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Violences gynéco-obstétricales en Italie : la maltraitance des femmes

un médecin et sa patiente sur un lit d'hôpitalun médecin et sa patiente sur un lit d'hôpital
Écrit par Karine Gauthey
Publié le 11 octobre 2021, mis à jour le 12 octobre 2021

Tout au long de leur vie, les femmes doivent rencontrer un gynécologue, qu’il s’agisse d’un suivi classique, d’un dépistage des maladies sexuellement transmissibles ou des cancers génitaux et mammaires, de problèmes liés aux menstruations ou d’endométrioses, de divers traitements ou de questions liées à la sexualité ou à la contraception. 

Depuis quelques années, l’OMS note une multiplication de pratiques violentes et/ou irrespectueuses à l’encontre des femmes, que ce soit au cours d’une consultation ou lors de l’accouchement : manque de respect, stigmatisation, attitude de discrimination, culpabilisation, soins non consentis, la liste est longue. Selon l’anthropologue Françoise Hatier, ces violences sont les plus invisibles et les plus naturalisées dans notre société et font partie des dispositifs d’appropriation du corps des femmes.

 

En Italie, la dénonciation des violences gynéco-obstétricales prend de l’ampleur en septembre 2017, à la suite d’une conférence de presse présentant les résultats d’une enquête demandée par l'Observatoire sur les Violences Obstétricales (OVOItalia), La Goccia Magica et CiaoLapo. Cette demande faisait elle-même suite au mouvement lancé sur les réseaux sociaux  #Bastatacere, qui souhaitait recueillir divers témoignages de violences gynéco-obstétricales.

 

Des chiffres significatifs 

L'Observatoire sur les Violences Obstétricales a publié les résultats de son enquête, il apparaît que 21% des femmes interrogées ont affirmé avoir subi des violences gynéco-obstétricales (environ 100 000 femmes chaque année), 61% indiquent avoir eu une épisiotomie (1 femme sur 2) sans avoir été préalablement informées sur cette procédure, 41% estiment que l’assistance qu’elles ont reçue a porté atteinte à leur dignité, 6% disent ne plus vouloir avoir d’enfant, conséquence directe de leur expérience d’accouchement traumatisante.

 

Les réactions de certains obstétriciens-gynécologues n’ont pas traîné, et ceux-ci remettent tout d’abord en cause l’utilisation du terme “violence” qui, selon eux, dénigre leur profession. Par ailleurs, ils tiennent à souligner que ces violences n’ont jamais été prouvées et ne voient dans ce débat qu’un combat politique. Les militantes, quant à elles, dénoncent ces milieux conservateurs italiens qui ne veulent pas reconnaître ce qu’ils ont pourtant sous leurs yeux.

 

Des divergences dans les pratiques du nord au sud

 

Lorsque les femmes ne reçoivent pas d'information sur la péridurale, elles se sentent privées de leur droit de choisir, de leur droit à l'auto-détermination.

Elena Skoko, fondatrice de l'Observatoire sur les violences obstétricales. 

 

Certains médecins insistent pour que les femmes accouchent naturellement, ainsi, à moins de devoir subir une césarienne, la péridurale n’est pas systématiquement proposée.  Le taux de césarienne avoisine les 40% dans le sud de l’Italie, alors qu’il devrait être aux alentours de 20%. Une patiente du sud de l’Italie, qui a souhaité préserver son anonymat, raconte qu’on lui a refusé l’accès à une péridurale après plus de 25 heures de travail ; alors que la naissance de son enfant, qui pesait près de 4,5 kg, devenait de plus en plus compliquée. Son cas n’est pas isolé dans les régions du sud de l’Italie, où les femmes ont moins accès à la péridurale que dans le nord. En effet, dans le nord, le taux de patientes ayant accès à la péridurale au moment de leur accouchement est de plus de 25%, tandis que dans le sud, moins d’une femme sur 10 peut prétendre à la péridurale. 

 

Le président de l’Association des anesthésistes italiens, Alessandro Vergallo, explique que la péridurale reste un analgésique trop peu proposé dans de nombreux hôpitaux du pays. Cela s’expliquerait par le manque de personnel et en raison de la méfiance culturelle concernant la péridurale. L’Italie se donne pour objectif de recruter davantage d’anesthésistes, ce qui pourrait coûter environ 200 millions d’euros à la sécurité sociale et pourrait avoir une répercussion négative sur les petites maternités qui seraient fermées sur le long terme.

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