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Jean-Pierre Schmitt « remettre le saxophone au coeur de l’orchestre »

Saxophone classique Saxophone classique

Jean-Pierre Schmitt est chef d’orchestre et co-fondateur de « Classical Saxophone Project ». Ce Parisien, installé à New York depuis 1988, fait partie des hommes du « Mois de l’Homme » du Petit Journal New York.

 

Du Conservatoire de Paris au Carnegie Hall

Jean-Pierre Schmitt est né et a grandi à Paris. D’une mère violoniste, il découvre la musique classique, laquelle ne la quittera jamais. « J’ai grandi à l’époque où Malraux a créé les conservatoires publics ». Il débute avec le violon au Conservatoire de Versailles avant d’intégrer le Conservatoire international de Paris. D’élève, il devient ensuite professeur et enseigne à son tour le violon, tout en se découvrant une passion pour la direction d’orchestre qu’il étudie sous la direction du célèbre Jean Fournet. « En 2010, j’ai retrouvé le numéro de Jean Fournet qui vivait alors à Amsterdam, j’ai repris contact avec lui et lui ai rendu visite à deux reprises, 40 ans après avoir été sous sa direction » confie Jean-Pierre Schmitt.

En 1988, Jean-Pierre Schmitt s’envole pour New York, un peu par hasard. « J’avais des amis qui vivaient ici et ils souhaitaient passer un an à Paris. Ils m’ont proposé d’échanger nos appartements et j’ai accepté » raconte le chef d’orchestre. Arrivé à New York, et après avoir pris un congé sabbatique du Concert L’amoureux et du Conservatoire de Paris, Jean-Pierre Schmitt part à la rencontre de la ville qui va devenir sa nouvelle scène, mais il ne le sait pas encore. « À une soirée au Consulat, l’Attaché culturel de l’époque me souffle qu’il n’y a pas d’école de musique à tendance française à New York et qu’il y a peut-être quelque chose à explorer » se souvient le maestro. Cette idée en tête, Jean-Pierre Schmitt réalise qu’il y a en effet une place à prendre dans cette ville qui le séduit un peu plus chaque jour. « J’ai trouvé un studio à louer au Carnegie Hall et j’ai monté une école de musique. Nous avons commencé avec trois professeurs. Et puis ça a grandi ». De 1988 à 2008, l’école prospère. « Nous y enseignions la musique, le chant ». Quelques mois avant la crise, le Carnegie Hall réussit là où il avait échoué en 1970, faire sortir tous les artistes et récupérer leurs studios pour s’agrandir. « Nous avons trouvé un local à midtown, c’était plus cher, mais nous pensions que c’était tout de même possible ». Sauf que la crise est arrivée « en une semaine, nous avons perdu la moitié de nos élèves » se souvient Jean-Pierre Schmitt.

 

Classical Saxophone Project

Il en faut toutefois plus pour décourager celui qui a conduit des orchestres comme l’Orchestre Philarmonique de Macédoine ou l’Orchestre Philharmonique d’Oryol en Russie. Aux États-Unis, il a conduit le Classical Chamber Orchestra of Connecticut, le New York Lawyers’ Orchestra. Maestro Schmitt, comme on dit dans le jargon, a aussi mené à la baguette The Monte Vista Chamber Orchestra au Texas ou encore The Louisiana Chamber Orchestra.

Avec Javier Oviedo, saxophoniste américain, il crée en 2007, le Classical Saxophone Project. Et au-delà de leur amour pour le saxo, tous deux se retrouvent autour d’une autre passion commune, mais aussi d’un véritable leitmotiv : remettre le saxo dans son répertoire classique. Au pays du jazz, ça aurait pu paraître un peu fou. 

Le Classical Saxophone Project rappelle que le saxophone s’inscrit dans un registre de musique classique, et fait donc la promotion de cet instrument dans son domaine originel. Concerts et enregistrements, organisés et produits par le duo amoureux du saxophone, permettent ainsi de remettre cet instrument à sa place : dans un orchestre de musique classique. Au-delà des concerts joués un peu partout dans le monde, ils créent le concept de « saxophone 101 ». Dans les hôpitaux, les écoles, les bibliothèques, ils jouent et racontent l’histoire du saxophone, cet instrument, né en Europe et qui a inspiré Claude Debussy pour « Rhapsodie pour orchestre et saxophone », Maurice Ravel dans le célèbre « Boléro », Serge Prokofiev pour son ballet « Roméo et Juliette » et bien d’autres encore.

En janvier 2020, Classical Saxophone Project s’envolera pour Prague où ils enregistreront « Samsara » de la compositrice française Hélène Rasquier. Enregistrement pour lequel ils viennent de lancer une campagne de crowdfunding.

Conduire, jouer, transmettre l’histoire du saxophone, commissionner de nouvelles pièces écrites par des compositeurs émergents, c’est ça la vie de Jean-Pierre Schmitt. Dans la ville des artistes, dans une ville où tout est possible...

 

Merci cher Jean-Pierre de faire partie des hommes du « Mois de l’Homme » du Petit Journal New York.

 

Article rédigé par Rachel Brunet - rédactrice en chef du Petit Journal New York

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