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Des boues d’épuration à l’hydrogène vert : la révolution écologique de Singapour

Chaque année, les stations d’épuration françaises génèrent 1,8 million de tonnes de boue. Une gestion complexe pour ces déchets souvent destinés à l’épandage agricole. Mais à Singapour, une équipe de chercheurs a mis au point une technologie révolutionnaire en convertissant les résidus en hydrogène vert et en protéines destinées à l’alimentation animale.

Photo d'une motte de terre avec une tigePhoto d'une motte de terre avec une tige
Écrit par Jean Bodéré
Publié le 25 mars 2025, mis à jour le 26 mars 2025

Chaque année, la France génère près de 1,8 million de tonnes de boues issues des stations d’épuration, soit l’équivalent de 60 kilos par seconde. Composés à 52 % de boues industrielles et à 48 % de boues urbaines, les résidus proviennent du traitement des eaux usées réparties dans 500 stations sur le territoire. Leur volume a fortement augmenté depuis le début des années 2000, passant de 850.000 tonnes de matière sèche par an à près du double aujourd’hui.

Utilisées à 73% en épandage sur les terres agricoles dans l’Hexagone, la gestion des résidus du traitement des eaux usées pose de nombreux défis environnementaux. Pour y répondre, des chercheurs de l’Université Technologique de Nanyang (NTU), à Singapour, ont mis au point un procédé novateur permettant de transformer ces boues en hydrogène vert et en protéines destinées à l’alimentation animale grâce à un processus alimenté par l’énergie solaire.

 

 

Photo d'un scientifique

 

 

Une innovation en trois étapes made in Singapour

La méthode développée repose sur un processus en trois phases combinant mécanique, chimie et électrochimie solaire. Dans un premier temps, un broyage permet de fragmenter les boues avant un traitement chimique destiné à séparer les métaux lourds des composants organiques. Vient ensuite une transformation électrochimique sous l’action d’électrodes spécialisées qui permet d’extraire des éléments comme l’acide acétique, prisé par les industries pharmaceutiques et agroalimentaires, ainsi que l’hydrogène, qui joue un rôle croissant dans la transition énergétique. Grâce au système mis au point par la NTU, l’extraction des ressources est alors optimisée, les contaminants métalliques sont entièrement éliminés et l’empreinte environnementale considérablement réduite.

 

 

Un tracteur dans les champs

 

 

Une piste pour la France ?

En France, la gestion des boues d’épuration repose largement sur leur utilisation en agriculture. Mais il s’agit d’une solution contestée en raison des risques de contamination par des micropolluants. L’apparition de nouvelles techniques, comme celle développée à Singapour, offre alors une alternative prometteuse, en valorisant les déchets d’une manière plus durable et plus écologique. Toutefois, le coût du procédé électrochimique demeure un frein à l'expansion de la méthode, tout comme l’intégration d’un système aussi sophistiqué dans les infrastructures actuelles de traitement des eaux.

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