À l’angle de la 116e West Street et de Malcolm X Boulevard, on entend parler wolof, français, anglais, parfois les trois à la fois. Ce coin de Harlem, surnommé le Petit Sénégal, rassemble une diaspora francophone estimée à plus de 10 000 personnes. Parmi elles, une communauté grandissante de Français venus pour le travail, les racines, ou une vie différente.


Un quartier ouest-africain ancré dans Harlem
En plein cœur de Manhattan, le Petit Sénégal s’impose comme une enclave où la culture ouest-africaine s’exprime pleinement. Depuis les années 1980, des migrants sénégalais ont posé ici les premières pierres d’un quartier qui attire aujourd’hui aussi bien des Maliens, Guinéens ou Ivoiriens. Le français y est une langue vivante, mêlée au wolof et à l’anglais, que l’on entend dans les commerces, les restaurants, ou sur les marchés. Les chiffres témoignent de cette vitalité, environ 60 % des commerces de la 116e Rue sont gérés par des entrepreneurs africains, et la communauté francophone du quartier compte près de 10 000 à 12 000 personnes, selon les données du Harlem African Immigrant Commission. Ce territoire ne se limite pas à une simple présence ethnique, il est devenu un espace culturel foisonnant, qui contribue à la richesse multiculturelle de Harlem.

Des Français en quête d’une identité plurielle
Ces dernières années, une nouvelle population s’est jointe à cette dynamique. Des Français, souvent issus de l’immigration africaine, mais aussi des métropolitains, qui viennent ici pour construire une vie à leur mesure. Fatou, enseignante venue de Toulouse, nous partage. « Ici, je peux enseigner en français, parler wolof dans la rue, et échanger en anglais à l’école. Cette diversité linguistique me nourrit. » Khadim, commerçant franco-sénégalais, voit dans ce quartier un terreau fertile pour ses projets, « Le Petit Sénégal comprend qui nous sommes et ce que nous voulons construire. C’est un lieu d’accueil, où on peut réinventer sa place. » Ces Français n’échappent pas à leurs origines, bien au contraire, mais ils choisissent de vivre leur francophonie dans un environnement ouvert, où les identités s’entrelacent sans opposition.
La francophonie, un lien qui traverse les générations
Au-delà des commerces, la langue française circule dans les foyers, les écoles, les associations. Des cours de soutien scolaire, des ateliers d’écriture ou des clubs de lecture favorisent la transmission et l’expression de la francophonie locale. Mariam, infirmière franco-guinéenne, y inscrit ses enfants pour qu’ils gardent un lien vivant avec leur héritage linguistique et culturel.”Je trouve cela vraiment génial que mes enfants puissent avoir accès à ça, et de nombreuses mères comme moi en sont ravie aussi, cela leurs permet de conspiré de d’où ils viennent.” Malgré les défis, comme la hausse des loyers de plus de 42 % en dix ans, met parfois à rude épreuve la stabilité des familles et des commerçants, la communauté francophone du Petit Sénégal reste soudée. Ce quartier incarne ainsi une francophonie en mouvement, à la croisée des chemins entre tradition et innovation, enracinement et ouverture vers l’avenir.
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