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Raconte-moi New York en un objet : la Trump Tower

Marbre rose, cascade kitsch, escaliers dorés… La Trump Tower est la définition même du « too much » new-yorkais. Mais c’est aussi l’histoire d’une époque et l’autoportrait d’un égo surdimensionné. Dans cette série estivale, Lepetitjournal.com vous raconte New York en objets emblématiques.

L'entrée de la Trump TowerL'entrée de la Trump Tower
À l'entrée du gratte-ciel de luxe, les lettres géantes « Trump Tower » brillent en or. Crédit : Ajay Suresh. CC BY 2.0.
Écrit par Sherilyn Soekatma
Publié le 16 septembre 2025, mis à jour le 14 octobre 2025

 

Impossible de la manquer. Au 725, sur la Cinquième avenue, la Trump Tower brille tellement qu’elle éblouit… ou qu’elle agace. Et c’est justement l’effet recherché : fasciner ou exaspérer. Voilà bientôt quarante-deux ans que la forteresse du président américain joue ce rôle à la perfection.

 

Plus haut, plus grand, plus fort

Tout commence à la fin des années 1970. Le millionnaire blond met alors la main sur le Bonwit Teller Building, un grand magasin Art déco sur le déclin. L’emplacement est rêvé : la Cinquième avenue, au croisement de la 56e rue, à deux pas du célèbre bijoutier Tiffany&Co

Sous la houlette de l’architecte Der Scutt, le projet Trump Tower prend des allures de provocation. Le magnat de l’immobilier ne rêve pas d’un gratte-ciel, mais plutôt d’un miroir reflet de son ego et de ses ambitions. Et pour faire place à sa tour, Donald Trump est prêt à tout écraser sur son passage. Les bas-reliefs du Bonwit, alors promis au Metropolitan Art Museum, sont détruits sans état d’âme. 

 

« J'ai ordonné à mes hommes de les démolir. »

 

« Je n'étais tout simplement pas prêt à perdre des centaines de milliers de dollars pour sauver quelques sculptures Art déco qui, selon moi, valent beaucoup moins, voire pas grand-chose », écrit Donald Trump dans son livre Art of Deal (1987). « J'ai donc ordonné à mes hommes de les démolir. » Ainsi naît la Trump Tower, dans la poussière de l’Art déco sacrifié.

Donald Trump revendique la démesure même dans ses chiffres. Sur le papier, 68 étages. Dans les faits, 58 seulement. Une astuce de numérotation voulue par l’ancien homme d’affaires pour gonfler la stature de son projet.

 

Le saviez-vous ?
La Trump Tower, avec ses 58 étages et 202 mètres d'altitude, est le 80e plus haut édifice de New York.

 

À l’intérieur, le spectacle est total : un atrium de six niveaux tapissé de marbre rose, une cascade de 18 mètres, des boutiques Gucci, des restaurants huppés et des escalators dorés. Tout est pensé pour séduire, impressionner ou provoquer. Rarement pour laisser indifférent.

 

L'intérieur de la Trump Tower
Crédit : Manu H via Flickr. CC BY-ND 2.0.

 

La tour des stars

À New York, ce qui brille attire forcément. Et les dorures de la Trump Tower n’ont pas épargné les célébrités. Michael Jackson y loue un duplex au 63e étage en 1994, Johnny Carson s’y offre un appartement dans les années 1980, Hillary Clinton y dort de temps à autre, et Bruce Willis s’y installe un temps. 

Quant à la rumeur voulant que Lady Diana et le Prince Charles y possèdent un appartement, elle relève de la pure fiction, et Donald Trump ne s’est pas privé d’entretenir cette rumeur avec un malin plaisir. Pour le businessman, c’était surtout un bon coup de pub.

 

Le saviez-vous ?
On retrouve la Trump Tower sur la jaquette du jeu Grand Theft Auto (1997), mais aussi dans la série Mercredi, et dans les films The Apprentice, Ghostbusters 2, The Dark Knight Rises ou encore Le Loup de Wall Street.

 

Une Maison-Blanche bis

C’est aussi dans son propre immeuble que Donald Trump installe son quartier général de campagne. Le 16 juin 2015, il descend l’escalator doré avec Mélania Trump à ses côtés et annonce sa candidature à la primaire républicaine. C’est là, dans son penthouse, que Donald Trump suit la nuit du 8 novembre 2016 et apprend sa victoire.

 

Le président Donald J. Trump et le Premier ministre japonais Shinzo Abe se serrent la main lors de leur dîner bilatéral, le 23 septembre 2018, dans la résidence privée du président à la Trump Tower à New York. Crédit : Shealah Craighead / Maison Blanche. Domaine public.
Le président Donald J. Trump et le Premier ministre japonais Shinzo Abe se serrent la main lors de leur dîner bilatéral, le 23 septembre 2018, dans la résidence privée du président à la Trump Tower à New York. Crédit : Shealah Craighead / Maison Blanche. Domaine public.

 

Mais la Trump Tower s’impose rapidement comme un point de ralliement pour les colères. Dès l’élection, des foules de manifestants s’y rassemblent, pancartes en main. En avril 2017, 25 militants du collectif Rise and Resist y sont arrêtés en protestant contre la politique migratoire de Trump. 

 

Mouvement de protestation au pied de la tour, à la suite de l'élection de Donald Trump comme président des États-Unis, en novembre 2016.
Un mouvement de protestation au pied de la tour, à la suite de l'élection de Donald Trump comme président des États-Unis, en novembre 2016. Crédit : RhododendritesCC BY-SA 4.0.

 

En juillet 2020, d’immenses lettres jaunes « Black Lives Matter » sont peintes devant l’entrée de la tour. Et en mars 2025, des militants ont pénétré dans le gratte-ciel ultra-sécurisé pour exiger la libération de Mahmoud Khalil, un militant pro-palestinien, alors détenu par les services de l'immigration américaine (ICE).


 

Si elles n’égalent pas l’originale, des copies de la Trump Tower brillent déjà en Turquie, aux Philippines ou encore en Inde, et certains vont jusqu’à rêver d’en voir surgir une en Corée du Nord.

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