1,6 million de salariés en Espagne ne travaillent aucune heure par semaine

C'est ce que qui ressort de la dernière étude de l'INE sur la population active L'emploi en termes de nombre de travailleurs a beaucoup plus augmenté depuis le choc de la pandémie que le nombre d'heures travaillées dans le pays, entre autres parce qu'il y a eu une forte augmentation du nombre de personnes qui, étant employées et ayant un emploi, ne travaillent aucune heure par semaine.

 

Plus précisément, lorsque l'Institut national des statistiques a préparé l'enquête sur les forces de travail pour le premier trimestre de cette année, un total de 1,65 million de personnes ont répondu qu'elles étaient employées mais que, au cours de la semaine précédente - la semaine de référence -, elles n'avaient pas travaillé.

On compte 46% de personnes en plus qui, bien qu'ayant un emploi, ne travaillent pas dans la pratique

Il s'agit d'un volume de travailleurs beaucoup plus élevé que ceux qui ont répondu de la même manière au premier trimestre 2019 - le dernier trimestre comparable avant la pandémie - lorsqu'un total de 1,13 million de personnes en Espagne étaient dans cette situation, ce qui signifie que nous avons maintenant 46% de personnes en plus qui, bien qu'ayant un emploi, ne travaillent pas dans la pratique.

Un taux d'absentéisme élevé 

Par ailleurs, le 12e rapport d'Adecco sur "la santé au travail et la gestion de l'absentéisme" signale que le taux d'absentéisme moyen en 2022 a augmenté jusqu'à atteindre 6,8%, soit le deuxième taux le plus élevé de la série historique, seulement dépassé par les 7,1% de 2020.

Pourquoi tant d'employés ne travaillent pas?

Il existe différentes raisons pour lesquelles un salarié ayant un emploi peut ne pas avoir travaillé au cours d'une semaine donnée: il peut être en vacances, en congé de paternité ou de maternité, être concerné par un programme de licenciement temporaire (ERTE), être en congé sans solde (bien qu'à partir de 2021, il ne sera considéré comme employé que s'il est inférieur à trois mois), être un salarié sous "CDI discontinu" (anciens contrats temporaires) et ne pas travailler actuellement, ou être en arrêt de travail en raison d'une incapacité temporaire, d'une maladie ou d'un accident.

 

Ainsi, en 2020 et 2021, le nombre de personnes employées en Espagne qui, dans la pratique, ne travaillaient pas, étant donné qu'elles étaient principalement touchées par l'ERTE, a grimpé en flèche. Au premier trimestre 2020, ils étaient 1,966 million et au premier trimestre 2021, ils étaient encore 1,964 million. Pourtant, la fin de la pandémie et le retour au travail de toutes les personnes touchées par ERTE semblaient indiquer que le nombre de personnes sans emploi reviendrait à son niveau d'avant la pandémie, mais dans la pratique, cette reprise ne s'est pas produite et il y a toujours un volume très élevé de salariés qui ne travaillent pas.

Retour du télétravail: Augmentation des fractures et entorses

Les experts ne sont pas en mesure de dire avec certitude pourquoi, mais ils s'accordent à dire que tout semble indiquer une augmentation du nombre et de la durée des congés de maladie. À première vue, on pourrait penser qu'il s'agit d'arrêts maladie liés au covid - respiratoires ou même liés à la santé mentale - mais les données semblent montrer le contraire. "Selon les mutuelles, il y a eu une augmentation des arrêts de travail pour des maladies liées à la mobilité - fractures, entorses, etc. Il n'y a donc pas forcément de lien avec le covid, bien qu'il y ait des taux de détection plus faibles et des listes d'attente dans le système de santé qui entraînent des arrêts maladie plus longs", a expliqué Marcel Jansen, chercheur à Fedea (La Fundación de Estudios de Economía Aplicada), lors de la présentation de son Observatoire trimestriel du marché du travail en collaboration avec BBVA Research.

Le vieillissement des salariés?

Ces traumatismes qui semblent être à l'origine de l'augmentation des congés de maladie pourraient être associés, dans certains cas, au passage du travail en présentiel au télétravail et, dans d'autres, au vieillissement général de la population. Avec de plus en plus de travailleurs âgés, qui sont plus susceptibles d'être en congé de maladie, le nombre total de personnes en congé de maladie augmente.

 

Toutefois, le vieillissement n'est pas la seule raison, car les données de l'enquête sur les forces de travail montrent une augmentation du nombre de personnes ne travaillant aucune heure dans tous les groupes d'âge. "Le vieillissement n'est donc pas la seule raison", confirme Florentingo Felgueroso, également de Fedea, qui rappelle également que ces absences entraînent des coûts supplémentaires, en particulier dans certains emplois du secteur public.

 

Autre facteur à prendre en compte : depuis 2018, le congé de paternité a été égalisé pour coïncider avec le congé de maternité à 16 semaines, ce qui allonge les périodes pendant lesquelles les travailleurs masculins sont absents du travail.

Quels secteurs sont les plus touchés?

Selon l'INE, les secteurs qui comptent le plus grand nombre de salariés qui ne se rendent pas au travail sont le commerce (14% de l'absentéisme total), suivi de l'industrie manufacturière (11%), de la santé et des services sociaux (10,8%) et de l'éducation (10,4%). Les deux derniers sont des secteurs où l'emploi public est très important et, dans l'administration publique, la main-d'œuvre est très âgée.

 

Néanmoins, sur les 1,6 million de personnes qui, au cours du premier trimestre de l'année, n'ont pas travaillé pendant la semaine de référence, un million étaient des salariés du secteur privé, 195 500 des travailleurs indépendants, 180 000 des employeurs et seulement 388 900 des travailleurs du secteur public.

Travailler dans le secteur hôtelier en Espagne

En termes de type de profession, les travailleurs de la restauration, des services personnels, de la protection et de la vente étaient les plus absents du travail, suivis par les techniciens et les professionnels scientifiques et intellectuels, les artisans et ouvriers qualifiés de l'industrie manufacturière et de la construction, bien qu'en général, tous les types de professions aient connu des niveaux similaires.

 

"L'augmentation du nombre de salariés absents du travail par rapport à la période prépandémique concerne toutes les professions et tous les types de contrats (ce ne sont pas seulement les cadres, par exemple, qui peuvent avoir plus de congés). Il est vrai qu'elle concerne davantage les personnes en contrat à durée indéterminée que celles en contrat temporaire ou permanent, car elles ont plus de vacances, sont plus âgées et ont plus de chances d'être en congé de maladie", précise un chercheur de Fedea. 

Une source d'inquiétude

Indépendamment des raisons, les experts s'accordent à dire qu'il est inquiétant pour l'économie du pays qu'un nombre croissant de travailleurs passent des semaines entières sans travailler, car cela entraînera une baisse de la productivité : nous pourrons produire autant ou moins avec, en théorie, plus de travailleurs (bien qu'ils ne travaillent pas en réalité). C'est pourquoi ils insistent sur le fait que l'évolution du produit intérieur brut (PIB) est davantage liée au nombre d'heures travaillées qu'au nombre d'employés dans le pays.