Sous l’égide de Sandrine Mehrez Kukurudz, fondatrice et organisatrice de la rencontre des auteurs francophones, Paul Cousin, Président de la Maison de l’Occitanie à New York, recevait jeudi soir Mona Azzam, professeur de lettres modernes et autrice d’une bonne dizaine de romans.
Camusienne, Mona Azzam l’est incontestablement, tout autant qu’elle admire l’oeuvre de Romain Gary, deux auteurs qu’elle célèbre dans ses derniers livres, Camus, l’espoir du monde, et Romain Gary ou la promesse du crépuscule.
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Gary et Camus, deux passionnés de la Méditerranée
La Maison de l’Occitanie à New York avait de bonnes raisons d’héberger cet évènement exceptionnel, puisque comme l’a rappelé Sandrine Mehrez Kukurudz : "l’Occitanie est la seule région française à avoir sa maison dans Big Apple". "Camus et Gary auraient dû naître en Occitanie", ajoute-t-elle. Un regret partagé par Mona Azzam, Occitane d’adoption, tant ces deux hommes avaient en partage une passion et un amour commun de la Méditerranée. Albert Camus est né à Alger alors que Romain Gary découvre cette mer en arrivant à Nice, avec Mina, sa mère.
Camus et Gary "des frères jumeaux"
“Camus c’est mon amant", lâche Mona Azzam, tant elle s’est investie durant une dizaine d’années dans l’approfondissement et la restitution de son oeuvre. Suite à une question de Sandrine Mehrez Kukurudz sur ce qui unit Albert Camus et Romain Gary, Mona Azzam l'affirme : “ce sont des frères jumeaux”. Les deux hommes sont issus d’un milieu familial très pauvre, ont souffert tous les deux de l’absence du père, et tous deux, arrivés très haut, ont été mis très bas par l’intelligentsia parisienne, alors dominée par Jean-Paul Sartre. Albert Camus a d'ailleurs permis à Romain Gary de remporter le prix Goncourt et de rentrer chez Gallimard. Les deux hommes se sont soutenus jusqu’au bout.
Quand on parle de Camus, on se doit d’être humble
Au-delà de l'amour des femmes, c'est bien leur amour commun pour l’humanité qui se retrouve dans la riche correspondance qu’ils ont échangée et l’hommage poignant rendu à Camus par Romain Gary lors de son accident mortel de voiture, dans une Facel Vega, qui coûtera aussi la vie de Michel Gallimard. "Albert Camus est le seul intellectuel au monde qui a condamné la bombe atomique sur Hiroshima", a également rappelé l'autrice. Mona Azzam estime qu’Albert Camus, s’il vivait encore, aurait fustigé notre époque dominée par l’égocentrisme et la course aux finances.
“Quand on parle de Camus, on se doit d’être humble”, explique Mona Azzam, qui a mis dix ans de recherche préalable à la rédaction de son livre. Membre de la société d’études camusiennes, l'autrice n’avait pas droit à l’erreur, et a même obtenu la validation de Catherine, la fille d’Albert Camus, de façon inattendue lors de la période de confinement.
À lire:
Mona Azzam : Camus, L’espoir du monde et Roman Gary ou la promesse du crépuscule, éditions Avallon & Co
Hommage à Albert Camus, Créer, c’est vivre deux fois, éditions Rencontre des Auteurs Francophones