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La discrimination fondée sur l'âge, une réalité dans les entreprises espagnoles

L'âgisme est une réalité pour près de 9 Espagnols sur 10 qui affirment l'existence de ces stéréotypes sur le marché du travail. Il est toutefois frappant de constater que l'opinion des Espagnols diffère, et beaucoup!, en fonction de leur âge.

deux hommes d'affaires espagnolsdeux hommes d'affaires espagnols
Tung Lam - Pixabay
Écrit par Armelle Pape Van Dyck
Publié le 20 mai 2024, mis à jour le 28 mai 2024

Telles sont quelques-unes des conclusions de l'étude "L'âgisme et son impact sur le marché du travail", réalisée par Gi Group Holding, une multinationale spécialisée dans les RH, qui a analysé les causes de la discrimination fondée sur l'âge sur le lieu de travail, ainsi que les solutions possibles. 

Embauche ou promotion: Trop jeunes ou trop vieux

Pour la quasi-totalité des travailleurs espagnols interrogés (95,7%), il est courant que les entreprises utilisent l'âge comme un critère lors de l'embauche ou de la promotion du personnel. En ce sens, plus de la moitié des Espagnols interrogés reconnaissent que dans leur entreprise, ou dans la dernière entreprise dans laquelle ils ont travaillé, il y a eu des préjugés liés à l'âge lors de l'embauche ou de la promotion du personnel. Ainsi, plus de la moitié des Espagnols affirment avoir souffert, personnellement ou dans leur entourage, d'un épisode de discrimination fondée sur l'âge sur le lieu de travail. C'est aussi le cas pour les plus jeunes: Plus de 7 personnes sur 10 âgés de 18 à 24 ans admettent avoir vécu un moment de ce type. 

Éviter le piège de l'étiquetage généralisé des générations

Et parmi les raisons de l'âgisme qui justifient cette discrimination, la principale est la perception erronée qui existe dans la société actuelle sur ce que signifie vieillir. Cependant, pour les travailleurs, le fait de vieillir n'est pas un obstacle pour cesser d'être productif, selon plus de 8 Espagnols sur 10 interrogés. Il est toutefois frappant de constater que les opinions des Espagnols diffèrent en fonction de leur âge. Alors qu'un tiers des jeunes âgés de 18 à 34 ans pensent que la productivité d'un jeune est supérieure à celle d'une personne plus âgée, 91,3% des personnes âgées de 55 à 65 ans affirment le contraire.

Les femmes, les plus touchées par l'âgisme 

Plus de la moitié des personnes interrogées pensent que la discrimination fondée sur l'âge touche de la même manière les hommes et les femmes de plus de 45 ans. Cependant, près de 4 personnes sur 10 déclarent que ce sont les femmes qui sont les plus touchées, un pourcentage qui s'élève à 48,6% si l'on ne prend en compte que le témoignage des femmes. Si l'on combine le sexe et l'âge, 6 femmes sur 10 déclarent avoir été discriminées au travail en raison de leur âge, contre 52,9% des hommes. L'existence d'épisodes de discrimination fondée sur l'âge est un fait banal sur le lieu de travail pour plus de la moitié des personnes interrogées, qui affirment en avoir fait l'expérience personnellement ou dans leur entourage. 

C'est d'autant plus important que l'âgisme implique non seulement l'exclusion des seniors du marché du travail, mais aussi un gaspillage du potentiel qu'ils offrent dans un monde où la longévité augmente.

Selon l'étude de Gi Group Holding España, l'âgisme au travail n'affecte pas seulement davantage les femmes, mais dépend aussi des qualifications professionnelles du travailleur pour près de 3 Espagnols sur 4. Ainsi, pour la moitié des personnes interrogées, ce sont les travailleurs les moins qualifiés qui sont les plus touchés par ce type de discrimination, un pourcentage qui tombe à 42% dans le cas des cadres moyens et à 25% chez les cadres supérieurs.

Manque d'investissement des entreprises envers les profils seniors

La formation et l'expérience d'une personne devraient être la base du recrutement pour 63% des Espagnols, selon l'étude "L'âgisme et son impact sur le marché du travail". Cependant, la majorité de la population espagnole semble constater un manque d'engagement de la part des organisations en matière de formation des profils seniors. À tel point que, pour 83% des Espagnols, les entreprises n'investissent pas suffisamment dans la formation pour leur permettre de recycler les profils seniors qui manquent de compétences technologiques. Par âge, ce sont les Espagnols âgés de 45 à 64 ans qui sont les plus critiques à l'égard de ce manque d'investissement, puisque seulement 1 sur 10 pense qu'elles investissent suffisamment, un pourcentage qui est multiplié par trois, jusqu'à 33,5%, dans le cas des jeunes âgés de 18 à 24 ans. 

Générer des synergies entre les deux générations

Or, comme le rappelle la multinationale auteur de l'étude, la formation est la clé pour "faire tomber les barrières, favoriser un environnement d'apprentissage collaboratif et promouvoir l'égalité des chances pour tous, quel que soit l'âge". L'étude mentionne des programmes de perfectionnement, de recyclage ou de mentorat conçus pour exploiter la richesse des connaissances et des compétences des travailleurs seniors, tout en fournissant aux jeunes travailleurs les outils nécessaires pour se développer et prospérer sur le lieu de travail. En bref, il s'agit de créer des synergies et de faciliter la mise en place de programmes de formation et de mentorat.

Pénurie de talents

C'est d'autant plus important que l'âgisme implique non seulement l'exclusion des seniors du marché du travail, mais aussi un gaspillage du potentiel qu'ils offrent dans un monde où la longévité augmente. De l'autre côté, les jeunes, une génération aux préoccupations différentes, éprouvent également des difficultés à intégrer les entreprises. Comme le souligne l'étude, "sur le marché du travail, il y a un problème de pénurie de talents où l'entrée des jeunes a tendance à diminuer et le nombre de départs à la retraite dans les entreprises augmente, ce qui crée un déséquilibre entre l'offre et la demande. La solution viable est la gestion interne des connaissances, les organisations devront donc agir et établir une feuille de route pour relever ce défi".

 

Logiquement, des politiques publiques plus efficaces sont également nécessaires pour prévenir l'âgisme sur le lieu de travail. A ce sujet, 61,3% des Espagnols estiment que la mesure la plus appropriée serait de subventionner l'embauche de personnes de plus de 45 ans, suivie par l'obligation de produire des CV "aveugles" (48,4%) et des programmes de formation pour la reconversion professionnelle (47,2%), cette dernière mesure étant la plus demandée par plus de la moitié des personnes âgées de plus de 55 ans.

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