La 33ème édition de l’enquête annuelle élaborée par le Sole 24 Ore place Bologne et Florence sur le podium alors que les grandes villes telles que Milan, Rome et Turin dégringolent. La capitale lombarde reste toutefois dans le top 10, sauvée par son attractivité. Entre l’hérédité laissée par la pandémie et les premiers signaux de récession économique, le classement montre que la crise pèse davantage sur le Mezzogiorno, creusant plus encore le fossé avec le Nord de la Botte.
Arrivée à sa 33e édition, Il Sole 24 Ore a publié sa traditionnelle enquête sur la qualité de vie en Italie, passant au crible 107 villes de la Péninsule. Et d'après le classement 2022, Bologne est la ville italienne où l'on vit le mieux. Il s’agit d’une cinquième médaille d'or pour la chef-lieu d’Emilie-Romagne après celles remportées en 2000, 2004, 2011 et 2020. La ville aux 62 kilomètres de portiques, classés au patrimoine de l’Unesco, se place sur le podium Bolzano et Florence.
Pourquoi vit-on mieux à Bologne qu’ailleurs en Italie ?
L'enquête est élaborée à partir de 90 indicateurs répartis en six grands domaines permettant de mesurer de nombreux aspects du bien-être – Richesse et consommation ; Environnement et services ; Affaires et travail ; Démographie, société et santé ; Justice et sécurité ; Culture et loisirs - avec quelques innovations par rapport aux années précédentes. Parmi elles, deux indicateurs sur l'inflation, divers indicateurs sur l'utilisation des énergies renouvelables et l'indice de participation électorale aux élections politiques du 25 septembre 2022. Tous les indicateurs sont certifiés, fournis au Sole 24 Ore par des sources officielles, des institutions et des instituts de recherche.
A Bologne, l’innovation ne manque pas, comme le confirme l’avancée de la ville vers le big data et l’inauguration fin novembre de Leonardo, le quatrième super-ordinateur le plus puissant au monde. Le Chef-lieu émilien excelle également en « Démographie, santé et société » (1ère d’Italie), notamment en matière d’instruction avec un record du nombre de diplômés âgés de 25 à 39 ans, dans cette ville qui accueille la plus ancienne université du monde occidental, l’Alma Mater, fondée en 1088.
Bologne est aussi première pour sa participation électorale (73,9%), seconde pour son bas nombre de Neet (ces jeunes qui n’étudient pas et ne travaillent pas non plus), et également seconde pour le taux d’activité de sa population active (74,8%).
Bologne se distingue par ailleurs pour sa richesse, se positionnant chaque année parmi les 10 premières provinces (voire le trois premières) pour la croissance de son PIB. Dans cette ville où un tiers des entreprises sont artisanales, l’industrie manufacturière vaut plus d’un quart du PIB.
Quant à Florence, il s’agit d’un grand retour sur le podium après avoir remporté le classement lors de sa 14ème édition en 2003 et frôlé le podium en 2015 se positionnant alors quatrième.
L’Emilie-Romagne et la Toscane brillent dans ce classement 2022 avec la présence de Sienne en 4ème position (qui gagne 11 places) , Parme en 9ème position, Pise à la 10ème place et Reggio Emilia à la 13ème.
Le leadership du Trentin Haut Adige en matière de qualité de vie est de nouveau confirmé avec Bolzano qui remporte la médaille d’argent et la province de Trente qui se situe 5ème.
Milan et Rome (surtout) dégringolent
Les performances de certaines grandes villes sont en perte de vitesse. C’est notamment le cas de Milan, qui conserve son positionnement dans le top 10 mais glisse de la 2ème à la 8ème place. Le chef-lieu lombard est toujours en tête pour l’indicateur « Affaires et Travail », quatrième dans le domaine « Richesse et consommation », cinquième en matière de « Culture et loisirs », mais se voit pénalisé par l’incidence (atteignant plus de 60 % en ville) des loyers sur le revenu moyen, devenue aujourd'hui insoutenable. Milan peine également en matière de « Sécurité et justice » avec 5.985 plaintes déposées pour 100.000 habitants.
La Lombardie maintient par ailleurs six territoires parmi les 30 premières positions : Crémone, 11ème, gagne 26 places ; Bergame, 14ème, grimpe de 25 positions ; Sondrio monte à la 15ème place (+14). Suivent Brescia et Monza-Brianza, respectivement à la 22ème et 23ème place, alors que Lecco est 32ème et Come 33ème.
La ville de Rome perd quant à elle 18 positions et s’arroge la 31ème place des villes où l’on vit le mieux en Italie. La capitale se voit attribuer la primauté en matière de procès au cours du premier semestre de cette année, et fait figure de cancre pour les douze sous-indicateurs qui évaluent le bien-être des jeunes générations. Rome serait davantage une ville pour personnes âgées puisqu’elle est quatrième au classement pour ces indicateurs. Elle est aussi pénalisée en matière de Sécurité, avec 4.800 plaintes déposées pour 100.000 habitants.
Autres grandes villes d’Italie, Turin (Piémont) tombe à la 40ème place (-12 par rapport à 2021) à cause notamment de la mauvaise qualité de son air, alors que Naples, 98ème, perd 8 positions, pénalisée par le nombre de plaintes déposée et le record négatif des vols commis dans la rue.
Le Mezzogiorno, maillon faible du classement
Les chiffres montrent l'urgence pour certains territoires d'investir dans le numérique, les énergies renouvelables, la santé et l'éducation.
Les positions de la 81e à la 107e sont toutes occupées par des provinces du Sud, dont certaines zones métropolitaines telles que Palerme, Catane (91e) Naples, Tarente (101e) et Reggio Calabria (102e). Les Calabrais, notamment, sont tous concentrés à partir de la 95e position. Et c’est Crotone qui endosse la dernière place pour la 3ème année consécutive.