Les jeunes Espagnols se tournent de plus en plus vers la cigarette électronique. Si certains y voient une alternative plus « saine », les professionnels de santé s’inquiètent d’une banalisation dangereuse.


Le vapotage s’installe doucement dans le quotidien des Espagnols. D’après la VIIe Étude de Santé et Vie signée Aegon, un habitant sur dix s’adonne aujourd’hui à la cigarette électronique. Une pratique en hausse ces dernières années, particulièrement chez les 26-35 ans, friands de ces petits cylindres au look high-tech qu’on imagine, à tort, plus inoffensifs que le tabac.
Mais cette perception ne fait pas l’unanimité. Plus de la moitié des personnes interrogées (55 %) jugent le vapotage aussi nocif que la cigarette traditionnelle, quand près d’un tiers (31 %) le croient moins dangereux. Une minorité (13,9 %) pousse plus loin : pour eux, vapoter serait même pire que fumer.
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Vapoter, c’est tendance (surtout chez les jeunes actifs espagnols)
Selon l’étude, les hommes vapotent plus que les femmes (11,9 % contre 7,7 %), et les plus accros sont les 26-35 ans. Au-delà de l’âge, ce sont aussi les actifs, les personnes ayant récemment amélioré leur situation économique ou suivi un régime alimentaire, qui utilisent le plus de cigarettes électroniques.
L’étude met aussi en lumière une géographie des perceptions : dans La Rioja, plus d’un sondé sur deux (53,6 %) voit le vapotage comme un moindre mal par rapport au tabac. Aux Baléares, on tempère l’enthousiasme : près d’un quart (23,1 %) pensent que c’est pire. Un contraste qui en dit long sur les incertitudes et les discours ambigus autour de la e-cigarette.
Le nouveau substitut à la clope ?
Le phénomène prend de l’ampleur : quatre Espagnols sur dix connaissent quelqu’un qui a troqué la cigarette pour la vapote. Si elle ne rivalise pas encore, en volume, avec le tabac, sa progression constante commence à faire tiquer les professionnels de santé.
« Chez les jeunes adultes, on observe une forme de banalisation, voire de confiance excessive, comme si vapoter relevait d’un choix plus "sain". Ce n’est pas si simple », prévient un expert en santé publique. Un substitut, peut-être. Une solution miracle, sûrement pas.
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Fumer reste une habitude tenace en Espagne
Malgré la montée en puissance du vapotage, le tabac traditionnel garde la main : un tiers des Espagnols (33,7 %) fume régulièrement. Une habitude bien ancrée, mais relativement peu coûteuse pour beaucoup : 45 % des fumeurs y consacrent moins de 50 euros par mois. Autre donnée révélatrice : près de deux tiers (63,4 %) ont déjà tenté d’arrêter, souvent à plusieurs reprises, sans succès durable.
Là encore, ce sont les hommes (36,6 %) qui fument davantage que les femmes (31 %), et les 26-40 ans forment le noyau dur des fumeurs (41,1 %). Les plus jeunes, eux, semblent plus frileux : seuls 19,9 % des moins de 26 ans fument. Enfin, d’après l’étude, les travailleurs, les parents et ceux qui jugent leur alimentation “peu saine” fument significativement plus que le reste de la population.
Dans ce paysage brumeux, les autorités sanitaires avancent à tâtons. Entre croyances sur la supposée "légèreté" du vapotage et essor d’un marché encore mal régulé, il leur faut jouer sur deux tableaux : corriger les idées reçues et renforcer la prévention, en particulier auprès des jeunes. Car si l’e-cigarette séduit par son image « moins nocive », ses effets à long terme restent largement inconnus.
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