Un an et demi après son entrée en vigueur, la nouvelle loi sur le logement en Espagne semble causer plus de remous que de miracles. Conçue pour réguler le marché et protéger les locataires, elle serait à l'origine d’une crise de l'offre locative sans précédent. C’est en tout cas ce que pointe une étude récente de Fotocasa, l’un des principaux portails immobiliers en Espagne.
Location résidentielle : de plus en plus de propriétaires se retirent
Selon Fotocasa Research, un tiers des propriétaires (36%) envisagent de retirer leur bien du marché locatif résidentiel, soit 10 points de plus par rapport au début de 2024. En cause : un sentiment d’insécurité juridique et le manque de concertation autour de cette loi. Les propriétaires estiment qu’on leur impose de soutenir le marché locatif en leur demandant de fournir des logements, tout en limitant fortement leur capacité à les gérer librement et efficacement.
1er anniversaire de la loi sur le logement: moins d'offre et des loyers plus chers
Résultat : ils sont de plus en plus nombreux à prendre leurs distances avec la location résidentielle et à explorer d'autres horizons. Les locations temporaires, par exemple, ont vu leur popularité exploser de 55%, tandis que la location touristique s'envole avec une hausse de 40%. De plus, près de la moitié des propriétaires (47%) déclarent être moins enclins à investir dans l'amélioration de leurs biens. Entre l’instabilité législative et des rendements de plus en plus flous, beaucoup préfèrent passer leur tour. Une situation qui pourrait à terme dégrader la qualité du parc locatif.
Les points clés de la loi sur le logement : encadrement des loyers dans les zones dites “tendues” ; transfert des frais d’agence du locataire au propriétaire ; interdiction des hausses liées à des frais supplémentaires ; limitation de l’indexation des loyers, sans tenir compte de l’IPC ; recours accru à des avantages fiscaux pour encourager les propriétaires.
Une loi sur le logement en Espagne qui mécontente tout le monde ?
Mais les propriétaires ne seraient pas les seuls à se plaindre des effets de la loi sur le logement. Les locataires, eux aussi, seraient de plus en plus nombreux à grincer des dents. Selon Fotocasa Research, 42% estiment que la réglementation complique leur recherche de logement, contre 36% en début d'année.
Un pessimisme qui n’épargnerait pas non plus les acheteurs et les vendeurs. Selon l'étude, 46% des acheteurs trouvent que la loi leur met des bâtons dans les roues pour acquérir un bien, soit 13 points de plus en un an. Quant aux vendeurs, 42% jugent que la législation complique leurs projets de vente.
María Matos, directrice des études et porte-parole de Fotocasa, ne mâche pas ses mots : “Un an et demi après l’entrée en vigueur de la loi, le bilan est négatif”. Selon elle, l’absence d’un diagnostic précis et d’un dialogue avec les propriétaires a fait grimper l’insécurité juridique en flèche, démotivant nombre de bailleurs.
Pourtant, la loi sur le logement avait tout pour plaire sur le papier : protéger les locataires, stabiliser le marché, et apaiser les tensions. Or l’étude révèle que les propriétaires désertent le marché locatif traditionnel, et les locataires peinent à trouver des logements abordables. Pendant ce temps, les locations temporaires et touristiques s’envolent. Une bonne nouvelle pour les vacanciers, mais une catastrophe pour ceux qui espèrent trouver un logement accessible en ville.