Calme olympien. Ils sont là, à se dorer la pilule, ou plutôt la carapace. Retrouvez cette nouvelle balade new-yorkaise, un petit moment de poésie pour dévorer la Grosse Pomme.


Calme olympien. Ils sont là, à se dorer la pilule, ou plutôt la carapace. Sur un tronc flottant, dans Turtle Pond, la mare aux tortues de Central Park. Ils ? Josiane et Raimundo. Elle a beau avoir 68 ans, ça l’agace toujours autant, Josiane, que le masculin l’emporte. Car dans son couple, c’est bien elle qui porte la culotte ! À initier les parties de bridge, extraire son Raimundo de ses mots croisés, dicter les sorties. Dont celle-ci, sa préférée : barboter stoïquement à la surface de l’eau, le ventre et les quatre pattes à l’air, sans considération aucune pour les promeneurs qui les observent d’un oeil curieux, et attentif. Nul n’oserait troubler la paisibilité du moment. Dans cette position, on dirait que Raimundo lit son journal ; Josiane, ça l’attendrit. Quand il se met à pleuvoir, ils se laissent porter par le clapotis de l’averse, les gouttelettes chatouillent leurs cous fripés. Le temps s’étire, Josiane a le sentiment d’une complicité retrouvée. Le silence est la conversation des êtres qui s’aiment, elle le sait. De ceux qui ont choisi de s’ennuyer ensemble. Un dimanche, une vie.
Le saviez-vous ? Les tortues de Central Park
Le site connu sous le nom de Belvedere Lake a été renommé en 1987 «Turtle Pond » en l'honneur de ses innombrables habitants à carapace : les premières tortues déposées en 1980 par des new-yorkais se sont reproduites, et il existe aujourd’hui cinq espèces différentes. La majorité d’entre elles (en 2010, un rapport du New York Times en notait une proportion de plus de 90 % !) sont des red-eared sliders, facilement reconnaissables par une marque rouge derrière les yeux. Ces tortues sont souvent issues d’abandons d’animaux de compagnie. Dociles, faciles à élever en captivité, et bon marché, beaucoup sont relâchées dans la nature, une fois trop grandes ou encombrantes. Elles sont aujourd’hui considérées comme une espèce invasive car elles perturbent les écosystèmes : plus agressives, elles évincent des tortues indigènes comme la painted turtle ou la snapping turtle en prenant les meilleurs lieux de repos et de ponte. Sachant que chaque femelle peut vivre jusque’à 30 ans et pondre jusqu'à 30 œufs par an…le calcul est vite fait ! À Central Park, on ne les élimine pas, mais on limite leur impact par la végétalisation des berges, la surveillance des populations, et la sensibilisation du public à surtout, ne pas relâcher ses animaux !
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