Pour répondre à la forte demande intérieure et exporter ses produits agricoles, la Chine mise sur les avancées technologiques et la modernisation de son agriculture. Cela inclut l'utilisation de la biotechnologie, de la numérisation et de l'intelligence artificielle. L'objectif principal est de garantir la sécurité alimentaire et réduire les inégalités entre les zones rurales et urbaines. Analyse.
La Chine, géant agricole mondial
La Chine est l’un des premiers pays producteurs agricoles mondiaux : elle est le 1er producteur notamment de blé, de porc, de volailles, et le 2e de maïs. Sa production impacte donc directement les marchés mondiaux en cas de variation forte et soudaine. Si la Chine produit plus de nourriture que n'importe quel autre pays du monde, elle en consomme également davantage. Ainsi, le président de l'Académie Chinoise des Sciences Agricoles (CAAS), Kongming Wu, déclarait-il : "La Chine doit nourrir près de 20 % de la population mondiale avec 9 % des terres agricoles et 6 % et de l'eau douce de la planète. D'autre part, le changement climatique, la rareté des terres et des ressources en eau, la perte de biodiversité, ainsi que la volatilité des prix des denrées alimentaires au niveau mondial menacent la production alimentaire durable".
Avancées technologiques et génie génétique en Chine
Grâce aux avancées technologiques et aux développements des biotechnologies, la numérisation, l'intelligence artificielle et les nanotechnologies, la Chine dispose de nouvelles options pour améliorer la productivité agricole, optimiser l'utilisation de l'eau et des terres, améliorer la qualité alimentaire et réduire les déchets et émissions de gaz à effet de serre. Selon Kongming Wu, ces efforts ont déjà porté leurs fruits, avec une contribution de 62,4 % de l'agrotechnologie à la croissance de la production agricole chinoise en 2022. Cela fait de la Chine l'un des pays les plus avancés technologiquement dans le domaine agricole.
Parmi les innovations développées par la CAAS, on trouve notamment des variétés de riz à maturation très précoce, telles que Zhongjia Zao 33, ainsi que des variétés tolérantes à la chaleur. Ces variétés permettent un développement plus rapide et une augmentation du rendement en grains, tout en résistant aux températures extrêmes liées au changement climatique, assurant ainsi la sécurité alimentaire nationale et mondiale.
La CAAS se consacre également à l'amélioration des méthodes de production animale. Par exemple, le canard, célèbre dans la cuisine de Pékin, a fait l'objet de modification génétique les canards pour éviter l'alimentation forcée traditionnelle utilisée dans la préparation du canard laqué. Grâce à cette sélection génétique, le canard de Pékin "type Z" à alimentation libre, offre une alternative plus respectueuse de la cause animale.
Restructuration de l'agriculture en Chine
Toujours selon Kongming Wu, les ménages agricoles à petite échelle sont prédominants en Chine, et il est nécessaire de mettre en place une structure opérationnelle entièrement modernisée pour faire grandir l’agriculture. L'agriculture reste principalement constituée d'exploitations familiales, avec une taille moyenne de 0,6 hectare et de nombreuses unités de transformation peu modernisées. Pourtant se développent aujourd'hui des structures de grande envergure, telles que les fermes comptant 10 000 vaches ou plus de 1 000 truies, ainsi que de grands groupes agro-alimentaires.
Les autorités chinoises ont accéléré la restructuration du secteur agricole par des politiques volontaristes qui mobilisent des aides publiques diverses. Cette restructuration implique la disparition d'un grand nombre d'exploitations agricoles familiales au profit de fermes plus performantes. L'exode rural facilite cette évolution, avec le seuil des 50% de population urbaine dépassé en 2011 et un objectif fixé à 70% d'ici 2030 par les autorités. En raison des écarts de revenus entre les zones urbaines et rurales, ainsi qu'entre les provinces côtières et celles de l'intérieur, la question sociale du développement rural et de la réduction des inégalités entre les zones rurales et urbaines devient néanmoins une priorité politique pour les dirigeants chinois.