Romain Palmieri était la semaine dernière au Consulat de France à New York où il a fièrement posé avec un gros chèque de $10,000, le premier prix du French American Entrepreneurship Award qu’il a décroché. Avec deux autres anciens de Berkeley, ils sont les co-fondateurs de Groover, une plateforme à travers laquelle les artistes du monde entier peuvent se faire connaître auprès des professionnels de l’industrie de la musique, eux-mêmes, toujours à la recherche de nouveaux talents. Rencontre avec Romain Palmieri, CEO de Groover.
L’équipe Groover (c) Laurie Bisceglia
Trois Français derrière Groover
C’est sur les bancs de Berkeley, en Californie, que le trio se rencontre. Ils s’appellent Romain Palmieri, Dorian Perron et Rafael Cohen. En plus de brillantes études, ils partagent une passion : la musique. « J’avais un groupe et j’avais créé un label, » explique Romain. Une passion familiale, son père est membre d’un groupe de rock. « Dorian avait un média de mise en avant d’artistes et Rafael faisait des clips pour des rappeurs ».
Proches des artistes, ils connaissent parfaitement la complexité que rencontrent ces derniers à faire découvrir leur talent auprès des professionnels de l’industrie. Un véritable chemin de croix que le trio prend à coeur de faciliter. « Nous avons commencé à réfléchir à ce que nous pourrions faire pour résoudre le problème des artistes. Nous avons appelé à peu près 200 artistes entre les États-Unis et la France au tout début du projet. Nous avons été à l’écoute de leurs besoins et avons cherché quelle pourrait être la solution à leur problème. Nous avons réalisé que l’industrie musicale avait favorisé la simplicité de production et la simplicité de distribution en ligne. Nous sommes passés d’un éco-système de 20,000 à 60,000 morceaux qui sortent quotidiennement sur les plateformes, ce qui rend encore plus difficile la visibilité des artistes. Nous avons décidé de créer une solution de promotion musicale améliorée, simplifiée, transparente, bienveillante et efficace pour les artistes. C’est ainsi qu’est venue l’idée de Groover ».
Accompagner les artistes
Avec 100 artistes au début de l’aventure Groover en 2019, aujourd’hui, ce sont quelque 100,000 artistes qui font confiance à la plateforme. Concrètement, un artiste ou un représentant d’artiste — qu’il soit label, manager ou attaché de presse — envoie un morceau, un album à une liste de contacts choisie au préalable, qui sont des médias et des professionnels de l’industrie musicale. L’artiste débloque un budget pour sa campagne, « en général, c’est un budget qui va entre 50 et 200 dollars. Chaque artiste choisit son budget par contact, nous assurons que les artistes aient un retour de la part des contacts sélectionnés dans la semaine, à minima. Il y a donc une assurance d’écoute », détaille le Français.
Et de rajouter, « du côté des professionnels, notre valeur est de simplifier leur expérience de découverte. Groover est une plateforme beaucoup plus agréable que d’aller dans les centaines et centaines de mails qu’ils reçoivent tous les jours. Par ailleurs, à chaque fois qu’ils font un retour écrit à l’artiste, nous leur rétrocédons une partie du montant dépensé par l’artiste qui a les contacté. Cela permet aussi à des blogueurs, des chaînes YouTube, des influenceurs, des médias, des professionnels de mieux monétiser et développer leur activité. Et de partager plus d’artistes grâce à Groover. »
Groover repartit ses équipes entre les États-Unis et la France. Fin 2021, les trois co-fondateurs réalisent une levée de fonds co-dirigée par Partech et Bpifrance via leur fonds Tech & Touch, avec la participation de Verve Ventures, French Founders et les fondateurs de Jellysmack, totalisant une levée de 8,7 millions de dollars. Avec une ambition : embaucher des talents pour accélérer la croissance à l'international - en Europe, en Amérique du Nord et au Brésil. « Nous prévoyons d’agrandir notre équipe américaine puisque c’est notre marché de croissance numéro un : 30 % de notre base d'utilisateurs est nord-américaine » détaille Romain.
Dans la poursuite de leur aventure américaine, Romain, Dorian et Rafael décident de tenter le French American Entrepreneurship Award. « C’est French Founders qui nous a engagés à participer au French American Entrepreneurship Award. Nous avons candidaté pour la visibilité et pour la communauté d’entrepreneurs français installés aux États-Unis qui sont très solidaires les uns envers les autres ». Une belle récompense pour le trio qui vient fraîchement d’ouvrir un bureau à Brooklyn.
Avec 50 % de chiffre d’affaires réalisé en Europe, 30 % aux États-Unis et 20 % dans le reste du monde, une autre priorité pour Groover est de continuer à innover sur la plateforme et le produit en augmentant la qualité des contacts disponibles aux artistes, en améliorant la qualité d’usage de la plateforme, ainsi que la qualité des services additionnels proposés aux artistes à court, moyen et long terme.
Avec plus d’un million de feedbacks réalisés sur la plateforme Groover, 100 000 artistes inscrits dans plus de 110 pays différents, « nous avons aussi une vraie diversité internationale auprès des médias, des radios et des professionnels dans plein de pays différents ce qui permet aussi aux artistes d’exporter leur musique, ce qui est une valeur clé de Groover » conclut Romain Palmieri.