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À New York, Nathalie Gerschtein, une femme présidente chez L’Oréal

Nathalie GerschteinNathalie Gerschtein
Nathalie Gerschtein (c) Rich Gilligan
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Publié le 31 mars 2022, mis à jour le 1 avril 2022

C’est en 1977 que les Nations-Unies reconnaissent officiellement le 8 mars comme la Journée internationale du droit des femmes. Depuis quatre ans, Le Petit Journal New York étend cette journée dédiée aux femmes et aux droits de la femme sur tout le mois de mars. Cette année, notre nouvelle édition floridienne se joint à nous.

Ainsi, durant ce mois de mars 2022, de nombreuses femmes francophones de New York, de Floride et plus largement des États-Unis sont mises à l’honneur dans nos colonnes, avec le soutien du cabinet d’expertise comptable Orbiss, cofondé par une femme, Laurence Ruiz.

 

Entrée chef de produit il y a 20 ans chez l’Oréal Paris, Nathalie Gerschtein est, depuis 2019, présidente de la plus importante des quatre divisions de l’Oréal, aux États-Unis. Portrait d’une femme à la carrière époustouflante, menée sur plusieurs continents.

 

Présidente de l’Oréal

Nathalie Gerschtein (c) Rich Gilligan

 

La brillante carrière de Nathalie Gerschtein

L’Oréal est sans doute parmi les entreprises les plus connues au monde. Entreprise de beauté numéro 1 dans le monde, elle emploie pas moins de 85 400 employés. L’Oréal, ce sont 35 marques mondiales, 517 brevets déposés en 2021, une présence dans plus de 150 pays et un chiffre d’affaires de 32,28 milliards d'euros. Et c’est dans cette prestigieuse entreprise — véritable fleuron français — que Nathalie Gerschtein navigue depuis deux décennies.

Elle entre chez l’Oréal en 2002 avec plusieurs motivations « la première était que je voulais absolument faire une carrière internationale et j’ai choisi une société qui me le permettrait. Ensuite, peu de gens le savent, mais L’Oréal a été créé par un scientifique. Aujourd’hui, nous avons autant de personnes travaillant en laboratoire que de personnes travaillant en marketing, » explique-t-elle. « Je suis rentrée en marketing chez l’Oréal Paris, dans la filiale France où j’ai été chef de produit, puis chef de groupe ». Elle est ensuite nommée, à 27 ans, directrice marketing de L’Oréal Paris France, à l’époque, l’une des plus grosses business units au monde pour le géant de la cosmétique. « L’Oréal est une structure où tout le monde travaille ensemble. Cela a été une très belle aventure humaine dès le début, il y a un esprit start-up dans une grande entreprise. »

Après sept années à la filiale France, on lui propose une autre opportunité, à portée européenne. Toujours basée à Paris, elle devient directrice marketing de la marque Garnier pour l’Europe, « j’avais 28 pays dans ma zone avec une équipe de directeurs marketing régionaux qui me reportaient, je voyageais toutes les semaines, ce qui fut très enrichissant, je me suis retrouvée challengée. Chez L’Oréal, on apprend très vite à sortir de sa zone de confort. C’est ce que je fais aujourd’hui avec mes équipes. Trouver le juste milieu entre la zone de confort et la zone de stress. Il y a cet espace entre les deux qui est vraiment la zone de croissance, et nous essayons toujours de mettre nos collaborateurs dans cette zone précise ». C’est en occupant ce poste qu’elle découvre la richesse européenne et les différences culturelles. Ce qui lui confirme son envie de partir à l’étranger.

« J’avais très envie de partir dans un pays émergeant », explique-t-elle. Nathalie Gerschtein est nommée en Inde, d’abord General Manager de l’Oréal Paris, puis de Garnier. Une expérience riche. Culturellement, professionnellement et humainement. « Il faut faire preuve de tolérance et d’écoute pour la culture qui nous accueille sans renier notre propre culture, ce fut ma balance au-fur et à mesure de mes expériences à l’étranger. »

En Inde, Nathalie Gerschtein découvre un marché différent, des habitudes de consommations aussi très différentes. « J’ai beaucoup appris, tout n’a pas été facile, mais ce fut fantastique de travailler dans un pays en pleine croissance.  »

Durant les trois années qu’elle passe en Inde, elle et ses équipes transforment la filiale « nous avons ouvert une deuxième usine ainsi qu’un centre de recherche, nous avons créé des équipes de développement et nous avons recruté des talents locaux qui évoluent toujours dans le groupe. Je me suis toujours appliquée à recruter des talents locaux surtout sur des postes de direction. C’est très satisfaisant de les voir progresser dans l’entreprise ».

