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NO TAV – "Nous résisterons jusqu’au bout"

Écrit par Lepetitjournal Rome
Publié le 30 juin 2011, mis à jour le 14 novembre 2012

La tension monte dans le Val de Suse. Suite à un ultimatum européen, l'Italie doit démarrer les premiers chantiers de construction de la ligne ferroviaire Lyon-Turin le 30 juin. Mais les NO TAV, farouches opposants au projet, font preuve de résistance et de détermination. Qui sont-ils, pourquoi et comment agissent-ils ? Les réponses à vos questions sur les NO TAV et la crise dans le Val de Suse

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Qui sont les NO TAV ?

Ce mouvement est né il y a 22 ans contre la construction de la liaison ferroviaire européenne Lyon-Turin dans le Val de Suse. C'est ce seul but qui réunit des personnes très différentes. Des jeunes et des plus âgés, des militants plus ou moins modérés, des écologistes, des agriculteurs? Ils viennent principalement du Val de Suse et de Turin mais aussi un peu du reste de l'Italie. "Vous seriez surpris de voir à quel point les NO TAV connaissent le sujet et s'informent" nous confie Paolo Mattone du comité NO TAV de Turin. Ils sont soutenus par des experts (scientifiques, ingénieurs, universitaires, économistes de renom), des associations (Legambiente, WFF Italia, Italia Nostra) et des personnalités (Beppe Grillo) mais n'ont pas le soutien des partis politiques nationaux. "C'est à cause des relations douteuses entre la politique, les entrepreneurs et la mafia" suggère un militant. Les NO TAV sont très nombreux (entre 20.000 et 50.000 aux manifestations les plus suivies) et sont des activistes du quotidien engagés pour préserver leur environnement proche. Très ancien, organisé et actif, le mouvement NO TAV italien est le plus actif d'Europe.

Quelles sont leurs revendications ?

Pour Simonetta Zandiri, journaliste NO TAV spécialiste de l'information sur le sujet, la TAV (train à grande vitesse) Lyon-Turin est "une escroquerie colossale et une opération inutile". Selon leurs études, les contestataires pensent que les travaux seront longs, gênants et coûteux pour une ligne qui sera sous-exploitée. Mais ce sont surtout les risques sanitaires et environnementaux qui les poussent à résister. Selon les experts NO TAV, les montagnes du Val de Suse sont formées de roches pouvant contenir de l'amiante et de l'uranium, substances toxiques et très dangereuses pour l'Homme. L'environnement de la région pourrait être également bouleversé par les chantiers (dégagement d'azote, particules en suspension ou problèmes hydrauliques). Les contestataires craignent également que les projets renforcent les activités mafieuses dans la région.

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Solidarité et résistance du mouvement NO TAV dans les manifestations (photo Resistenza Viola Piemonte)

Face à l'imminence de l'ouverture des chantiers, la résistance NO TAV s'intensifie

Les NO TAV, organisés en comités, font des manifestations, des pétitions et des campements pacifiques. Mais depuis quelques jours la situation a changé. Le 22 juin, le vice-président de la Commission Européenne, Siim Kallas, a envoyé à Altero Matteoli, ministre italien des Infrastructures et des Transports, une lettre qui sonne comme un ultimatum. L'Italie doit démarrer les chantiers à Chiomonte-La Maddalena le 30 juin. C'est la condition pour que le projet de la TAV franco-italienne soit validé et que les fonds européens soient accordés. La France attend elle aussi que son voisin transalpin démarre les travaux pour que le programme ne soit pas annulé. L'Italie a donc décidé d'agir. Les forces de l'ordre (1.000 policiers, 600 carabiniers, 200 membres de la Garde des finances) ont été réparties dans le Piémont pour faire tomber les zones d'occupations NO TAV. Les membres du mouvement espèrent résister jusqu'au 30 juin pour faire tomber le projet. "Nous avons réussi en 2005 à Venaus à faire échouer la mise en place des travaux, nous réussirons à Chiomonte" explique Paolo Mattone.

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Le mouvement NO TAV lutte depuis 22 ans contre la mise en place de la ligne de train Lyon-Turin (photo lepetitjournal)

Une guerre entre NO TAV et forces de l'ordre

L'ultimatum européen a créé une véritable guerre entre contestataires et policiers. Les NO TAV ont érigé des barricades et fermé d'énormes portails en fer que la police italienne tente de percer avec des tronçonneuses, des grues et des pelles mécaniques. "Le dialogue est impossible, notre acharnement depuis 20 ans a fini par excéder les SI TAV qui n'espèrent plus nous faire changer d'avis" explique Paolo Mattone. Gaz lacrymogènes ou hélicoptères, les moyens déployés pour déloger les NO TAV sont plus ceux d'une guerre que d'une manifestation. Si on ne sait pas encore combien de NO TAV sont blessés, selon la préfecture de police de Turin, environ 25 policiers auraient été blessés dans les affrontements. Sur un ton convaincu, Simonetta Zandiri affirme "Nous résisterons jusqu'au bout car nous savons que nos actions sont efficaces. Depuis 20 ans, la ligne ferroviaire ne s'est pas faite, ce n'est pas aujourd'hui qu'elle se fera".

Valentine Patry (www.lepetitjournal.com/turin) mercredi 6 juillet 2011

Pour en savoir plus sur les NO TAV :

Site officiel NO TAV - Le comité NO TAV de Turin ? Le blog de Beppe Grillo

Pour en savoir plus sur la situation actuelle :

La Stampa ? Diaporama : les NO TAV résistent contre les forces de l'ordre

La Repubblica ? Les forces de l'ordre envoyées sur place pour lancer les chantiers

Il Sole 24 Ore ? L'ultimatum européen

lepetitjournal.com rome
Publié le 30 juin 2011, mis à jour le 14 novembre 2012

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