En 2019, Le Petit Journal New York a décidé de rendre hommage aux femmes francophones de New York en lançant le « Mois de la Femme ». Parce qu’un an plus tard, les femmes sont toujours sous-représentées dans les médias, nous poursuivons notre projet tant éditorial que sociétal en publiant, chaque jour de mars 2020, le portrait d’une femme francophone de la ville. Aujourd’hui, nous avons rendez-vous avec l’artiste peintre Carole Jury. Elle fait partie de ces femmes qui se sont réinventées lors de leur expatriation. Du monde de la communication externe à l’art, on aurait pu penser qu’il y avait un océan, mais pour Carole Jury, il n’y avait qu’un pas.
L’art pour se réinventer
Grande, les cheveux clairs, le regard malicieux, Carole Jury est une femme que l’on remarque. Elle fait partie de ces personnes que l’on prend plaisir à découvrir, à écouter. Il faut dire qu’elle a beaucoup de choses à raconter, à partager.
L’art a toujours fait partie de la vie de Carole Jury, même si, initialement, elle s’est dirigée vers un cursus de sociologie, résolument tourné vers l’humain. Sa maîtrise en poche, elle débute sa carrière dans les Ressources Humaines puis, elle évolue tout naturellement vers la communication externe au service de grands groupes industriels. Un métier prenant et une vie intense qu’elle partage avec son mari et leurs trois enfants. Le jardin secret de Carole, mais aussi sa passion : l’art. Courir les galeries, visiter les expositions, mais aussi peindre, elle a toujours eu ce talent, sinon ce don. Puis, dans une vie bien installée arrive une nouvelle qui va tout chambouler : son mari se voit proposer une mutation aux États-Unis. Une chance, sûrement, une évolution de carrière. Carole Jury fait partie de ces femmes qui ont suivi leur mari, et qui ont du mettre leur propre carrière entre parenthèses. Une nouvelle vie, de nouveaux repères à se créer et une vie professionnelle à repenser. Comme elle l’explique dans l’interview accordée à Stanislas Berteloot, fondateur du podcast Back In America « je suis devenue ‘la femme de mon mari’. Ne plus avoir de profession c’était comme perdre mon identité. »
C’est finalement l’expatriation qui l’oblige à se réinventer. Elle fait de sa passion, l’art, un métier, il devient sa nouvelle carrière, sa nouvelle identité. « Quand nous sommes arrivés dans le New Jersey, mes enfants m’ont demandé de produire des toiles pour décorer notre maison, je m’y suis mise à fond ». Finalement, ce sont ses enfants qui lui ont passé sa première commande, mais à cette époque, elle ne le savait pas.
Le travail de l’artiste part toujours d’une photographie « je me promène toujours avec mon appareil » dit-elle amusée. Sa démarche : transposer l’esprit de la photo en peinture abstraite. Pour cela, elle travaille les reliefs, la texture, les mouvements, tout en douceur, nuance, subtilité et poésie. Si elle travaille essentiellement à la peinture à l’huile sur toile, ses créations deviennent encore plus intenses lorsque elle travaille sur bois ou métal, ou encore, quand elle intègre des matières à sa peinture. Ses séries s’appellent Dark Sea, La Vie En Rose ou encore Glimmer of Hope. Un véritable voyage.
Son maître à penser : Pierre Soulages. Mais son travail évolue en même temps que les couleurs qu’elle travaille. Et de rajouter « avant, j’étais dans le sombre, maintenant, je cherche d’autres couleurs, des couleurs plus flashy ».
