Chaque année, près de 1.800 jeunes Français partent comme au pair aux États-Unis, beaucoup posent leurs valises à New York. En échange de leur aide auprès des enfants, ils découvrent l’Amérique de l’intérieur. Une expérience qui bouleverse souvent bien plus que leur anglais.
Entre jeux, lessives et musées : une vie à l’américaine
Il est 6h30 à Brooklyn. Comme chaque matin, Noéllie, 24 ans, descend préparer le petit-déjeuner. Deux tasses pour les jumelles de 3 ans, une assiette pour leur grande sœur de 8 ans. D’un geste précis, elle enfile ses baskets, attache ses cheveux en queue-de-cheval et entame une journée bien rythmée. Depuis bientôt un an, cette jeune Française originaire de la région lyonnaise est au pair à New York. Une immersion totale dans une famille américaine, en échange de services de garde et de quelques centaines de dollars par semaine. Noéllie s’occupe des enfants toute la journée, préparation du matin, jeux, activités manuelles, repas, sorties au parc ou au musée. « Je prépare leurs lunchboxes, je leur lis des histoires, on fait des balades, je m’adapte à leur rythme », raconte-t-elle calmement. Les week-ends sont plus souples, parfois elle accompagne la famille, parfois elle part explorer la ville ou voyager dans un autre État. Elle en a déjà visité sept depuis son arrivée.
Une bulle d’autonomie, loin de tout
Le programme au pair, encadré par des agences agréées, permet aux jeunes Européens de vivre aux États-Unis jusqu’à deux ans, tout en suivant quelques heures de cours d’anglais obligatoires. En échange, ils logent dans une famille, bénéficient d’une assurance santé et reçoivent environ 200 dollars d’argent de poche par semaine. Un compromis qui séduit, malgré les défis.
« Les premiers jours ont été les plus durs », confie Noéllie. « Le décalage horaire, la langue, la distance… Il m’a fallu du temps pour trouver mes repères. » Mais avec le temps, elle a apprivoisé les codes, les habitudes, le rythme américain. Elle a aussi tissé des liens forts avec d’autres jeunes au pair, notamment via les groupes WhatsApp ou les rencontres du dimanche à Central Park. « On vit tous la même chose. Ça crée une vraie solidarité. » Contrairement à ce que l’on imagine parfois, être au pair ne signifie pas vivre cloîtré dans une maison à faire le ménage. Beaucoup, comme Noéllie, ont du temps pour eux, entre deux heures de garde. Ils en profitent pour suivre des cours, visiter des expositions, se perdre dans les rues de Manhattan ou découvrir d’autres villes. Une manière de conjuguer vie professionnelle, apprentissage de l’anglais et voyage.
Une année qui laisse des traces
« J’ai gagné en autonomie, en confiance, en adaptabilité. Cette année m’a fait grandir plus que n’importe quelle autre », affirme Noéllie avec assurance. La découverte d’un autre système éducatif, la confrontation aux différences culturelles, les responsabilités du quotidien, tout cela forge. Elle évoque aussi les liens tissés avec sa famille d’accueil, qu’elle décrit comme « respectueuse et bienveillante », mais aussi les enfants, auxquels on s’attache plus qu’on ne croit.
À l’heure où le programme au pair attire de plus en plus de jeunes diplômés en quête de transition ou d’expériences à l’étranger, Noéllie recommande cette aventure, mais avec quelques précautions, « Il faut bien choisir sa famille, poser toutes les questions avant de signer. Et surtout, oser parler, s’exprimer, dire quand ça ne va pas. »
Dans quelques mois, Noéllie rentrera en France avec une langue bien plus fluide, des souvenirs plein la tête et un carnet d’adresses international. « J’étais venue chercher une expérience. J’ai trouvé bien plus. »
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