Qu'il soit eros, phileo ou agapao, lorsqu'il s'agit de peindre l'amour, les cinéastes redoublent d'imagination pour explorer les méandres de la grammaire visuelle et mettre des images sur les mots, nos émotions, nos désirs et nos fantasmes les plus étranges. Découvrez la sélection du Petit Journal à découvrir à l'occasion de la plus célèbre des journées de l'Amour.
Pazze di me (Fausto Brizzi, 2013)
Pazze di me, en français « Folles de moi » est une comédie romantique racontant les mésaventures romantiques d’Andrea, un jeune homme ayant grandi auprès de sept femmes au caractère bien trempé, toujours promptes à se mêler de sa vie amoureuse. Lorsqu’il rencontre Giulia, il décide de se faire passer pour un orphelin, afin de se prémunir de son encombrante famille. Co-écrite par Federica Bosco et Marco Martani, Pazze di me est une comédie à l’italienne tout ce qu’il y a de plus typique. Drôle et décalé, ce film est l’assurance d’une bon moment à passer, tout en légèreté.
Primo Amore (Matteo Garone, 2004)
Vittorio, un orfèvre obsédé par un idéal de beauté ancré dans la maigreur de la femme, rencontre Sonia et l’amène à perdre du poids de manière excessive. Manipulant son esprit et l’isolant méticuleusement de son environnement naturel, il installe une dangereuse dynamique de codépendance et brise peu à peu toutes les défenses de son amante, afin de mieux la contrôler. Bien que remontant à 2004, Primo Amore offre un portrait saisissant des relations abusives et dévoile le fonctionnement destructif des rapports de domination hommes-femmes.
18 Regali (Francesco Amato, 2020)
Lorsqu’une jeune femme, enceinte de son premier enfant, apprend qu’elle est en phase terminale d’un cancer, cette dernière décide de préparer 18 présents d’anniversaires pour sa fille. Inspirés de faits réels, cette histoire touchante séduit par son apparente sobriété et la simplicité de son scénario.
L’ultimo Paradiso (Rocco Ricciardulli, 2021)
Inspirée d’une histoire vraie, L’ultimo Paradiso narre l’histoire d’un fermier des années 50, tombé amoureux de la fille d’un riche propriétaire terrien. Attaché à la terre de ses ancêtres, il rêve d’une vie meilleure et plus juste, mais voit rapidement ses rêves et perspectives d’avancement social s’effondrer. Avec ses accents sombres et passionnés, ce film de Rocco Ricciardulli offre une magnifique scénographie nous exposant une Italie du sud aux paysages secs et désertiques.
The App (Elisa Fuksas, 2019)
Nicolò Melzi d’Eril, un jeune acteur italien appartenant à la haute bourgeoisie romaine, voit sa vie basculer après le téléchargement d’une application de rencontres qui l’entraîne dans une spirale autodestructrice. Avec son aspect « Black Mirror », le scénario d’Elisa Fuksas intrigue et déroute, cependant les intrigues secondaires sont parfois superficielles et maladroites.
Pane, amore e... (Dino Risi, 1955)
Après l’échec de son mariage, le maréchal des logis Antonio Carotenuto, coureur de jupons notable, décide de retourner dans sa ville natale de Sorrente, afin d’y devenir commandant des gardiens de la paix. Il réalise alors que sa maison de famille est occupée par une séduisante veuve qui n’a pas sa langue dans sa poche, et qui est bien décidée à continuer d’occuper les lieux. Ultime épisode du triptyque Pain, Amour… initié par le réalisateur Luigi Comencini et retraçant les déboires romantiques du maréchal Carotenuto (Vittorio de Sica), Pane, amore e… est un superbe monument de l’âge d’or du cinéma italien.
Bar Giuseppe (Giulio Base, 2019)
Un gérant de station de service originaire des Pouilles ayant récemment perdu son épouse, peine à s’occuper de son entreprise seul. Il engage alors Bikira une jeune fille de 18 ans, arrivée depuis peu en Italie avec ses parents adoptifs. Malgré leur grande différence d’âge, Giuseppe et Bikira tombent amoureux l’un de l’autre et se marient au grand dam de leur village. Peu de temps après, la jeune femme admet être enceinte tout en affirmant n’avoir jamais été touché par aucun homme. Portrait d’un amour inconventionnel, cette « Nativité » moderne fut présentée lors de la 14ème édition du Festival du cinéma de Rome.
L'Ami de la famille (Paolo Sorrentino, 2006)
Geremia, un vieil usurier amoral, repoussant, et riche utilise son influence pour abuser et humilier son entourage. Avare et casanier, cet homme à l’hygiène plus que douteuse vit reclus avec sa mère dans une demeure dont les murs tombent en misère. Lorsqu’un jour l’un de ses voisins souhaite lui emprunter de l’argent afin d’organiser un fastueux mariage à sa fille Rosalba, Geremia tombe sous le charme de cette dernière et tente de la séduire. Dans ce film, le réalisateur de Youth (2015) poursuit sa réflexion sur la superficialité et l’amoralité de l’être humain esclave de ses passions.
Moglie e marito (Simone Godano, 2017)
« Moglie e marito » est une comédie italienne dans toute sa splendeur. Alliant romance et comédie, ce film ne brille pas particulièrement par l’originalité de son scénario basé sur le fameux « échange des corps », dont il existe pléthore de reproductions, aussi bien au cinéma qu’en littérature. Pourtant, ils offrent des angles d’analyses très intéressants quant aux rapports genrés et à l’attribution des comportements décrits comme « féminins » et « masculins ». Si cette comédie romantique ne vous fait pas beaucoup rire, elle vous donnera au moins l’occasion de débattre…
La Ragazza Dalla Pelle Di Luna (Luigi Scattini, 1972)
Alberto, un ingénieur et son épouse Helen, une photographe professionnelle, décident de se rendre aux Seychelles afin de sauver leur mariage, sans savoir qu’ils se sont en réalité embarqués pour un voyage sans retour. Bien que ce film ayant lancé la carrière de l’actrice Zeudi propose une mise en scène visuelle et symbolique tout à fait exceptionnelle, il abreuve également le spectateur de clichés coloniaux et fétichistes, sous-couvert de réalisme visuel. Ce film demeure néanmoins intéressant si l’on souhaite mieux comprendre les mécanismes de représentation des corps féminins non-blanc ainsi que de leur hypersexualisation.