Jeune fille au pair au Royaume-Uni et en Irlande : la face cachée 

Chaque année, des milliers de jeunes - majoritairement de jeunes femmes - cherchent une famille pour les accueillir pendant une période allant de quelques semaines à un an. Pour les jeunes Françaises, le Royaume-Uni et l’Irlande sont des destinations privilégiées, par leur proximité et la possibilité d’y perfectionner son anglais. Malheureusement, ces destinations sont hautes dans la liste où les jeunes ont pu avoir de mauvaises expériences. 

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Partir sans contrat ni agence 

Avant l’essor d’internet, les jeunes souhaitant avoir une expérience au pair passaient facilement par des agences. Moyennant une somme pour le jeune et la famille, l’agence se charge de vérifier les profils de chacun et de mettre en contact les deux parties. L’agence fait un suivi de l’expérience et se porte garant du bon déroulé, ce qui n’est pas négligeable. Dans les années 1990, Johanne Cahill est partie pour être jeune fille au pair aux Etats-Unis, par le biais d’une agence. “Au bout de quelques mois, j’ai souhaité partir et changer de famille car cela ne me convenait plus, la famille avait rompu le contrat. Alors l’agence s’est tout de suite mise sur le dossier et j’ai pu changer de famille rapidement”. Sans la protection de l’agence, Johanne se “serait retrouvée une main devant, une main derrière !”s. 

Mais passer par une agence coûte cher, et dans l’idée de partir jeune et sans le sou, l’option internet et facilité tente de plus en plus les jeunes - et les familles. Les sites se prévalent de vérifier les profils, mais cela ne dépasse pas la vérification des papiers d’identité. “Pour bien évaluer une famille il faut absolument discuter de vive voix avec eux, voire visiter leur maison” explique Johanne. 

L'intérêt économique d’accueillir une jeune fille au pair 

Pour les familles d’accueil, “prendre” une jeune fille au pair peut sembler une aubaine. Originellement pensé pour être dédié seulement aux enfants, le poste de jeune au pair se transforme très facilement en sorte de “bonne à tout faire”. “Les familles font leur calcul : une jeune fille au pair revient bien moins cher qu’une femme de ménage en plus de l’abonnement à la crèche pour plusieurs enfants” analyse Johanne Cahill, expatriée en Irlande depuis 19 ans et anciennement en charge d’une agence de jeunes filles au pair. 
 

Le manque de communication peut être fatal à l’expérience 

La liste des désavantages à ne pas partir avec un contrat écrit est longue. En haut de cette liste figure bien sûr la protection légale de l’écrit, qui permet à la fois au jeune et à la famille de pouvoir se reposer sur un accord concret. L’élaboration du “contrat” permet aussi de communiquer sur les modes de vie à l’avance - et d’éviter les mauvaises surprises. “Il y a des choses à propos desquelles il faut prévenir : par exemple, l'éducation des enfants en Irlande est plus laxiste qu’en Europe continentale, il faut anticiper.” Amandine, partie à 18 ans à Sutton (Royaume-Uni) a aussi été étonnée du fonctionnement de la famille : “ils ne mangeaient quasiment jamais ensemble, je me suis sentie très seule.” 

Abus des familles d’accueil 

Parfois, il arrive que la famille profite du manque d’expérience et de la politesse des jeunes. “Le problème survient quand une jeune accepte, la famille en attendra de même pour les prochaines, cela crée une sorte de cercle vicieux” déplore Johanne. Nombreux sont les témoignages d’écarts des familles, notamment sur les tâches demandées. “Je me retrouvais souvent à faire la vaisselle de leurs dîners entre amis du week-end le lundi matin, je devais ranger derrière toute la famille et faire la lessive quel que soit mon état. Pour eux, j’étais une employée qui vivait à domicile.” Amandine a souhaité partir avant la fin de la période convenue, elle rentre en France au bout de cinq mois. 

Johanne, lorsqu’elle avait elle-même une agence au pair, a eu l’occasion de s’entretenir avec beaucoup de familles qu’elle a fini par refuser : “La plupart attendent 45h de travail par semaine de la part de la jeune fille au pair. Souvent je leur dis : "tu ne le ferais même pas toi-même !"” En Irlande, la problématique est réellement économique : la crèche peut coûter jusqu’à 1000€ pour deux enfants chaque mois. Payer une jeune fille au pair à peine 150€ la semaine revient alors extrêmement intéressant pour les familles, qui oublient alors la dimension d’accueil et de partage. 

Parfois, la tragédie frappe 

Heureusement, la plupart du temps les jeunes filles au pair arrivent à partir lorsque les choses se gâtent, surtout avec l’aide de leurs agences. Cependant, toutes n’ont pas pu. Le Royaume-Uni et la France sont restés sous le choc de l’affaire Sophie Lionnet, retrouvée calcinée dans le jardin de sa famille au pair en 2017. Sophie travaillait chez un couple du Sud de Londres depuis un an et demi lorsqu’elle fut assassinée par eux, après des semaines de torture. Après ce drame, de nombreuses familles ont réfléchi à deux fois avant d’envoyer leur enfant chez des presque inconnus. Si le risque zéro est impossible, une meilleure préparation et vérification en amont peut éviter ce type d’escalades.  

Conseils pour partir sereinement au pair 

Les mauvaises expériences de certaines personnes ne devraient pas totalement décourager les volontaires de partir. Néanmoins, l’information et la communication sont essentielles. Économiser les frais d’agence en partant via les sites sur internet ne semble pas un bon calcul. D’ailleurs, certains pays obligent à passer par des agences, comme les Etats-Unis, d’autres obligent à déclarer leur jeune au pair sous le statut de “stagiaire”, comme la France (même si ce n’est pas très respecté). 

Pour trouver une agence en France afin de partir au Royaume-Uni, ou de trouver une jeune fille au pair depuis le Royaume-Uni, il est bon de se référer à la liste des agences agrées par L’Union française des agences au pair (UFAAP). Si toutefois vous souhaitez passer par des portails internets (type aupairwolrd), veillez alors à écrire vous-même un contrat clair et précis, en entrant dans les détails, avec votre employeur. Il existe aussi des groupes facebook d’entraide (“Au pair UK” à taper dans la barre de recherche de Facebook), le mieux restant le bouche à oreille.