Entre constructions illégales et incendies criminels, les activités criminelles à l’encontre de l’environnement, liées à la mafia, ont grimpé de 15,6% en un an en 2023, rapporte l’association écologiste Legambiente dans son rapport annuel sur l’Ecomafia.
En Italie, l’écomafia fait des affaires en or. C’est l’alarme lancée par l’association environnementale Legambiente dans son rapport « Ecomafia 2024. Les histoires et les chiffres de la criminalité environnementale en Italie », présenté le mi-juillet à Rome.
Et les histoires y sont nombreuses. Quelque 35.487 infractions à l’encontre de l’environnement ont été recensées en 2023, en hausse 15,6% par rapport à 2022. Cela correspond à 97,2 activités criminelles par jour dans la Péninsule, soit 4 par heures. Ces activités auraient permis de récolter 9 milliards d’euros à 378 clans mafieux, d’après le rapport. Si la hausse est flagrante, elle résulte en partie d’une augmentation des contrôles policiers.
Le sud de l'Italie est particulièrement touché, et notamment la Campanie, la Sicile, les Pouilles et la Calabre. Ces quatre régions où la présence mafieuse est traditionnellement plus diffuse, concentre 43,5% des crimes écologiques recensés par Legambiente. Au niveau provincial, Naples se hisse à la première place, suivie par Avellino, Bari et Rome.
L’environnement victime des activités mafieuses
Il peut s’agir d’incendies criminels déclenchés pour intimider les propriétaires ou empochés des indemnisations, des montagnes de déchets déversés sur des terrains agricoles, de détournements de fonds publics agricoles, de constructions illégales. Des activités criminelles qui ont toutes un impact néfaste sur l’environnement, et ainsi liées à l’écomafia. Ce terme a été inventé par Legambiente il y a 30 ans, lorsque l’organisation a dénoncé pour la première fois les effets pervers des activités mafieuses sur l’environnement dans un rapport.
Les crimes écologiques les plus répandues en Italie
A la première place des activités criminelles écologiques, les infractions liées au béton (constructions illégales) continuent d'augmenter (13.008 infractions en 2023, en hausse 6,5 % en un an). Le Sud de la Botte le Sud concentre 48,8 % des nouvelles constructions non autorisées, principalement sur le littoral, alors que les démolitions restent peu nombreuses.
Legambiente alerte également sur le boom d’infractions liées au trafic illégal des ordures, en hausse de 66% avec 9.309 infractions enregistrées en 2023. Les activités illégales contre les animaux dominent aussi avec 6.581 infractions, telles que le braconnage, la pêche illégale, le trafic d’espèces protégées ou encore le trafic d’animaux de compagnie.
Les atteintes au patrimoine culturel sont également en augmentation (642 vols d'œuvres d'art, +58,9% par rapport à 2022) et les infractions dans la chaîne d'approvisionnement agroalimentaire (45 067 infractions administratives, +9,1% par rapport à 2022), à commencer par le caporalato, un terme répandu qui désigne l’exploitation des travailleurs agricoles.
Apple à renforcer le code pénal
Legambiente conclut son rapport en adressant 15 propositions au gouvernement, parmi lesquels redonner aux préfets les pleins pouvoirs pour démolir les bâtiments que les municipalités n'ont pas démolis depuis la dernière amnistie de construction. L’organisation environnementale appelle également l’exécutif à transposer dans les meilleurs délais la nouvelle directive européenne relative à la protection de l'environnement par le droit pénal, approuvée par le Parlement européen le 27 février 2024. Cette dernière introduit de nouvelles infractions pénales en plus de celles déjà prévues par le code pénal italien et prévoit l'adoption de stratégies nationales contre la criminalité environnementale.