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Crise sanitaire : le choix d’une scolarité bilingue hors de New York

Scolarité bilingue New York Scolarité bilingue New York
Écrit par Rachel Brunet
Publié le 17 juin 2020, mis à jour le 22 octobre 2021

Trois long mois de pause ont pu faire réfléchir les parents. Avec l’école à distance, les parents se sont transformés en professeur, en psychologue, parfois même en responsable IT. Mais cette crise sanitaire, et le long confinement qui en a découlé, a un autre effet : celui d’inciter les parents à sortir de la ville de New York et d’offrir à leurs enfants un espace de vie plus aéré, plus sain et plus vert. Notre rédaction est partie à la rencontre de la French American School of New York, école bilingue située à 35 minutes de Manhattan, à Mamaroneck.

 

Une scolarité hors de Manhattan

Créée en 1980 par deux anciennes enseignantes du Lycée Français de New York, la FASNY est une école bilingue qui propose tant le programme enseigné dans les écoles françaises - et accrédité par le Ministère de l’Éducation nationale - que celui enseigné dans les écoles américaines. « C’est un programme qui offre une véritable expérience académique et culturelle » explique Marine Heraud, directrice des admissions à la French American School of New York. Et de rajouter « il y a 40 ans, la FASNY était une toute petite école qui a débuté avec une quinzaine d’élèves. Aujourd’hui, nous comptons quelque 800 élèves et une véritable renommée internationale, et nous en sommes très fiers ».

À sa création, la FASNY répondait à un besoin : celui des familles expatriées à forte mobilité. Si aujourd’hui, les élèves de cette école internationale sont toujours issues de familles françaises et francophones expatriées, elle a su séduire, au fil des années, des familles américaines, attirées par un enseignement bilingue, mais aussi d’autres familles venant de tous pays. « Entre les années 2005 et 2010, il y a eu un vrai essor du bilinguisme et les familles ont commencé à s’intéresser aux avantages cognitifs du bilinguisme. Un enfant bilingue n’est pas seulement meilleur dans les matières littéraires, mais aussi dans les matières scientifiques ou dans le raisonnement critique » détaille Marine Heraud.

Aujourd’hui, la FASNY est riche d’une population de 45 % d’enfants expatriés « le reste est un joyeux melting-pot de familles américaines, de familles franco-américaines et d’autres nationalités. Nous sommes une école multi-culturelle avec plus de 54 nationalités et 60 langues parlées, ce qui est une véritable richesse puisque les enfants apprennent des autres, de la culture de leurs camarades. D’ailleurs, chaque fin d’année, la FASNY célèbre la Semaine internationale où chaque élève raconte son pays, ses origines, partage sa culture, ses traditions et où, chaque enfant porte fièrement les couleurs de son pays. »

Cette ouverture au monde fait justement partie de la philosophie de la FASNY « à la création de l’école, une des volontés était vraiment de former des enfants qui soient ouverts au monde et qui gardent, tout au long de leur vie, cette volonté de découverte, d’apprentissage. Notre programme est assez exceptionnel puisque’il intégre tant le programme français que le programme américain et le programme international. Nous sommes quand même la seule école du Tri-State à pouvoir offrir à la fois le bac français, le bac américain et le bac international ». Tout au long de leur scolarité, les élèves sont encouragés à développer leurs compétences et leur maturité académique, mais aussi à s’élever dans la curiosité, le respect de soi, des autres et de leur environnement. « Les élèves sont accompagnés à chaque instant dans leur développement personnel et émotionnel » rajoute la directrice des admissions. Une éducation de haut niveau qui permet aux élèves d’intégrer, à l’issue de la FASNY, l’Université de leur choix.

Si cette école séduit et attire chaque rentrée scolaire plus de familles, cette année, la crise sanitaire a décuplé cet engouement. Un phénomène : de plus en plus de familles cherchent à quitter Manhattan et sont donc à la recherche d’un enseignement bilingue de qualité pour leurs enfants. « Très rapidement, après le début du confinement, j’ai commencé à recevoir des appels de familles de Manhattan qui se sont très vite inquiétées de l’exposition de New York City par rapport au virus et qui ont eu ce réflexe de quitter Manhattan. » relate Marine Heraud. Pour certaines de ces familles, le projet était entrain de mûrir avant que le nouveau coronavirus désigne New York comme épicentre : l’arrivée d’un nouvel enfant, une ville qui coûte de plus en plus cher et une qualité de vie pas toujours au rendez-vous. La crise sanitaire a accéléré le processus de réflexion. « Avec le covid, beaucoup de familles sont comme face à un mur. D’ailleurs, énormément de familles à qui j’ai parlé s’étaient déjà réfugiées dans les Hamptons, ou Upstate. » Et de rajouter « et puis, il y a aussi les familles qui arrivent de l’étranger. Même si les visas sont gelés et les frontières fermées, des familles savent qu’elles vont arriver à l’automne, et elles aussi s’interrogent sur le choix d’une école, en dehors de New York City. » Des familles qui ont en effet suivi la crise sanitaire derrière un poste de télévision ou un écran d’ordinateur et qui ne souhaitent pas forcément imposer à leurs enfants une ville où le virus pourrait éventuellement revenir lors d’une redoutée seconde vague. « Le Westchester  est un environnement très agréable à vivre, avec la plage, la mer tout en étant à 35 minutes en train de Manhattan, alors que si vous vivez à Brooklyn ou à Jersey City, le cadre de vie n’est absolument pas aussi idyllique » argumente marine Heraud.