Œuvre de l’artiste Carole Jury
De l’atelier à la performance
Carole Jury vend sa première toile lors d’une vente aux enchères, organisée par l’école internationale où sont scolarisés ses enfants. Décidément, ils sont vraiment son déclencheur, son moteur. Puis, les rencontres. Elles sont décisives... Chez Bo Concept, à Princeton, là où elle vit, elle tombe sur la manager de la boutique. Une autre française expatriée. Dans la discussion, Carole Jury glisse qu’elle est artiste. Son travail arrive sur le bureau du directeur. Séduit par sa démarche artistique, il lui propose une exposition dans sa boutique. C’est le début d’une belle collaboration, celle de l’art qui s’invite dans une boutique design, celle d’une artiste qui produit sur-mesure pour une clientèle sensible et exigeante. Depuis près de cinq ans, elle crée à tout va et, de fil en aiguille, elle débute une autre collaboration avec un autre Bo Concept, à Los Angeles. Ce dimanche 8 mars 2020, Carole Jury fera partie des quatre femmes artistes invitées à y exposer, dans le cadre de la Journée internationale du droit des femmes. « J’aurai une dizaines de tableaux accrochés ». La carrière artistique de Carole devient dense, au fil de ses rencontres. Elle est avenante, enjouée mais sérieuse, on a envie de lui faire confiance, on a envie d’accrocher son art.
Une autre rencontre, French Wink, piloté par deux Françaises de New York, Claire Obry et Myline Descamps, lui permet de tisser de nouveaux contacts et d’exposer.
Puis, Carole se retrouve représentée par plusieurs galeries dont la Gallery des Artistes à New Hope qui déménage ce mois-ci dans le sud de la France ou la galerie Alessandro Berni à New York... Son travail est exposé dans les plus grandes grandes foires d’art comme Scope, Aqua Art à Miami, Art World à Dubaï. Plus rien ne l’arrête, au contraire ! Ce qui est marquant chez Carole Jury est qu’elle est une artiste qui a le sens du business, sans doute le fruit de sa carrière en entreprise. Elle fait partie de ces artistes qui vendent et qui vendent bien. Elle gère son art comme on gère une entreprise. La côte de Carole Jury monte.
Récemment, elle décide de se consacrer davantage aux performances et de créer en direct, devant un public, dans un temps limité. Ces performances, Carole Jury les réalise en partenariat avec son sponsor, Daler-Rowney. Et oui, Carole Jury a du réseau, une autre corde à son arc. En fin d’année 2020, Carole Jury fera d’ailleurs une performance lors d’un forum dédié aux femmes évoluant dans le monde de la culture, à New York.
Œuvre de l’artiste Carole Jury
Réinventer le marché de l’art
« Le marché de l’art a besoin de se réinventer » c’est le postulat de l’artiste qui a déjà vendu plus de 150 oeuvres en quatre ans. Pour réinventer ce marché de l’art, trop fermé, trop élitiste et très masculin, elle crée « Women Artists I From France to USA », une approche novatrice et différente de l’exposition artistique. « D’habitude, ce sont les galeries qui viennent chercher les artistes et qui créent les groupes, avec Women Artists, c’est l’inverse ! » Mais attention, pour chaque exposition de ce groupe de femmes artistes françaises, un « curator » valide en amont le travail artistique de chacune. Women Artist, au-delà d’être un groupement de femmes artistes françaises, c’est aussi une conversation artistique, la superposition de différents médiums, de femmes qui ont des choses, à la fois différentes et complémentaires à raconter. Des femmes qui entremêlent leur art, qui racontent une histoire, leur vision des choses, leur vison du monde. Des femmes expatriées qui se donnent la main, soudées dans leur art.
Les 29 et 30 mai prochain, c’est à New York que la troisième exposition de Women Artists aura lieu, exposition soutenue par notre édition, par la Gallery des Artistes, par French Wink ainsi que par le réseau de femmes francophones de New York, She for S.H.E.
Une oeuvre retenue par le West Windsor Art Council, dans le New Jersey pour une exposition de groupe « Built Environnement », du 23 mars au 15 mai, une exposition au Salon International d’art contemporain de Toulon, en France, du 15 au 18 mai 2020, une participation au Market Art & Design dans les Hamptons, du 1er au 5 juillet 2020, l’actualité de Carole Jury est riche et intense.
Une femme, une épouse, une maman qui a su se réinventer, qui a su profiter de son expatriation en donnant un nouveau souffle à sa carrière. Une artiste et une belle âme à découvrir...
Merci, chère Carole, de faire partie des femmes francophones de New York à être mises en avant dans le « Mois de la Femme » lancé par notre édition.
Pour découvrir le travail de Carole Jury