L'Espagne deviendrait une destination moins attrayante pour les touristes, en raison des fortes chaleurs. C'est ce qui ressort d'une étude de CaixaBank Research qui explique que l'envie de retourner en Espagne chute jusqu'à 42% chez ceux qui ont visité le pays sous la canicule.
Le leitmotiv "sol y playa" (soleil et sable) qui a fait de l'Espagne l'une des destinations touristiques les plus populaires depuis des décennies pourrait bien se retourner contre elle. Et tout cela à cause des températures. L'été 2023 a été le troisième plus chaud jamais enregistré, juste derrière 2022 et 2003, et les touristes étrangers, ou une proportion importante d'entre eux, n'apprécient guère ces excès du thermomètre.
Le dernier rapport sectoriel de CaixaBank Research le montre clairement: les vagues de chaleur qui ont marqué les dernières saisons estivales ont fait chuter l'intention de retourner en Espagne parmi les visiteurs qui en ont fait l'expérience. CaixaBank Research met ainsi en évidence la vulnérabilité du tourisme international aux vagues de chaleur et la sensibilité du secteur au changement climatique. "Cela souligne l'importance pour le secteur du tourisme de participer activement à la lutte contre le changement climatique et de mettre en œuvre des mesures d'adaptation pour atténuer ses effets négatifs".
Le tourisme de masse, le climat....
Le climat s'ajoute donc à d'autres facteurs tels que le tourisme de masse ou les "externalités négatives" (appartements et logements touristiques, services publics...) auxquels l'Espagne doit faire face si elle veut consolider sa position de destination touristique la plus puissante au monde. À court terme, il reste à voir ce qui se passera dans les prochains mois, alors que le pic de la meilleure saison touristique de l'histoire, avec plus de 90 millions de visiteurs, devrait coïncider avec un nouvel été particulièrement chaud.
Mais les arrivées de visiteurs auraient-elles été plus importantes sans ces vagues de chaleur? Il semblerait que oui. CaixaBank tire ses conclusions du croisement des informations sur les températures dans le système Copernicus avec les dépenses par carte bleue enregistrées par les terminaux de paiement dans les endroits touristiques en 2022 et 2023.
Si l'estimation du service de recherche de CaixaBank est correcte, certains des touristes qui ont séjourné en Espagne l'été dernier auraient sans doute un mauvais souvenir des deux vagues de chaleur qui, en juillet, ont entraîné des températures maximales et minimales (nocturnes) bien supérieures aux valeurs habituelles pour cette période de l'année et qui, dans des endroits comme Malaga, avaient atteint 44 degrés, tandis qu'à Barcelone, des abris climatiques avaient même été mis en place. Le mois d'août n'a pas connu de répit et a même été le plus chaud de la série historique avec 1,8º de plus que la moyenne, en raison de deux vagues de chaleur dans la péninsule - à Valence, les températures avaient atteint 45º et à certains endroits du golfe de Gsscogne, 40º - et de deux autres dans les îles Canaries.
Selon l'étude, ce souvenir... très chaud entraînera une baisse de 14% de l'intention des visiteurs de revenir en Espagne. "La propension de ces touristes à revenir est passée de 14,0 % à 12,1 %, ce qui représente une baisse de 13,8% de la propension à revenir", indique le rapport.
Les Français supportent mieux la chaleur!
L'étude de la CaixaBank est intéressante car elle analyse les différences entre les nationalités lorsque le mercure dépasse de 8°C les niveaux normaux. Les données indiquent que certaines nationalités sont plus sensibles que d'autres aux fortes chaleurs. Par exemple, la réaction semble être très différente entre les touristes américains et français! Pour les touristes américains, la propension à revenir après une vague de chaleur extrême passe respectivement de 11,2% à 7,4% et de 8,6% à 5,0%. Ces réductions représentent des baisses respectives de 34,0% et 42,5%. À l'autre extrême, les touristes qui supportent le mieux des températures extrêmes pendant leurs vacances seraient les Français et les Portugais. Les voyageurs de ces deux pays affichent des baisses plus modérées de la propension à revenir, de 15,5% à 14,4% dans le cas des Français et de 15,5% à 14,1% dans le cas des Portugais, ce qui représente des baisses respectives de 7,4% et de 8,7%.
Est-ce si important? Oui, et pour deux raisons. La première est que les touristes "récurrents", ceux qui reviennent en Espagne, sont beaucoup plus intéressants d'un point de vue économique. CaixaBank a constaté qu'ils passent en moyenne plus de jours en Espagne et qu'ils dépensent aussi beaucoup plus d'argent.
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