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Les galères du retour en France des expatriés

Bénédicte Franchot (coach aujourd’hui expatriée à Turin) a vécu ce moment clé que constitue le retour d’expatriation, son témoignage rejoint celui de multiples anciens expatriés rentrés au pays. Tous sont unanimes : le retour après une période en expatriation, au Japon comme en Italie, c’est la galère !

silhouette d'homme avec sa valise regarde un avion dans le ciel - yousef-unsplashsilhouette d'homme avec sa valise regarde un avion dans le ciel - yousef-unsplash
yousef alfuhigi sur Unsplash
Écrit par Bénédicte Franchot
Publié le 8 août 2023, mis à jour le 5 décembre 2023

Les entreprises n’accompagnent pas au retour, comme elles le font au moment du départ. Et les enquêtes auprès des expatriés en cours indiquent qu’ils sont seulement 3 sur 10 à penser à leur retour. Mais à quoi pensent les 7 restants ? Ils vivent à fond leur expérience dans leur pays d’accueil : focus sur le présent et son lot de décisions à court terme.

Bénédicte se garde bien de les juger, car c’est son histoire. Elle a vécu cela de 2000 à 2009 : expatriée au Japon, ayant trouvé un super job là-bas, ses trois enfants scolarisés et bien dans leurs baskets. Il y avait bien une date de fin inscrite dans son passeport mais il y avait toujours la possibilité de la repousser en renouvelant le visa… Jusqu’à ce que le couperet tombe : suite à une proposition de l’employeur de son mari, ils prennent la décision de partir, de rentrer. Il n’y a que quelques mois pour se préparer.

C’est à ce moment-là que les difficultés commencent. Quitter le Japon, rapatrier toute la famille, retrouver ses bases en France, sans avoir essayé d’anticiper, de se projeter et réfléchir à ce que pourrait être ce next step pour elle. Très vite la logistique et les aspects administratifs prennent le dessus, et ils sont nombreux. Le départ du Japon et l’installation en France impliquent une multitude de taches qui doivent être planifiées et de décisions compliquées à prendre. Le sujet de « son » retour passe au second plan.


Réintégration administrative : Le parcours du combattant

C’est un vrai parcours du combattant administratif, dans tous domaines. On pense que rentrer chez soi devrait aller de soi… Que nenni !
Notre très cher pays et son filet social, souvent envié à l’étranger, n’a pas prévu la case « Français de l’étranger qui rentrent » et cela pose de multiples problèmes : réactivation des droits, délais de carence, absence des justificatifs requis pour se loger, inscrire les enfants à l’école et j’en passe. La situation c’est un peu améliorée grâce à des sites d’information comme le site https://retourenfrance.fr/, mais les administrations et fonctionnaires locaux n’ont souvent pas connaissance des procédures à appliquer.


La galère émotionnelle : Le « contre-choc culturel »

Au début de la période d’installation en France, l’attention est focalisée sur la reprise des marques de chacun dans la famille : boulot, transport, écoles, activités extra-scolaires… On se reconnecte aussi avec les amis et la famille mais on ressent un décalage. Ils sont attentionnés mais leurs conseils ne sont souvent pas adaptés. Il est difficile de partager des expériences qu’ils n’ont pas vécues et qui sont loin de leur quotidien.

Pour Bénédicte, presque un an s’est écoulé après son retour avant qu’elle ne réalise qu’elle n’a toujours pas retrouvé sa place, son projet. Elle souhaite retrouver un job mais ne sait pas comment faire, par quoi commencer car elle n’arrive pas à se projeter. Rien ne la motive et elle a l’impression de recommencer à zéro, alors qu’elle avait un super job au Japon.

C’est à ce moment-là que, par chance, elle tombe sur une annonce, un atelier de deux jours ciblés sur les expatriés qui rentrent en France. Et dans la salle, c’est la révélation : même si les participants ont des profils très différents, viennent des 4 coins du monde, ils ont tous un point en commun : ils se sentent décalés, différents, étrangers dans leur pays. Et ils découvrent que c’est normal, et que cela s’appelle le « contre-choc culturel » (ou choc culturel inversé).

Gestion émotionnelle : des conseils-clés

La gestion émotionnelle du retour est souvent un point douloureux qu’il est difficile d’anticiper. Les pensées négatives, si on les laisse contaminer notre quotidien, nous font vivre encore plus mal cette transition et cela peut enclencher une spirale négative.
Pourtant il est possible de s’y préparer. Cela passe par comprendre les différents facteurs qui sont à l’origine du contre-choc culturel, se donner le temps et s’autoriser à faire le deuil de son expatriation, apprendre à reconnaitre et gérer ses pensées négatives.

Le point de départ de l’adaptation, c’est de « mettre son masque à oxygène en premier, avant d’aider les autres ». Cette injonction entendue au décollage est vraie aussi pour l’atterrissage !

Le conseil numéro un est de considérer et gérer notre retour comme une nouvelle expatriation. Cela s’applique à sa préparation tout comme à la gestion de la période de transition.

Il est important de prendre le temps de se poser, de prendre un peu de recul et réfléchir à son propre retour, sur les aspects personnel et professionnel. C’est un nouveau chapitre qui démarre et dans lequel il faut se projeter. Faire le deuil du chapitre « expat » et envisager différentes options, sur la base de ses forces, aspirations et des compétences, savoirs, savoir-faire et savoir-être que nous avons pu développer et renforcer à l’étranger.


La galère du retour à l’emploi

La problématique de la recherche d’emploi, pour l’un des conjoints ou les deux, est souvent la plus cruciale. Va-t-on être capable de retrouver un emploi alors que notre CV est atypique ?  Comment expliquer et valoriser ces expériences à l’étranger, diverses et variées, à quelqu’un qui n’est jamais parti et qui recherche une belle cohérence et continuité de carrière ? Comment leur donner un sens ? Qui nous donnera notre chance ?


Ne pas rester seul face à ses difficultés : se faire accompagner

Entre en scène le coach professionnel, spécialisé et certifié. Car il est difficile de réaliser par soi-même un point global sur sa carrière, comprendre comment l’expatriation nous a changé, faire une mise à jour ou bilan précis de ses compétences et de ses forces, ses atouts, en prenant en compte ces compétences spécifiques et rares que l’on a développé à l’étranger.

Le coach spécialisé va assurer un accompagnement et un soutien en continu, avant, pendant et après l’installation, lors de toute la durée de l’adaptation, un soutien qui s’adaptera au plus près des préoccupations et challenges que rencontre l’ex-expatrié. Pour être utile et efficace, cet accompagnement doit être global, holistique, prendre en compte à la fois la dimension émotionnelle et professionnelle du parcours et du profil de la personne coachée.

Bénédicte Franchot est Coach Certifiée, Facilitatrice et Consultante dans le domaine du développement des compétences, du leadership et de la mobilité internationale. Dans le cadre de son activité de coaching, elle accompagne des cadres d’entreprises et leurs conjoints lors de leur expatriation et lors de leur retour. Elle a vécu et travaillé hors de France pendant plus de 20 ans, dont 15 au Japon. Elle est rentrée entre-temps pour 3 ans à Paris, une expérience personnelle du retour d’expat qui a été le déclencheur de son envie d’accompagner les personnes dans ces périodes de transitions compliquées. Aujourd’hui elle vit et travaille à Turin (Italie) depuis juin 2020.

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