaine mais je n’ai pas trouvé. J’ai alors eu la chance de rentrer au LFS (IFS) en tant que salariée cette fois, en charge des AES et de la Communication et lorsque le lycée a commencé à s’agrandir, j’ai postulé et obtenu le poste de responsable des projets immobiliers.

Au niveau personnel, les premiers temps ont été difficiles. Mon activité professionnelle me manquait cruellement et je ne trouvais pas vraiment ma place malgré tous mes engagements et activités. Tout est redevenu « normal » du jour où j’ai repris le chemin du travail. Par contre, je me suis de suite sentie à l’aise et en sécurité dans cette ville et j’en apprécie toujours autant tous les bons côtés.

 

laurence bigot
Impression d’artiste des 2 campus @ IFS

 

Quel appui vous ont apporté les différentes institutions françaises ?  Notamment le Lycée Français ?

Comme indiqué auparavant, je dois énormément au LFS (IFS). En tant que maman car mes filles y ont eu une scolarité exceptionnelle qui leur a permis de rentrer dans les plus grandes universités du Royaume Uni. Et bien sûr en tant que salariée, je remercie le lycée qui m’a donné la chance de pouvoir retrouver une activité professionnelle et élargir mes compétences et connaissances.

Je n’ai pas vraiment eu à avoir recours aux autres institutions, mais je sais qu’elles sont toutes très actives et d’une grande qualité.

 

Comment voyez-vous la situation actuelle à Singapour ? Quel est l'impact sur le plan professionnel et familial ? 

Cette pandémie aura été la pire de toutes celles connues dans le passé. Evidemment, comme d’habitude, Singapour a su gérer et éviter le pire.

Sur le plan professionnel, il a fallu (et il faut toujours) s’adapter à toutes les mesures successives, mais l’IFS a su gérer toute cette crise avec beaucoup d’efficacité et de professionnalisme.

Sur le plan familial, comme tout le monde, l’éloignement avec la famille et particulièrement avec nos filles est très difficile à vivre. Il faut beaucoup de force et résilience mais par moment, c’est le moral qui reprend le dessus et il est difficile de rester positif. Heureusement que nous avons aujourd’hui tous les moyens de communication qui nous permettent de rester en contact permanent. Malgré tout, cela ne remplace pas la présence physique. Nous vivons avec l’espoir que des améliorations arriveront dans les mois prochains.

 

Comment envisagez-vous votre avenir ? 

L’avantage de cette longue expatriation est que j’ai pu découvrir l’Asie, dont je suis tombée complètement sous le charme, et spécialement la Thaïlande.

Avant la pandémie, mon rêve pour la retraite était de passer 6 mois en Europe et 6 mois en Asie. Je ne sais pas si cela était vraiment réalisable mais à l’époque je ne me posais pas vraiment la question et je me disais que j’avais encore le temps d’y penser sérieusement.

Avec la pandémie, nous pensons revenir aux valeurs sures et s’assurer un retour en France dans les meilleures conditions possibles. Sous quel délai ? aucune idée… quand un contrat de 3 ans se transforme en 22 ans, il n’y a plus aucune certitude ou crédibilité sur les délais…

 

20 ans lepetitjournal.com
Dans le cadre de l’anniversaire des 20 ans de lepetitjournal.com, l’édition de Singapour a souhaité donner la parole et mettre en lumière des Français et francophones résidant à Singapour depuis une vingtaine d’années.

 

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