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Qui sont les DOGE Kids ? Les jeunes technocrates fidèles de Musk au service de Trump

Ils sont jeunes, brillants et façonnés par Elon Musk. Désormais aux commandes du tout nouveau "Département de l’efficacité gouvernementale" (DOGE), ces ingénieurs triés sur le volet par le milliardaire se sont vu confier une mission de taille par Donald Trump : réduire drastiquement les dépenses fédérales. Leur méthode, fondée sur l’intelligence artificielle et une approche technocratique radicale, suscite autant d’admiration que d’inquiétude.

Photo d'Elon MuskPhoto d'Elon Musk
Écrit par Jean Bodéré
Publié le 10 février 2025

Encore inconnus il y a peu, Akash Bobba, Edward Coristine, Luke Farritor, Gautier Cole Killian, Gavin Kliger et Ethan Shaotran incarnent aujourd'hui l'avant-garde du "Département de l'efficacité gouvernementale" (DOGE), une structure fondée sur décret par Donald Trump le 20 janvier 2025. La mission affichée est simple : réduire les dépenses fédérales en supprimant postes et programmes jugés superflus. Appelés DOGE Kids, ils partagent tous un passé commun. Ils sont jeunes, brillants, issus d'univers prestigieux au sein d'entreprises dirigées par un certain Elon Musk comme Tesla, SpaceX ou Neuralink. Fascinés par le milliardaire, ils se sont engagés corps et âme dans son projet de rationalisation de l'appareil d'État.

 

Des budgets massivement revus à la baisse

En quelques semaines, les jeunes ingénieurs ont investi plusieurs agences fédérales, réclamant un accès direct aux serveurs. Une fois connectés, ils y intègrent des algorithmes d'intelligence artificielle censés traquer les dépenses jugées inutiles. Des coupes ont déjà été engagées dans des programmes climatiques et sociaux, tandis que l'Office of Personnel Management, chargé de la gestion des ressources humaines de l'administration fédérale, a vu ses effectifs drastiquement réduits.

L'USAID, agence d'aide au développement, a subi un sort encore plus radical. Un mail interne, envoyé par Gavin Kliger, annonçait la fermeture de son siège, scellant ainsi l’arrêt de nombreuses missions humanitaires. Face à ces mesures, des voix s'élèvent, dénonçant une action opaque et brutale, menée sans mandat clair et au mépris des procédures institutionnelles.

 

 

 

 

L'ombre d’Elon Musk et de l'idéologie technocratique

L’incursion du monde de la tech au sein du pouvoir est une idée chère à Elon Musk. Le fidèle soutien de Donald Trump souhaite remplacer la démocratie par la gouvernance des experts. Une inspiration qui trouve ses racines dans l'héritage familial du patron de Tesla, son grand-père maternel étant notamment une des figures de proue du mouvement technocratique en Afrique du Sud, prônant un gouvernement dirigé par des ingénieurs plutôt que par des politiciens.

L’objectif affiché du DOGE est d’économiser 1000 milliards de dollars, un chiffre déjà revu à la baisse par rapport aux 2000 milliards initialement annoncés. Mais au-delà des finances, c'est toute une vision du rôle de l'État qui est en jeu avec un pouvoir recentré entre les mains d'une élite technologique, prête à s'affranchir des règles politiques.

 

 

Photo de Donald Trump

 

 

Les méthodes des DOGE Kids contestées 

Face à cette prise de contrôle inédite, l'opposition et plusieurs observateurs alertent sur les dérives possibles. "Nous assistons à une tentative de privatisation de l’administration publique par une poignée de technocrates sans aucun mandat démocratique", s’indigne Elizabeth Warren, sénatrice démocrate du Massachusetts. Démocrates et juristes s’insurgent contre une ingérence qu’ils qualifient de "piratage institutionnel", dénonçant une "OPA hostile sur l’État", selon les termes de Neal Katyal, ancien avocat général des États-Unis.

Sans titre officiel ni réelle expérience en politique, ces jeunes technophiles manipulent des données sensibles touchant des millions d’Américains, notamment des informations relatives aux dépenses sociales et aux subventions fédérales. Mais jusqu'à quand ? Un juge fédéral a déjà été saisi pour examiner la constitutionnalité du DOGE. Toutefois, Donald Trump a anticipé ces contestations en plaçant l’organisation sous son autorité directe, la protégeant ainsi de certaines actions judiciaires. Pour Letitia James, procureure générale de New York, leur accès aux systèmes du Trésor représente une "violation flagrante de la séparation des pouvoirs" et expose le pays à "un risque majeur de cyberattaques et d’abus politiques". 

 

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