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Pozuelo de Alarcón est la commune la plus riche d'Espagne en 2024

Pozuelo de Alarcón continue de trôner au sommet du palmarès des villes les plus riches d'Espagne : avec un revenu brut moyen de 85.323 euros en 2022, la commune madrilène s'impose une nouvelle fois comme un symbole de prospérité. Mais au-delà de ces statistiques flatteuses, ces données révèlent aussi des inégalités criantes entre les régions du pays.

un parc en automneun parc en automne
En 2002, Pozuelo de Alarcón a une nouvelle fois confirmé sa position de ville la plus riche d’Espagne. / Ayuntamiento de Pozuelo, CC BY-SA 4.0
Écrit par Paul Pierroux-Taranto
Publié le 8 octobre 2024, mis à jour le 9 octobre 2024

 

C’est une ville qui respire l’opulence. À Pozuelo de Alarcón, la richesse est visible à chaque coin de rue, entre les maisons cossues et les voitures de luxe. En 2022, cette commune située à l'ouest de Madrid a une nouvelle fois confirmé sa position de ville la plus riche d’Espagne, avec un revenu brut moyen de 85.323 euros. Mais ce "ghetto du gotha" masque une réalité bien plus contrastée. En Espagne, la prospérité des enclaves dorées coexiste avec la précarité de nombreuses zones rurales, ces grandes oubliées du progrès. Analyse. 

 

Les villes les plus riches d’Espagne : Pozuelo et Valldemossa en tête  

Il n’y a pas que Pozuelo de Alarcón parmi les “premiers de cordée”. Loin de là. Valldemossa, dans les Baléares, arrive en deuxième position après avoir enregistré une progression fulgurante de ses revenus, atteignant 67.527 euros, contre 40.542 euros un an auparavant. D’autres communes se trouvant dans les régions de Madrid et Barcelone dominent aussi le classement. Boadilla del Monte, dans la communauté madrilène, complète le podium, à la troisième marche, avec un revenu brut moyen de 67.325 euros et un revenu disponible de 49.281 euros.

En quatrième position, on retrouve Sant Just Desvern, dans la province de Barcelone, qui affiche un revenu brut moyen de 67.169 euros et un revenu disponible de 47.821 euros. Le constat est limpide : Madrid et Barcelone concentrent la majorité des communes les plus prospères du pays, chaque région comptant quatre villes dans le top 10 des revenus les plus élevés. Des localités comme Cabrils, Matadepera, Sant Cugat del Vallés et Rocafort s’ajoutent à ce palmarès, illustrant encore la puissance économique des deux régions.

Vue pittoresque du village de Valldemossa
La commune de Valldemossa dans les Baléares. / Abrget47j, CC BY-SA 3.0


 

Loin des métropoles dorées, l'Espagne rurale lutte pour survivre

De l'autre côté de la chaussée, si l’on peut dire, Huesa (Jaén) détient le record de la ville la plus pauvre d’Espagne, avec un revenu brut moyen de seulement 13.658 euros. La situation n’est guère plus enviable pour d'autres localités d’Andalousie et de l’Estrémadure. Higuera de Vargas et Zahínos, deux communes de la province de Badajoz, affichent des revenus bruts moyens de 13.746 euros et 13.899 euros respectivement. De son côté, Guadahortuna, située dans la province de Grenade, atteint un revenu moyen de 13.885 euros. Un contraste frappant entre les communes les plus prospères et les plus démunies du pays. Ces chiffres révèlent des inégalités économiques profondes entre les régions rurales et les grandes métropoles espagnoles

En moyenne, le revenu brut des Espagnols a atteint 30.400 euros en 2022, soit une hausse de 4,8% par rapport à l’année précédente. Le revenu disponible moyen, c’est-à-dire l’argent restant après impôts, s’élève quant à lui à 24.542 euros, en augmentation de 4,2%. Ces données témoignent d’une légère amélioration du pouvoir d’achat dans l’ensemble du pays, bien que des disparités régionales importantes subsistent.

 

L’envers du dynamisme économique espagnol

Plusieurs facteurs expliquent ces écarts de revenus dans les communes d’Espagne. Les villes les plus riches, surtout situées dans les régions de Madrid et Barcelone, bénéficient de la présence d'emplois bien rémunérés, dans des secteurs comme la finance, la technologie et les services. Pozuelo de Alarcón, par exemple, est devenue un havre de paix pour les familles fortunées et les cadres dirigeants travaillant dans la capitale. Un dynamisme et une attractivité des métropoles qui créent un environnement propice à la hausse des revenus et à la concentration des richesses.

À l'inverse, les communes les plus pauvres d'Espagne sont souvent des localités rurales, où l'économie est moins diversifiée et repose encore largement sur l'agriculture. Ce manque d’opportunités et de variété dans les emplois plafonne les revenus, en même temps qu’il perpétue et aggrave la fracture économique. Des régions rurales comme l'Andalousie ou l'Estrémadure peinent à suivre le rythme de la croissance. Les possibilités de formation et d'emploi y sont plus limitées, contraignant les jeunes générations à quitter ces territoires pour les grandes villes. Un exode rural qui précipite le déclin démographique et économique de ces zones. 

Ainsi, tandis que les grandes villes continuent de concentrer richesses et opportunités, les petites communes rurales comme Huesa se retrouvent en marge d’un système qui ne parvient pas à intégrer toutes ses composantes. Ou exprimé plus crûment : quand les métropoles prospèrent, les campagnes s'appauvrissent.

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