De mars à octobre 2025, l’Assemblée des Français de l’Étranger (AFE) orchestre les Assises de la protection sociale. Cette vaste démarche participative vise à repenser les dispositifs sociaux destinés aux quelque trois millions de Français établis hors de France. Une consultation inédite qui ambitionne d’ouvrir le dialogue et de proposer des pistes concrètes, dans un contexte mondial marqué par de multiples crises.


Une mobilisation sans précédent
Lancée officiellement le 10 mars à Paris, cette initiative portée par l’AFE s’inscrit dans le cadre d’un mandat confié par le ministre délégué chargé du Commerce extérieur et des Français de l’étranger, Laurent Saint-Martin.
Pour Florian Bohême, président de la commission des affaires sociales de l’AFE, le constat est clair : « Ces sujets n’ont jamais été traités en profondeur. Il faut remettre à niveau les dispositifs, à l’aune de l’état du monde concret. » L’enjeu est d’autant plus important que les aides existantes semblent aujourd’hui sous-dimensionnées. Par exemple, le nombre de familles bénéficiant de bourses scolaires est passé de 23 000 à 20 000 en un an.
Trois axes pour structurer la réflexion
Les Assises s’articulent autour de trois grands thèmes. Le premier concerne les aides à la scolarité, notamment à travers l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger et l’accompagnement des élèves en situation de handicap. Le second s’intéresse aux aides sociales directes et au soutien des Organismes Locaux d’Entraide et de Solidarité (OLES). Enfin, un volet essentiel est consacré à la Caisse des Français de l’Étranger (CFE), qualifiée parfois de « sécurité sociale des expatriés », qui ne compte que 200 000 adhérents sur 3 millions de Français hors de France.

Une consultation citoyenne encadrée
Les Français de l’étranger sont invités à participer activement à cette initiative, que Florian Bohême qualifie de « première historique ». Des débats publics, ateliers citoyens, réunions locales et contributions en ligne permettront à chacun de s’exprimer. La Commission nationale du débat public (CNDP) accompagne techniquement cette démarche pour garantir sa rigueur démocratique. Les élus de l’AFE sont mobilisés dans le monde entier pour organiser des rencontres dans leurs pays de résidence : « Moi, je suis élu au Cambodge, et comme tous mes collègues, je vais consulter mes compatriotes localement », précise Bohême.
L’AFE, porte-voix des Français du monde
Créée en 2004, l’Assemblée des Français de l’Étranger est composée de 90 conseillers élus par leurs compatriotes à travers le monde. Elle joue un rôle consultatif auprès des institutions françaises, en formulant des recommandations sur tous les sujets qui touchent à la vie des expatriés : fiscalité, scolarité, mobilité, santé. À travers les Assises, l’AFE réaffirme sa vocation de lien démocratique entre les citoyens éloignés et la République, et comme incubateur d’idées nouvelles.
À qui sert l’Assemblée des Français de l’Étranger ?
Ramzi Sfeir conseiller à l’Assemblée des Français de l’Étranger pour le Canada
Des attentes fortes, des engagements à tenir
L’un des objectifs centraux de cette démarche est de faire remonter les propositions « du bas », pour qu’elles soient ensuite reprises par les décideurs publics. « Je suis persuadé que nos propositions trouveront un écho, que ce soit par le gouvernement ou par le Parlement », affirme Bohême. Pour l’AFE, la réussite de cette mobilisation citoyenne sera le véritable baromètre de l’opération.
Et après ?
Les Assises de la protection sociale des Français de l’étranger se concluront en octobre 2025, à l’occasion de la 43e session de l’AFE. Mais leur ambition dépasse cette échéance. En posant les fondations d’une nouvelle approche de la solidarité avec les expatriés, elles pourraient ouvrir la voie à une révision profonde des politiques publiques. La question demeure : la République saura-t-elle répondre durablement aux besoins spécifiques de ses citoyens du bout du monde ?