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Emily in Paris : croissant, béret et clichés

Emily in ParisEmily in Paris
Écrit par Aurélie Billecard
Publié le 22 octobre 2020, mis à jour le 18 février 2021

La série Emily in Paris, lancée le 2 octobre sur Netflix, suscite la controverse sur les réseaux sociaux, et ne fait pas l’unanimité, ni en France, ni à l’étranger. Les spectateurs oscillent entre moqueries et consternation sur les clichés parisiens montrés à l’écran.

 

Réalisée par Darren Star (créateur de Sex and the City), la série Emily in Paris parle de l’arrivée d’Emily, une jeune Américaine incarnée par Lily Collins, dans une agence de marketing parisienne. Croissants, bérets, dragueurs, tous les clichés imaginables sur la capitale française sont présentés. A tel point que de nombreux internautes français sont hostiles à cette série, décrivant faussement les Parisiens.

 

La risée des réseaux sociaux

Quand un étranger pense à la France, il songe immédiatement aux bérets, aux croissants, aux marinières, aux baguettes, et à la mode. Mais, pour la production américaine de cette série Netflix, les Français sont également tous sexistes, prétentieux, infidèles, séducteurs, grands fumeurs voire même paresseux. Vous l’avez compris, la série Emily in Paris est affreusement caricaturale. Bien loin de la réalité de la vie intramuros, Emily habite dans « une chambre de bonne » qui fait au moins 50m2 et se plaint de ses collègues n’arrivant jamais au bureau avant 10h30. De quoi faire rire les internautes s’amusant à parodier les stéréotypes de la série américaine.

 

 

Les internautes reprochent également à Darren Star le manque de réalisme social. Les scènes sont uniquement filmées dans de beaux quartiers, huppés, ou dans des lieux touristiques. La diversité culturelle, présente à Paris, y est totalement omise. Ce Paris idéalisé ne choque pourtant pas tout le monde. Hugo, un jeune étudiant français, pense que « la série est remplie de clichés attribués aux Français par les Américains. Mais, elle nous montre ce que des étrangers peuvent vivre, ressentir, à leur arrivée dans la capitale. Beaucoup de personnes se plaignent sur le manque de réalité avec les transports, les manifestations, et les odeurs répugnantes dans les rues. Cependant, je ne vois pas en quoi tout cela apporterait quelque chose à la série ».

 

Qu’en pensent les expatriés à Paris ? 

De nombreux étrangers, vivant à Paris, ont pris part au débat que suscite cette série. Les avis sont assez mitigés, mais tous s’accordent à dire que la caricature, souvent pertinente, est parfois poussée jusqu’au grotesque.

Lykke, une jeune étudiante danoise, installée à Paris depuis septembre, explique qu’avant son arrivée, elle n’avait que des préjugés. Au début, elle refusait de se mêler à la population locale, de peur d’être moquée et jugée par les Parisiens. Elle avait entendu dire que ces derniers n’étaient pas très sympathiques, et hautains : « Emily in Paris ne représente pas bien les Parisiens. Ils ne sont pas tous dragueurs, méchants, ou snobs. La série ne reflète qu’un stéréotype, mais malheureusement, tous les étrangers les croient comme cela. »

Elizabeth, une jeune Américaine vivant à Paris, pense que les clichés sont trop amplifiés, et ne reflètent absolument pas la réalité. « Cette représentation pose problème, car tous les Américains vont avoir une fausse image de la France et de Paris. Les étudiants vont vouloir partir dans cette ville, qui serait propre, où on se logerait bien, et où il est simple de se faire des amis ».

 

Emily in Paris

 

Une Américaine à Paris

Mais les clichés ne s’arrêtent pas aux Français. Emily est également LE stéréotype de l’Américaine fraîchement débarquée, qui ne s’intéresse que superficiellement à la culture locale et souffre d’un certain complexe de supériorité. Elizabeth s’offusque d’ailleurs de l’image donnée aux expatriés américains : « ils sont représentés comme des personnes égocentriques, ne faisant pas d’efforts pour s’intégrer ou pour apprendre la culture du pays. Déjà que nous avons le cliché de l’obésité et du fast-food, nous n’avons pas besoin d’encore plus de fausses idées sur nous ».

Matthew, un expatrié d’Orlando, pense que la série Netflix caractérise les Américains comme des adhérents de la surconsommation : « Nous passons pour des égoïstes superficiels. La série ne nous donne pas une bonne image. Par exemple, Emily nous reflète comme si nous préférions payer très cher un chapeau de luxe, plutôt que de s’offrir un diner dans la semaine ! »

 

 

Un plaisir coupable ? 

Emily in Paris révolte les internautes parisiens, car elle leur renvoie une mauvaise image d’eux-mêmes : rétrogrades, impolis et snobs. Cependant, même s’ils n’aiment pas la série, ils la regardent dans son intégralité, par curiosité ou comme un plaisir coupable. La série cartonne d’ailleurs sur Netflix, qui aurait déjà commandé une saison 2. L’équipe de la série entendra peut-être les critiques venues de France pour élargir cette vision étriquée de la ville lumière. Le comédien Lucas Bravo, le cuisinier Gabriel dans la série, semble le penser : « nous dépeignons des clichés et une vision unique de Paris. Paris est l’une des villes les plus diversifiées du monde. Nous avons tellement de façons de penser, de nationalités différentes, tant de quartiers différents également. Une vie ne suffirait pas pour savoir tout ce qui se passe à Paris ».

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