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Ludilabel : success story de la France à l’Italie

Sandrine Jullien-Rouqié LUDILABELSandrine Jullien-Rouqié LUDILABEL
Sandrine Jullien-Rouquié a fondé Ludilabel en 2011
Écrit par Marie-Astrid Roy
Publié le 21 mai 2019, mis à jour le 22 mai 2019

L’entreprise toulousaine qui a mis au point une étiquette de marquage des plus innovantes, a choisi Milan pour implanter sa filiale en 2017. Forte de son pass French Tech, elle reçoit 115.000 commandes par an de 80 pays. Rencontre avec sa pétillante fondatrice, Sandrine Jullien-Rouquié.

 

Lepetitjournal.com/Milan : Comment est né Ludilabel ?

Sandrine Jullien-Rouquié : C’est une belle histoire. Parisienne dans la production cinématographique, j’étais passionnée par mon métier. Mais à la naissance de ma première fille, il a fallu que je me réinvente pour concilier vie personnelle et professionnelle. Pour ne pas être frustrée, j’ai voulu créer mon propre emploi, je ne pensais pas alors avoir 3 holdings et 2 filiales ! Au premier jour de crèche, je me suis retrouvée confrontée à une demande de tout marquer... je ne sais pas coudre ! A l’époque, il n’y avait qu’un seul acteur français qui connaissait une très forte croissance.
J’ai voulu une étiquette qui pouvait se coller directement comme un sticker sur les vêtements, mais surtout qui résiste aux lavages, sur la durée. Il m’a fallu 8 mois de recherches (matière première, site web avec prévisualisation des étiquettes en ligne...). Nous avons ainsi déposé la marque « Ludisticks ». Les étiquettes sont issues de l’imprimerie numérique, cela représentait un gros challenge mais ça nous a permis de très vite automatiser la production. On n’est pas parti de l’existant, on a créé de toute pièce de l’automatisation. Résultat, il se passe 2 heures entre la validation d’une commande et le prêt à l’expédition.

En 2017, après six ans d’existence, vous figuriez dans le Top50 des entreprises en France et dans le Top 500 en Europe du secteur Tech, avec le plus fort taux de croissance. Que représente Ludilabel aujourd’hui ?

Nous avons 25 employés permanents et 60 l’été car il existe une vraie saisonnalité entre les colonies de vacances et la rentrée scolaire. On réalise 70% de notre chiffre d’affaires entre juillet et septembre. Les ventes se répartissent principalement entre les étiquettes de vêtements et celles de fournitures scolaires. On propose aussi des bracelets d'identification, gourdes ou encore des étiquettes bagages. La clientèle senior, issue des maisons de retraite, représente en outre 10 % des ventes. Pour éviter le pic de l’été, on travaille désormais pour proposer d’autres produits qui pourraient être achetés toute l’année. Notre nouveau challenge : soumettre nos produits au B2B. Il existe de plus en plus de demandes de la part de collectivités ou d’entreprises qui veulent marquer leur matériel avec des matériaux spécifiques.
Avec sept sites web, nous recevons 115.000 commandes par an de 80 pays du monde. Le deuxième marché est l’Italie, où nous avons ouvert une filiale en 2017, mais nous sommes aussi beaucoup impliqués en terme de vente sur l’Espagne, la Belgique et le Portugal.

Pourquoi avoir choisi Milan comme second siège et première filiale internationale ?

On avait déjà ouvert un site web en version italienne depuis Toulouse où nous avons le site historique. On s’est alors aperçus que c’était un marché qui performait très bien. Pourquoi ? Car il n’y avait et il n’y a toujours pas d’acteur local. L’Italie représentait déjà à l’époque 15% de notre marché global. Depuis que l’on a installé la filiale, c’est 20% de notre chiffre d’affaire. Notre choix s’est porté sur Milan car il s’agit de la capitale économique de l’Italie. Et plus de 23% de nos clientes italiennes sont milanaises. A titre de comparaison, les parisiennes représentent 15% de nos clients français.
A Milan, nous avons ainsi un atelier de production, un pôle marketing et 15 saisonniers de plus pour répondre à la demande durant l’été.

En 2016, vous obtenez le Pass French Tech pour avoir doublé votre chiffre d’affaires trois années de suite (2,3 millions en juin 2017). Qu’est-ce que cela vous a apporté ?

Le côté positif et négatif de l’e-commerce, c’est que l’on est vraiment dans une bulle car on fait du B2C. On a pu être identifié parmi ces entreprises en hyper croissance et à fort potentiel auprès des acteurs majeurs qui « aident au développement des entreprises » comme BPI France, Business France, la Coface.
Le rôle du pass, c’est d’attirer les leviers au choix : les financements, l’international, l’innovation, le business développement, la visibilité. Et cela nous a ouvert des portes, dès que l’on a été labellisé, dès le lendemain nous avions le premier coup de fil.
C’est assez compliqué à gérer l’hyper croissance. Il faut recruter, changer la façon de fabriquer les produits, aller très vite. Se décharger de cela grâce aux aides qui viennent à vous, c’est un vrai plus. Business France (qui représente la French Tech) a été parmi les premiers et les rares que nous avons contacté en arrivant à Milan, brandissant notre pass ! Ils nous ont formidablement aidé sur la partie administrative et à trouver des locaux. Ce n’est pas juste un effet paillette, il y a des gens qui sont derrière.
Autre point positif : la communauté des pass qui permet d’échanger avec nos paires sur les problématiques.

Ludilabel fait d’ailleurs partie de la nouvelle Community French Tech de Milan. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?

Je suis présidente de la French Tech Toulouse mais aussi membre du board de la French Tech Community de Milan. Dans le board milanais, il y a de superbes entreprises : Equinix, Veepee, Blabla car, OVH. Une vraie communauté, une bienveillance. Le partage d’expériences, c’est la clé de tout.

Quelles analogies et différences rencontrez-vous entre la France et l’Italie ?

Le profil est identique : 95% de nos clients sont des clientes. Mais en Italie, il existe une forte appétence pour les produits de licence :  Disney, Hello Kitty, Marvel... En France, dans notre Top10 des illustrations choisies, trois sont des produits de licence, alors qu’en Italie c’est 7 sur 10 (Cars, Minnie...). Ce qui nous a amené à vouloir répondre à cette demande spécifique italienne, en signant avec la Juventus de Turin comme Licence en juin 2018. Et nos meilleures ambassadrices sont sûrement les femmes des footballers qui se prennent en selfie, avec collées sur les coques de leur portable, les étiquettes Juventus de Ludilabel !
Une autre différence, relative à la consultation du site web sur mobile : en France 52% des visites sont effectuées sur téléphone portable, contre 72% en Italie, ce qui est énorme. Cela nous a amené à faire des ajustements de notre site pour le rendre mobile friendly.
En ce qui concerne le mode de paiement, 35% des clients italiens privilégient Paypal, alors que seulement 19% des clients français.
Ces différences montrent l’importance d’avoir notre filiale en Italie afin de mieux comprendre tous ces us et coutumes.

Vous venez à Milan une fois par mois. Quel est votre regard sur la ville ?

Il y a une créativité dingue, c’est une ville très cosmopolite avec un réel brassage, je me régale ! Mon quartier favori : le Mudec et les rues alentour. Et Brera pour les petits restaurants où on n’a pas forcement l’impression d’être à Milan d’ailleurs.

 

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