À l’initiative de Phloeun Prim et de son association Cambodian Living Arts, scénarisée et animée par Jean-Baptiste Phou, Acts of Memory propose une commémoration-réflexion à l’occasion des 50 ans des événements qui ont endeuillé le Cambodge le 17 avril 1975. De Phnom Penh à Montréal, en passant par Paris, Londres, Long Beach et Sydney, des rencontres en personne et en ligne tissent une mémoire commune, au-delà des frontières et des générations.


Un projet initié pour relier les diasporas
C’est au détour d’une conversation à Montréal avec Phloeun Prim, directeur de Cambodian Living Arts, que Jean-Baptiste Phou a été sollicité pour modérer des échanges entre Cambodgiens de la diaspora. « Au départ, l'idée était d'organiser des discussions internes. Mais j'ai trouvé dommage que cela reste confidentiel. J'ai proposé de transformer le projet en un événement hybride, ouvert au public », explique Jean-Baptiste.
Ainsi est né Acts of Memory, conçu comme une chaîne d’événements mondiaux, connectés en ligne. « L’objectif était de créer un passage de relais entre les pays, dans une dynamique continue et fluide malgré les fuseaux horaires », précise-t-il. Si le projet initial envisageait 12 heures d’échanges, il a finalement été ramené à 6 heures pour des raisons logistiques.
De la commémoration au partage vivant
Jean-Baptiste Phou voulait échapper à l’écueil d’une commémoration triste et figée. « Pour moi, se souvenir ne doit pas être un moment douloureux. J’ai préféré imaginer un espace où chacun puisse exprimer comment la mémoire résonne aujourd'hui dans sa réalité locale », souligne-t-il.
Ce changement de perspective a influencé la structure de Acts of Memory. Le 17 avril, une rencontre intime entre participants a marqué l’anniversaire des événements qui ont marqué la ville de Phnom Penh en 1975. Le grand public est invité, lui, à se joindre aux rencontres du samedi 26 avril, dans un format pensé pour favoriser la participation collective.
Une première mondiale pour la diaspora cambodgienne
Acts of Memory marque une initiative sans précédent : à notre connaissance, c’est la première fois que des membres de la diaspora cambodgienne, répartis aux quatre coins du globe, sont invités à dialoguer ensemble en temps réel, dans un enchaînement coordonné d'événements locaux et en ligne.
Ce projet audacieux est rendu possible grâce à l'implication de Cambodian Living Arts et à la vision de Phloeun Prim, son directeur exécutif. « Sans la confiance et le soutien de l'équipe de Cambodian Living Arts, et sans la mobilisation impressionnante des communautés locales dans chaque pays, un tel projet n’aurait pas pu voir le jour », souligne Jean-Baptiste Phou. L’initiative témoigne d’une volonté forte de retisser les liens d’une mémoire collective dispersée par l’histoire, au-delà des frontières et des générations.

Un samedi de résonances : événements en personne et en ligne
La journée du 26 avril ne se découpe pas en deux temps distincts, mais s’organise en une succession fluide de formats hybrides et en ligne, portés par des communautés cambodgiennes aux quatre coins du monde. Chaque segment s’ancre dans un territoire spécifique, avec un ou une leader local.e comme fil conducteur, avant de culminer dans un événement de clôture pensé comme un moment de convergence transnationale.
Les événements ancrés dans un territoire (hybrides)
Phnom Penh – Echoes of Memory (15h à 16h ICT)
Organisé par le Centre Bophana, cet événement hybride mêle une cérémonie traditionnelle, une présentation historique, des témoignages et un dialogue intergénérationnel, avec un public sur place et en ligne. L’application Khmer Rouge History App y sera également présentée.
Sydney – Hope to Peace (19h à 20h AET)
Coordonné par Roger Ly et plusieurs associations locales, cet événement rassemble rituels, performances artistiques et échanges entre générations. Il est conçu pour un public australien, mais ouvert à l’international grâce à la diffusion en ligne.
Paris – Construire notre paysage culturel (12h à 13h CET)
À la mairie du 13ᵉ arrondissement, animé par Pouma’Khmer des khméro-français témoignent de leur construction identitaire à travers une œuvre-clé de leur parcours. L’événement intègre une dimension numérique via une bibliothèque collaborative.
Montréal – Plus que de bons réfugiés ! (14h à 15h EST)
Porté par le collectif Super Boat People, cet événement au Centre des mémoires montréalaises combine exposition, témoignages et discussion avec des membres de la communauté locale, tout en étant retransmis en ligne.
Les échanges en ligne
Long Beach – 50 Years, Where Are We Now? (10h à 11h PST)
Depuis la plus grande communauté cambodgienne hors Cambodge, cet événement virtuel rassemblera des voix engagées dans le travail de mémoire à travers les États-Unis.
Global – Fifty Years from Now (15h à 16h EST)
Ce moment de clôture, uniquement en ligne, réunit des intervenant·e·s issus de plusieurs diasporas : France, Royaume-Uni, États-Unis, Pays-Bas, Nouvelle-Zélande. Ce n’est plus un événement lié à un lieu, mais une conversation transversale sur l’avenir de l’identité cambodgienne à l’échelle mondiale.
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Une dynamique ouverte sur l’avenir
Au-delà du souvenir, Acts of Memory est conçu comme un espace de rencontre et de construction collective. « Ce n'est pas un cours d'histoire. C'est un moment où l'on regarde le passé pour comprendre comment il vit encore aujourd'hui en nous », affirme Jean-Baptiste Phou.
Avec ce projet, il espère que des liens durables naîtront entre les participants et les spectateurs, bien au-delà de cette journée du 26 avril. La question reste ouverte : et si ce premier Act of Memory n'était que le prélude à de nouvelles formes de solidarité et de création à travers les diverses diasporas cambodgiennes de la planète ?
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