 

« Je rends honneur aux élèves pour leur résilience »

Au fur et à mesure que les écoles ont fermé, enseignants, équipes scolaires, élèves mais aussi parents ont appréhendé quelque chose de nouveau, l’école à distance. « Cette crise nous a pris de court. Il faut garder à l’esprit que les enseignants ne sont pas formés au distance learning » explique Charles Grenon, directeur de l’école primaire de la FASNY. Et de rajouter « je rends honneur aux élèves pour leur résilience, je remercie notre directrice IT, Lisa Fusco, ainsi que tous les enseignants et les parents qui se sont eux-même transformés enseignants ». Très vite, et dans l’urgence du confinement, toute la FASNY, en équipe soudée, s’est mise en route sur le chemin de l’enseignement à distance « nous avons tous travaillé très dur pour mettre en place les outils nécessaires, pour respecter le temps d’écran des élèves qui est devenu un allié » précise Charles Grenon. Plus de sessions zoom, une grande écoute des besoins de chacun, une grande attention au bien-être des élèves ont permis à toutes les classes, de la maternelle à la Terminale, de boucler le programme. « Le plus difficile a été l’absence plus que la composante éducative. Ne pas voir les autres élèves a été une épreuve pour les enfants. N’oublions pas que la récréation est aussi un moment éducatif » déplore Charles Grenon.

« La relation élèves et enseignants est très importante et avec le distance learning, elle a été redécouverte. Les enseignants et les élèves, malgré la distance, ont passé beaucoup de temps ensemble » rajoute Isabelle de  Trabuc Smith, directrice adjointe de l’école primaire de la FASNY.

Un constat : élèves et enseignants se sont manqués même si les sessions Zoom ont été le rendez-vous tant attendu que quotidien, seul lien de socialisation, loin des classes et des relations de proximité usuelles. Bien évidement, selon les classes, l’effort fourni par les parents, dans la poursuite de l’apprentissage et du programme scolaire n’a pas été le même. D’ailleurs, la FASNY a développé très rapidement un site internet à l’attention de parents, partagé avec le réseau AEFE auquel  appartient l’école. « Dans les plus petites sections, les parents ont du redoubler d’effort » précise Charles Grenon, tout en apportant de nouveau ses félicitations aux parents. À la FASNY, comme dans l’ensemble des écoles, la plus grande interrogation était de terminer le programme et de s’assurer que les élèves avaient acquis la base indispensable à la poursuite du programme dans le grade supérieur. « La situation est globale. Il y a fort à parier que des élèves auront besoin d’un réajustement, que des points sont à renforcer mais les professeurs sont confiants et le programme a été couvert » précise Charles Grenon. Côté émotionnel, le constat est aussi très positif en cette période post enseignement à distance. « Psychologue et orthophoniste étaient aussi disponibles sur zoom et très à l’écoute. Nous avons été en contact avec beaucoup de familles, nous étions présents si quelqu’un avait besoin de support » rajoute Isabelle de Trabuc Smith.

Que réserve la rentrée prochaine, nul ne le sait ! La FASNY se prépare à toutes les possibilités d’avenir et d’enseignement. « Nous nous attendons à trois scénarios pour la rentrée de septembre. Le premier est une réouverture complète, le second est une continuité de l’enseignement à distance et le troisième est une réouverture alternée avec de l’enseignement à distance » explique Charles Grenon. « Si c’est le premier cas, tant mieux, si c’est le second, nous sommes prêts et savons assurer un enseignement à distance. Nous observons actuellement la troisième possibilité qui pourrait être plausible et sur laquelle nous travaillons activement ».

Quel que soit le schémas sur lequel se dessinera la rentrée 20/21, et selon les recommendations de l’État, la FASNY se tient prête. Forte d’un succès de son enseignement à distance lors de ce dernier trimestre, les équipes enseignantes sont capables de s’adapter à n’importe quel scénario et de proposer un enseignement de qualité, de façon pérenne, à leurs chers élèves.

L’avenir nous dira si les enfants seront autorisés à retourner pleinement à l’école à la rentrée prochaine. Mais nul doute que de plus en plus de familles offriront à leurs enfants une vie loin de la densité de la ville de New York...

 

 

Pour en savoir davantage sur la French American School of New York