Dans Les Apparences, Marc Fitoussi s’attaque à la bourgeoisie expatriée. Karin Viard et Benjamin Biolay y campent un couple de Français vivant à Vienne dont la vie semble parfaite, au moins en apparence. Retour sur ce film diffusé sur France 2, ce dimanche 18 septembre (et disponible en replay).
Son mari est un chef d’orchestre talentueux. Son fils est au Lycée Français. Elle dirige la médiathèque de l’Institut Français. Eve Monlibert (Karin Viard) vit une expatriation rêvée à Vienne. Jusqu’au jour où elle se rend compte qu’Henri (Benjamin Biolay) la trompe avec l’institutrice de leur enfant. Cette trahison la plonge dans une spirale infernale pour garder les apparences. Ce film librement adapté du roman Trahie de Karin Alvtegen dresse un portrait sans concession de cette communauté expatriée VIP.
Faux semblants et vrais travers
Si Les Apparences reste une fiction, il n’en dépeint pas moins certaines réalités. La « crème de la crème » expatriée présentée dans le film déteste la langue allemande mais la parle parfaitement, propose des strudels en dessert mais regrette la gastronomie française. « Ce qui me manque le plus à Vienne, c’est la bonne viande », peut-on ainsi entendre lors d’un dîner. Les conjointes s’échangent les bonnes adresses et se plaignent du personnel de maison. On compare les tampons sur le passeport et les lieux de vacances. Entre deux rumeurs d’infidélité partagées en messes basses, une des protagonistes affirme : « On forme une communauté. On est soudés ». Et pourtant seul le statut social importe.
Tout est une question de statut
Evelyne, qui se fait maintenant appelée Eve, a changé de pays mais aussi de milieu. Depuis qu’elle a quitté Paris, elle regarde sa mère de haut et la cache à ses nouvelles amies. Lorsqu’elle apprend que son mari la trompe, elle ne se bat pas tant pour le récupérer que pour ne pas perdre ses privilèges et surtout le regard bienveillant de la haute société tricolore en Autriche. Alors si ce thriller se moque de la superficialité de ces expatriés parfois caricaturaux, on ne peut s’empêcher d’y reconnaitre certaines personnes croisées au gré de séjours à l’international. Comme le regretté Chabrol, Marc Fitoussi épingle une bourgeoisie d’un autre temps, qui prospère aujourd’hui en dehors des frontières de l’Hexagone.