Puis, c’est vers la Thaïlande — la plus grosse filiale d’Asie du Sud-est — qu’elle s’envole. Elle découvre « un marché de la beauté très développé, à l’écoute des tendances coréennes et japonaises, où le marché skincare et maquillage est très important, avec un paysage retail très divers ». Elle reste cinq ans dans ce pays où elle devient maman. Elle est d’abord general manager pour la division de produits grand public, puis elle devient CEO L’Oréal Thaïlande - Laos - Cambodge. « Je m’occupais de nos quatre divisions ainsi que des fonctions corporate. » Une autre expérience extrêmement riche.

En 2018, c’est un autre continent qui lui est proposé, l’Amérique du Nord. « On m’a proposé de prendre la division de produits grand public aux États-Unis et donc la direction de notre première division dans notre première filiale ».

L’Oréal, c’est une division luxe, une division produits professionnels, une division cosmétique active, et une division consumer products. La plus importante. En 2019, elle est nommée présidente de cette dernière division qui compte 1600 collaborateurs. « C’est beaucoup de fierté par rapport à la confiance que l’on me donne et aussi beaucoup de fierté par rapport à mes parents ».

Quand elle prend ses fonctions de présidente, elle a coeur de moderniser la façon de travailler, parfois mécanique. Elle invente un slogan qu’elle souffle à ses collaborateurs ‘break the auto-pilot’. « Il y a avait beaucoup de choses à faire pour être plus moderne pour notre business et dans notre façon de travailler. » L’idée : revenir à l’essence de ce qui est fait et se demander si ce qui est fait est encore la bonne chose pour être leader de la beauté pour les prochaines décennies. « J’ai insufflé un esprit de prise de risque, d’entrepreneuriat. Ce qui fut une bonne chose puisque le Covid est arrivé un an après. Nous étions déjà passés à l’e-commerce, au digital. »

Être prêts pour l’avenir, pour rester numéro 1 de la beauté ? Un des leitmotivs de Nathalie Gerschtein.

 

Nathalie Gerschtein

Nathalie Gerschtein (c) Rich Gilligan

 

Une entreprise engagée

Chez l’Oréal, la politique égalité femme-homme, mais aussi d’inclusion et de diversité a été engagée il y a de nombreuses années. « Je suis très fière de travailler pour une entreprise qui a de très bons résultats financiers, mais aussi une très bonne performance extra-financière. »

En effet, L’Oréal se pose en modèle d’égalité et d’inclusion. Un travail de longue haleine entrepris il y a trois décennies. Aujourd’hui, 55 % des positions stratégiques du groupe sont occupées par des femmes, L’Oréal arrive en 4e position du classement Equileap Global Gender Equality. En 2021, L'Oréal figure pour la quatrième année consécutive dans l'indice Bloomberg Equality ; l'indice qui met en évidence les entreprises qui font preuve d'un engagement proactif envers le leadership féminin et le vivier de talents, la parité salariale entre les sexes, la culture inclusive et les politiques de harcèlement sexuel.

L’Oréal joue également un rôle essentiel dans les groupes de réflexion dirigés par les employés de L'Oréal USA , des think tanks tels que L 'Oréal for Women, Women in Leadership in Operations ou Women in Technology. De plus, L'Oréal USA propose un minimum de 16 semaines de congés payés pour les mères et de 8 semaines pour les autres parents — pères et coparents. « Nous sommes vraiment à l’écoute et très pro-actifs sur toutes ces questions depuis 30 ans,» se réjouit Nathalie Gerschtein.

Elle aussi est engagée, professionnellement et personnellement. « Je viens de rentrer au conseil d’administration de DermTech, une société américaine de biotech basée en Californie et côtée au Nasdaq. Ils ont crée un nouveau produit en dermatologie pour lequel ils sont en ‘early market commercialisation’ et donc, dans une phase où ils ont besoin de développer leur notoriété et des stratégies marketing différentes. Je suis la première française à être entrée au bord de cette société, en octobre dernier. Nous nous demandons souvent, en tant qu’expatriés, si nous sommes légitimes dans des pays qui ne sont pas les nôtres, aussi, je suis très honorée de les avoir rejoints », explique Nathalie Gerschtein.

Une femme à la tête d’une brillante carrière, sur plusieurs continents, dans une des plus belles entreprises françaises.

 

Par Rachel Brunet

 

Le « Mois de la Femme » 2022 est soutenu par le cabinet d’expertise comptable Orbiss